Le 3e poste à la questure est traditionnellement dévolu au groupe le plus nombreux de l'opposition. La majorité ne participe pas au vote ou vote pour le candidat proposé par ce groupe. La fonction de questeur représente un poste clef au sein des institutions parlementaires, par les larges pouvoirs financiers et comptables qui lui sont attachés. Les questeurs ont une double mission :
- préparer, exécuter et contrôler l'exécution du budget de leur assemblée,
- gérer l'administration de leur assemblée (gestion du personnel, droits sociaux des parlementaires et salariés, sécurité et gestion des moyens de fonctionnement des parlementaires et de leurs groupes).
Thierry Solère, LR dissident, a pourtant été élu contre Eric Ciotti, avec le concours de nombreux députés LREM malgré sa promesse de voter la confiance au gouvernement qui le place dans la majorité. Cela a provoqué un incident parlementaire avec le retrait des candidats de l'opposition aux vice-présidences, Christian Jacob considérant que cela valait le boycott du bureau de l'Assemblée nationale.
Thierry Solère avait forcément l'aval du président de la République. Richard Ferrand a mobilisé les troupes du groupe majoritaire alors qu'en temps normal, elles demeurent neutres. Et Richard Ferrand a été imposé par Emmanuel Macron ; il est sa courroie de transmission au Palais Bourbon.
Dans Le Figaro, David Desgouilles souligne :
"Que n'aurait-on dit si Nicolas Sarkozy avait fait le coup de la questure en 2007? On aurait crié à la dérive autocratique!"
De fait, la presse acquise à Macron se montre bien plus complaisante à son égard, alors
"qu'il est davantage dans «l'hyperprésidence» sauce Sarkozy que dans la pratique gaullo-mitterrandienne. D'abord, l'idée -mauvaise à mon sens- que le Président puisse parler devant le Congrès est de Nicolas Sarkozy. Ensuite, en choisissant de le réunir la veille du discours de politique générale d'Édouard Philippe, il court-circuite son chef de gouvernement. C'est l'application stricto sensu de «Il est mon collaborateur». Enfin, il choisit de s'exprimer devant les parlementaires plutôt que directement aux Français lors du traditionnel entretien du 14 juillet, exercice que privilégiait François Mitterrand."
Néanmoins, LR paie, là encore, sa frilosité à l'encontre des députés ralliés à Emmanuel Macron. Ce parti ne peut pas rester dans l'ambigüité. Aujourd'hui plusieurs personnalités du groupe Les Républicains réclament l’exclusion du parti de ces députés pro-Macron qui ont créé leur propre groupe. Eric Ciotti :
« Je souhaite (…) que ceux qui ont décidé de ne pas siéger dans le groupe de notre famille politique soientexclus ou partent d’eux-mêmes ».
Damien Abad, député de l’Ain :
« Cette question doit être réglée en bureau politique. Il y a besoin d’une clarification ».
Pierre-Henri Dumont, député LR nouvellement élu dans le Pas-de-Calais :
« Les Republicains doivent tirer les conséquences de ce qui se passe à l’Assemblée et exclure les députés dissidents votant contre le groupe LR ».
La clarification doctrinale de la droite passe nécessairement par l'exclusion des gauchistes ralliés à Macron. Il y a bien sûr Thierry Solère et Franck Riester. Si la droite souhaite gagner les prochaines élections, elle doit avoir ce courage.