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Valeurs chrétiennes : Culture

Les derniers mots des condamnés

Les derniers mots des condamnés

François Foucart, juriste et psychologue de formation, ancien chroniqueur judiciaire de France-Inter et de diverses publications, a été visiteur de prisons, visiteur en psychiatrie dans un hôpital, gérant de tutelles, président d’associations humanitaires. Il vient de publier Derniers mots, préfacé par Michel De Jaeghere, sur les condamnés à mort. Contrairement à la mort ordinaire, imprévisible, les exécutions capitales, que ce soit devant les douze canons de fusil ou le couperet de la guillotine, mettent le condamné, en bonne santé et en possession de tous ses moyens, devant sa mort. Le drame est à son comble. Il ne peut plus tricher. Criminels exécutés, soldats ou militants tombés pour un idéal, cet ouvrage observe leurs réactions. Le criminel reçoit son châtiment mais aussi sa rédemption, le héros sa couronne. Au moment où l’Eglise vient de réécrire le passage du catéchisme consacré à la peine de mort, cet aperçu des condamnés à mort, de Louis XVI à Jacques Fesch, en passant par Laval, Brasillach ou Bastien-Thiry, mais aussi de grands criminels comme Landru, vient apporter sa pierre à la réflexion sur la légitimité de la peine de mort.

Ainsi, au début du XXe siècle un assassin, qui avait violé et dépecé une fille de 12 ans, est gracié le président Fallières. L’abbé Valadier, ancien aumônier de prison, écrit alors au président :

A lui, comme à ses devanciers, dans la sombre chambre de la dernière toilette, je ne me serais point caché de dire : “Allons mon ami, mon pauvre enfant, courage jusqu’au bout. L’expiation est atroce, mais elle est nécessaire. Ne la subissez pas, acceptez-là. Par-delà l’échafaud, Dieu votre père vous tend les bras. Allez à lui dans l’humiliation et que la douleur du couperet vous purifie.” Et de cet impudique sans entrailles humaines, j’en jure par le Christ rédempteur, dont vous blasphémez la divinité, l’absolution sacrée aurait fait en une minute suprême le frère du bon larron de la Croix. Voilà pourquoi je m’arroge le droit de vous crier, vous, monsieur, qui n’avez pas assez d’envergure pour comprendre ces sublimes affirmations : vous faites preuve de lâcheté en n’envoyant pas impitoyablement à la guillotine ceux que les jurys de France ont frappé.

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