Lu dans Présent :
"Les effectifs de la Fonction publique ont continué d’augmenter en 2009, en dépit de la politique du non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux chez les fonctionnaires d’Etat, pour atteindre 5,3 millions de personnes, selon un rapport annuel ministériel. En 2009, les fonctionnaires représentaient 20,4 % de l’emploi total en France, selon ce rapport sur l‘état de la Fonction publique 2010-2011 dévoilé par les Echos jeudi. Quant à ceux qui partent, ils sont toujours payés – au titre de la retraite…"
lampe jean-claude
“Présent” rebat ici une vieille rengaine sur le nombre des fonctionnaires, lassante comme une scie, comme le plus irréfléchi des préjugés. J’avais lu naguère dans le “Figaro” un article de propagande sur le thème : “ils ne savent pas leur métier ; ce sont des parasites”. Je lis ici et je n’en crois pas mes yeux : “ils partent à la retraite et continuent d’être payés”. L’auteur de l’article voudrait-il qu’il en fût autrement ? Je suis professeur agrégé de lettres classiques et retraité de l’enseignement supérieur. Pour suivre les beaux offices du monastère Sainte-Madeleine du Barroux (Vaucluse), j’ai dû louer une petite maison dans le village, car je n’ai pas les moyens de m’acheter un mas, même modeste, tant le cours de l’immobilier y est prohibitif. J’en conclus d’une part que l’Etat paie mal ses fonctionnaires les plus dévoués et les plus méritants, que d’autre part, il existe une clientèle bourgeoise, infiniment plus nantie que nous ne le sommes, nous, fonctionnaires, et dont on ne parle pas dans cette bonne presse. Politiquement, je ne me suis jamais situé à gauche, mais j’avoue être irrité de ces stéréotypes.
Un de vos fidèles et bienveillants lecteurs.
[Les fonctionnaires sont mal payés car il y en a beaucoup trop justement. Et votre témoignage montre que, si certains service étaient effectués par le privé, ils seraient mieux payés. MJ]
Anton
Post beaucoup trop court pour être honnête: la fonction publique d’Etat est restée stable, la fonction publique hospitalière augmente mais ce n’est pas du luxe tant les besoins ont augmenté, la fonction publique territoriale a augmenté, sans doute trop pour certaines missions (tourisme, communication…) et avec doublons (communauté de communes, département/région) Mais: les transferts de missions de l’Etat aux collectivités sont lourds (route, social…) et l’investissement public qui profite à tous (aide aux entreprises, équipements publics…)necessitent des fonctionnaires plus spécialisés que jadis dans des domaines très variés (rural, urbanisme, réseaux, numérique..). Pas de droitisme étroit (ni de gauchisme dépensier), on peut gérer le service public de façon saine (que dit la doctrine sociale sur ce point? Quant au service public délégué au privé, il y aurait beaucoup à dire…
[La DSE ?
“En intervenant directement et en privant la société de ses responsabilités, l’Etat de l’assistance provoque la déperdition des forces humaines, l’hypertrophie des appareils publics, animés par une logique bureaucratique plus que par la préoccupation d’être au service des usagers, avec une croissance énorme des dépenses.”
http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_01051991_centesimus-annus_fr.html
MJ]
Bernard Mitjavile
à Lampe Jean-Claude : L’article que vous critiquez ne parle pas du paiement des fonctionnaires mais de leur nombre. Toutes les études internationales (OCDE et autres) indiquent que la France est un des pays industrialisés où le nombre de fonctionnaires par habitant est le plus élevé.
Dans l’éducation nationale, le nombre d’élèves par professeur est inférieur à la Corée, le coût de scolarisation est supérieur et pourtant les résultats sont très inférieurs selon l’étude internationale menée par l’OCDE
Bernard Mitjavile
Bravo à Anton pour la citation de la DSE qui met bien le doigt où ça fait mal.
Clothilde Maréchal
Fidèle lectrice du Salon beige, je m’indigne néanmoins : si les agents de la fonction publique augmentent, c’est effectivement essentiellement dans la fonction publique hospitalière ; excusez l’Etat d’essayer de pallier les carences liées à la santé publique dans ce pays !
Par ailleurs, si le nombre d’agents de la fonction publique est en augmentation sur le papier, c’est également pour une raison simple : c’est parce qu’il y a de moins en moins de titularisation d’agents et du coup, comme il faut bien remplir les missions remplies par les agents non remplacés, on embauche des contractuels, qui se relaient donc au cours d’une année. Le nombre de personnes employées par les pouvoirs publics augmente donc légèrement mais c’est en grande partie à cause des obstacles grandissants à la titularisation.
Et par ailleurs, vraiment, que les fonctionnaires aient une retraite, c’est scandaleux. Bouh.
Enfin, il est toujours amusant de constater que le paradoxe du français qui râle en disant que l’Etat déserte ses missions mais qui à côté conspue allègrement les fonctionnaires, est toujours d’actualité. Il est bien connu qu’en général si on veut maintenir l’ordre, la santé, l’éducation pour ne parler que de quelques missions dans un pays, il faut aller dans le sens de la diminution des postes des policiers, des professionnels de la santé, des professeurs.
Il paraît vous savez qu’il existe des fonctionnaires qui comme le reste de leurs compatriotes aiment leur pays, se donnent à fond dans leur boulot et ne sont pas de purs parasites attachés à sucer l’argent du contribuable. Il paraît…
[La santé et l’éducation sont-elles des missions régaliennes dévolues à l’Etat ? Non. Il s’agit ici d’un monopole de l’Etat dont on voit le résultat : échec de l’Education nationale et carence des services de santé.
MJ]