De l’abbé Danziec dans Valeurs Actuelles :
[…] Emmanuel Macron et son gouvernement, au lieu d’être les décideurs qui arbitrent le technique, se dévoilent être ceux qui s’abritent derrière lui. Le technique ? Ce sont les comités scientifiques et autres cabinets mystérieux, voire “l’Etat profond” que Michel Onfray évoquait dans nos colonnes récemment. La dimension anonyme de cette technocratie pour le grand public permet à ceux qui tiennent les manettes du pays de se déresponsabiliser quand le besoin se fait sentir. Elections municipales, port général du masque, modalités du confinement, protocoles de santé… tout est bon pour se recommander de la science ou de l’avis d’experts. Recette précieuse pour expliquer ses postures. Mieux encore, pour couvrir ses voltefaces. Tout en occupant avantageusement le devant de la scène.
Le principe de précaution a remplacé la vertu de prudence pour notre plus grand malheur
La confiance n’empêche pas le contrôle entend-on parfois. Consulter n’empêche pas de prendre des décisions non plus. Ni de les assumer ensuite. Diriger, c’est personnifier une ligne, une conduite. Et s’il arrive que certains abusent de leurs pouvoirs, il est à craindre que notre monde souffre bien davantage du refus de pratiquer l’autorité que d’abuser d’elle. Ainsi peut-on voir tel chef d’entreprise s’abriter derrière son conseil d’administration pour justifier son manque d’audace ou tel évêque se cacher derrière son conseil épiscopal pour s’excuser de sa tiédeur. Fuir ses responsabilités pour ne pas avoir à assumer sa charge devient un classique. Dans un système progressiste et bureaucrate, les vertus de l’engagement paraissent passées de mode. Entre temps, l’irréductible fracture entre le pays légal et le pays réel se creuse, aggravée par la déconnexion progressive de ceux qui gouvernent. La réalité vécue au quotidien par la masse, sur le terrain, échappe le plus souvent aux décideurs. Les bureaux des évêchés sont remplis de “laïcs engagés” qui pondent des “parcours d’évangélisation”, des “cycles d’élans missionnaires”, des “carrefours de louanges”, sans jamais avoir fait l’expérience de la conduite des âmes ou celle de la direction d’une paroisse. Il en est de même dans les administrations d’Etat. L’univers concret du monde hospitalier ou de l’enseignement comme les réalités quotidiennes vécues par beaucoup face à l’immigration demeurent habituellement ignorés dans les ministères. Que la crise soit sanitaire ou identitaire, les réponses du progressisme s’avèrent le plus souvent du même acabit : hors-sol. Si le mouvement des gilets jaunes représentait le dernier petit caillou en date menant à ce constat, la pandémie du Covid-19 figure quant à elle l’actuel petit grain de sable dans la machine d’Etat. Un grain de sable de la taille d’un nanomètre.
Les élites, convaincues qu’une décision pour être bonne doit d’abord être technique ont perdu de vue que la politique est avant tout un art. Et comme tout art, elle a besoin d’incarnation. Malheureusement, les responsables des affaires publiques sortent de l’Ena ou de Science Po. Quand les monarques d’autrefois étaient éduqués à la visibilité de leur rang et à la vertu de prudence, nos décideurs d’aujourd’hui sont congénitalement formés à l’anonymat des commissions et au principe de précaution. Le principe de précaution, en visant le risque zéro, paralyse l’action politique. Les atermoiements autour des travaux du Professeur Raoult et de la chloroquine sont à cet égard éloquents ! La vertu de prudence, à l’inverse, n’élimine pas le risque. Elle place même l’homme responsable en demeure de le prendre parfois. Être prudent, ce n’est pas se retenir d’avancer mais tout simplement agir de la façon la plus droite possible dans des circonstances pratiques, et non théoriques. La prudence est même, selon saint Thomas d’Aquin, la vertu de gouvernement par excellence. Dans le monde réel de la terre, qui comme chacun sait ne pardonne pas, ce n’est pas l’œnologue ou l’expert météo qui décide du début des vendanges mais bien le viticulteur lui-même. Parce qu’il connaît ses vignes, son sol, son domaine, il peut s’appuyer sur les analyses de tel ou tel expert sans en être pour autant l’esclave.
Il se dit que l’entourage du président n’a pas assez de mots pour tenter de convaincre qu’Emmanuel Macron a pris la mesure des limites de l’écosystème néolibéral. Mâtiné de bureaucratie, de technostructure et de déconnexion, l’ADN du Nouveau Monde est intrinsèquement problématique. Le président aurait pris la mesure des écueils du mondialisme ? Vraiment ? La gestion chaotique de la pandémie laisse dubitatif et la supposée révolution conservatrice de la macronie peine à séduire…
En son temps, l’essayiste contre-révolutionnaire Louis de Bonald le remarquait bien. « Quand les esprits nés pour gouverner deviennent rares, on multiplie les délibérations et les conseils. Le vaisseau qui n’a plus de boussole se dirige à l’estime. » Si Rimbaud était parmi nous, le poète se corrigerait sans doute, “ce n’est pas le bateau qui est ivre, mais c’est son capitaine”. La croisière en tout cas, se trouve loin de s’amuser.
F. JACQUEL
En ce qui concerne Nos Seigneurs les Évêques, le jours où ils (re)découvriront qu’ils sont LES “patrons” dans leur diocèse, bien des problèmes seront résolus dans l’Église de France (et pas que).
Quand on voit le poids écrasant (dictatorial) des commissions diocésaines, des associations loi 1901, …) dans la gestion et l’administration des diocèses, on retrouve de façon multipliée le même problème que dans les paroisses (dames catéchistes, associations paroissiales,…). On a désormais affaire avec toute une structure de l’Église soumise (démissionnaire) aux laïcs qui arrivent à imposer la prière universelle, voire les formes liturgiques.
philippe paternot
si Louis Pasteur avait du se plier aux exigences des bobos de l’époque, le petit Joseph serait mort de la rage