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La ville de Strasbourg se déshonore en infligeant à de jeunes enfants un GPS pour suivre leur mouvement dans les cours de récréation. L’objectif affiché par la ville : promouvoir la mixité et proposer des activités afin de lutter contre les activités spécifiques des garçons ou des filles. L’égalitarisme de la terreur impose ses postulats et la théorie du genre agit comme une doctrine en plein délire.
Ces idéologues ont décidé de menacer cette liberté. Or, les travaux universitaires sont nombreux. Trois exemples. Muriel Monnard publie en 2016 : Occuper et prendre place : une lecture des rapports de pouvoir dans la cour de récréation. Cécile Bouanchaud publie en 2018 : Dans les cours de récréation, les filles sont invisibilisées. Emmanuelle Gilles publie en 2021 : La cour de récréation à l’épreuve du genre au collège. Voilà les dictatrices à l’œuvre. La première est géographe, la seconde est journaliste au Monde et se fait l’écho des travaux d’Édith Maruéjouls qui affirme la ségrégation entre les garçons et les filles dans les cours d’école. La troisième est aussi géographe comme Édith Maruejouls, géographe du genre, une discipline militante à l’évidence.
Pourtant, la récréation est historiquement ce moment de détente, de repos, de jeux en liberté, de distraction et de délassement après un temps d’effort et d’’attention dans des occupations sérieuses. Elle est un espace-temps d’initiative et de liberté des enfants où ils décident de leurs jeux, de leurs activités sous l’œil des maîtres, veillant à ce que la dispute ne finisse pas en bagarre par exemple. Qui n’a pas de souvenir de cours de récréation où, partout dans le monde, les petits garçons sortent en courant pour, la plupart, jouer au loup, au chat, à la balle aux prisonniers, au foot évidemment ou à d’autres jeux où ils occupent le terrain ? Qui n’a pas vu les filles, plus posées, préférant se faire la conversation dans un coin ou un autre plus tranquille, ou jouer à la corde, à la marelle, à la corde à sauter ? Qui n’a pas vu quelques futurs crânes d’œuf, garçons et filles d’ailleurs, débattre de ceci ou cela en marchant ou bien à l’abri du préau ? Qui n’a pas vu quelques filles se mêlant aux jeux des garçons, voire y être les leaders du moment : les garçons manqués. Et d’un jour à l’autre, ce ne sont pas les mêmes, selon l’humeur des enfants. Et l’espace réservé, quasi-initiatique des grands où on ne rentre pas. Trivial, tribal, primitif, naturel, peu importe, c’est le temps de la liberté et des apprentissages entre soi.
La dictature s’installe à Strasbourg, dans le suivi GPS des enfants. Et ce suivi aura pour conséquence d’élaborer des activités universelles qui s’imposeront unilatéralement à ces enfants-victimes pour briser cet insupportable nature récalcitrante. Égalité, quand tu deviens le stéréotype idéologique contre toutes les libertés, mêmes celles des enfants. La ville de Strasbourg prétend qu’on ne suit là que le critère filles et garçons. Les études antérieures démontrent le contraire. Et si l’on découvrait que les X ou Y (je pense à des nationalités, des ethnies) avaient des habitudes typiques, de tranquillité ou de turbulence, non par sexe, mais par communauté d’appartenance. Que fera la ville ? Elle stigmatisera une ethnie ou une classe sociale, comme elle stigmatise la différence sexuelle au nom d’un stéréotype délirant, celui de l’indifférence sexuelle ! Mais moi, je ne délire pas. Je lis. L’article de Muriel Monnard présente le tableau ci-après (p.131) où figure les nationaux, les étrangers, les classes sociales des parents.
L’approche par classes sociales et nationalités est mentionnée. Et la lutte des places et des classes est explicitée, je cite : « Pour cette raison évoquer les places, ou en d’autres termes la « lutte des places » (en écho et substitution à la lutte des classes), s’est avéré particulièrement pertinent pour mener une analyse spatiale des formes de sociabilité dans la cour de récréation. » (p.132). De même, Emmanuelle Gilles conclut son article La cour de récréation à l’épreuve du genre au collège dans un petit chef-d’œuvre de contradiction. Cette femme prétend lutter contre le stéréotype sexué en dénonçant les pratiques des garçons envahissantes, patriarcales, exclusives au détriment des filles, mais elle nous dit pour terminer : « Cependant, à l’initiative des acteurs scolaires dans certains établissements scolaires, un partage plus égalitaire des plateaux sportifs, avec des temps de pratique sportive exclusivement réservés aux filles, vise à modifier la hiérarchie des rapports sociaux de sexe. » (p.15). Le lecteur notera qu’elle exclut les garçons, impose une activité aux filles, stigmatise les garçons, introduit une pratique qui maintient le stéréotype qu’elle prétend dénoncer en réservant aux filles une activité. Cherchez l’erreur ! Et cela ose s’appeler un travail académique !
Ces travaux n’ont rien de scientifique. Là est le problème d’une université française à la dérive. Elle ne cherche plus, elle répond à une commande politique pour faire de l’ingénierie sociale. Ces constructeurs de normes considèrent qu’ils sont là pour transformer la société, bafouer les libertés fondamentales, briser la nature pour fabriquer le nouvel humain. Quelques exemples sont criant à la lecture de ces articles. Emmanuelle Gilles écrit dans son introduction : « Combiner le concept de spatialité à celui du genre en s’intéressant plus particulièrement aux compétences spatiales que développent les adolescents et les adolescentes au sein de la cour de récréation questionne les rapports sociaux de sexe comme processus quotidiens de production d’inégalités sexuées dans un espace social. Dans quelle mesure la fragmentation des lieux scolaires participe-t-elle à la (re)production de rapports sociaux de sexe inégaux dans un espace social de co-présence corporelle entre filles et garçons ? » (p.1) Le postulat doctrinaire est exposé avant même de mener des recherches de terrain. Et l’intention est posée. Le sexe est une différence qu’il faut abolir. Rappelons que la doctrine de l’abolition de la différence des sexes faisait parti des délires des mouvements révolutionnaires pour détruire la famille. La doctrine est posée avant même d’effectuer des recherches. Ceci ne constitue pas une démarche scientifique loyale, sincère et ouverte.
Deuxième exemple, Muriel Monnard ecrit : « Note 6. Bien que la proportion d’enfants étrangers soit inférieure à la moyenne genevoise (38 %), dans cette école. Le groupe de l’espace central semble s’organiser autour de quelques élèves Kosovars. » (p.135). L’observation inclut donc une logique identitaire où les enfants sont donc assignés à leur appartenance ethnique, tant dans les propos collectés que dans l’analyse de l’occupation inégalitaire de l’espace. La ville de Strasbourg pourra-t-elle rendre public les critères associés au suivi GPS, car là nous sommes dans la potentielle stigmatisation de traits culturels, la critique des traditions familiales. Tout cela sent la dérive « racialiste ». La récréation doit donc devenir un lieu sous contrôle avec le fantasme d’une occupation égalitaire de l’espace de jeu.
Or, imposer le stéréotype de l’indifférence sexuelle pour contraindre une fois encore les filles à adopter les comportements des garçons en la circonstance, c’est demain imposer toutes les indifférences. Imaginons un instant que les enfants d’une ethnie soient comme ceci ou comme cela ? Faudra-t-il rééduquer les parents, stigmatiser leurs coutumes, dénoncer ? Honte à la ville de Strasbourg qui renoue avec les pires pratiques racistes au sens large, celles des sexes aujourd’hui, celles demain des « races ou ethnies » et « classes sociales », renonçant au droit à la différence, tout simplement et surtout, à la liberté des enfants de s’approprier un espace de récréation.
Quand on utilise l’argument de la fausse science pour appliquer des principes idéologiques et des stéréotypes, il y a proximité avec un acte totalitaire pour faire intrusion dans la conscience des enfants et agir de façon liberticide. En effet, ces chercheuses n’ont même pas étudié des cours de récréation non-mixtes pour vérifier si le comportement des filles, présentées comme victimes, était le fruit de la domination masculine primitive qu’elles fantasment, ou simplement le fait d’une préférence des filles pour d’autres activités. Pitoyable dans la démarche non-scientifique, partiale, biaisée, sous l’emprise de leur idéologie. Il est urgent que les élus de ce pays se révoltent contre le travestissement des activités scientifiques et ces activités délétères dans les sciences sociales, contre ces constructeurs de normes sociales et ces fabricants de pratiques totalitaires : les wokistes de tout poil. L’absence de réaction à Strasbourg serait un très mauvais signe. Cette opération doit cesser. Ces enfants ne sont pas des cobayes.
Pierre-Antoine Pontoizeau