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L'Eglise : L'Eglise en France

Les évêques de France et l’application de Traditions Custodes

Les évêques de France et l’application de Traditions Custodes

Communiqué de l’Union Lex Orandi:

Le 16 juillet 2021, le Pape François donnait le ton de l’application attendue de son Motu Proprio Traditionis Custodes en écrivant, dans sa « Lettre aux évêques » : «  Répondant à vos demandes, je prends la ferme décision d’abroger toutes les normes, les instructions, les concessions et habitudes antérieures au Motu Proprio actuel, et de considérer les livres liturgiques promulgués par les Saints Pontifes Paul VI et Jean-Paul II, conformément aux décrets du Concile Vatican II, comme la seule expression de la lex orandi du Rite Romain. »

Un an et demi plus tard, la mise en œuvre de Traditionis Custodes était au programme de l’assemblée plénière de la Conférence des Evêques de France à Lourdes du 5 au 8 novembre 2022. Son président, Monseigneur de Moulin-Beaufort, a donné dans son discours d’ouverture les orientations de ces travaux : « Un dernier sujet nous occupera (…) : l’application du Motu Proprio Traditionis Custodes et, plus largement encore sa compréhension (…). Ce sujet n’est pas mince. Il touche à la compréhension de la Tradition vivante de l’Église, de la vérité de l’Eucharistie et des saintes Écritures qui sont la Parole vivante de Dieu, à la nature et la mission de l’Église. Nous ne cessons de nous interroger sur une partie de la jeunesse catholique qui cherche des sources vives dans la liturgie pré-conciliaire et qui ne perçoit pas l’enrichissement considérable apporté par le Concile, non pas une adaptation mais un enrichissement. Cette jeunesse est diverse, elle mérite notre attention, notre écoute, elle a besoin aussi que nous lui indiquions les sources les meilleures. »

Les Evêques avaient été auparavant encouragés par le Pape François à se préoccuper des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle par un message du Cardinal Parolin, Secrétaire d’Etat du Vatican, du 27 octobre 2022 : « Le pape François vous invite également à la plus grande sollicitude et paternité encore les personnes – en particulier les jeunes, prêtres ou laïcs – désorientées par le Motu Proprio Traditionis Custodes dont vous travaillerez à la mise en œuvre. Elles sont des brebis souvent blessées qui ont besoin d’accompagnement, d’écoute, de temps. ».

Selon les premières déclarations d’Evêques présents à Lourdes, cet attachement des jeunes catholiques à l’ancienne liturgie sonne comme un désaveu d’une certaine pastorale post-conciliaire, et plus encore de la manière dont ils sont traités dans l’Eglise. Mgr Crépy, Evêque de Versailles, a donné le 5 novembre à KTO une interview sur la réception de Traditionis Custodes dans laquelle il reconnait : « Certains ont reçu ce Motu Proprio comme quelque chose de dur, une parole du Pape dure envers ces communautés. » Il indique des voies d’apaisement : « Ces communautés sont constituées de mes fidèles, en tant qu’Evêque, je suis aussi l’évêque de toutes ces communautés (…). L’Eglise est une communion, il peut y avoir des différences et mon rôle d’Evêque est d’essayer de favoriser une connaissance mutuelle. On se parle, on discute, on a le droit de ne pas être d’accord (…), on essaye de travailler à une communion parce que c’est une même foi qui nous réunit, et c’est quand même ça qui est important… ».

Monseigneur Aillet, Evêque de Bayonne, Lescar et Oléron, est encore plus explicite. Dans une interview donnée à la chaine vidéo de l’Homme Nouveau le 6 novembre, il avoue : « On est bien obligé de reconnaitre que les communauté qui se rassemblent autour du vetus ordo sont surtout des jeunes (…) ». Pour lui, la présence de 15 Français cette année au séminaire de la Fraternité Saint Pierre à Wigrazbad « nous indique quelque chose ». Constater que « des jeunes familles qui ne sont pas tombées dans la marmites quand elles étaient petites [adhérent à l’ancienne liturgie] sans aucune contestation de la messe de Paul VI ni des évêques de leur diocèse, nous invite à une réflexion plus approfondie qu’à des mesures draconiennes ».

Comme Monseigneur Crépy, Monseigneur Aillet plaide pour le dialogue et la bienveillance : « Il y a une volonté de pacification chez les évêques, qui ne sont généralement pas partisans de positions trop abruptes ». Citant la lettre du Cardinal Parolin, il soutient que « le Pape nous appelle au discernement (…). Il faut une écoute paternelle de ces fidèles (…). On n’est pas acculé à un Motu Proprio qui devrait s’appliquer tout de suite de manière drastique (…). Il faut une attitude de dialogue pour ne pas briser la communion, prendre le temps de dialoguer » L’Evêque de Bayonne reconnait d’ailleurs explicitement que la méthode employée par les autorités n’était pas la bonne : « Le Pape avait limité le Motu Proprio à la question de la messe, et non pas des autres sacrements. A partir d’une question qui a été posée par des évêques, la Congrégation pour le Culte Divin a répondu d’une manière un peu plus large, et donc beaucoup plus restrictive. ». Pour lui, « il y a le Motu Proprio, c’est une chose, il y a les Responsa Dubia de la Congrégation pour le culte divin, c’est autre chose… ». Une façon polie de dire que quand les fonctionnaires du Vatican font du zèle, ils ne travaillent pas toujours correctement au bien de l’Eglise.

Si l’on comprend entre les lignes ce que veulent dire Monseigneur Aillet ou Monseigneur Crépy, la « méthode forte » employée à Grenoble ou au Mans, avec des décrets d’interdiction de la liturgie traditionnelle signés par des évêques juste avant leur promotion dans un autre diocèse, n’est pas la bonne approche : cette clarification est bienvenue !

Le nombre de vocations des instituts traditionnels, le nombre de jeunes qui participent au pèlerinage de Chartres à la Pentecôte, la vitalité de la foi des familles attachées à la liturgie traditionnelle, qui se traduit par la fréquentation des sacrements, du catéchisme, des mouvements de jeunesse, des œuvres de formation ou de charité, sont un signal enfin perçu par l’épiscopat. Souhaitons qu’il sache le comprendre. Par les temps qui courent, les brebis blessées qu’évoque le Cardinal Parolin sont peut-être plutôt les Evêques de France que les fidèles attachés à la tradition. C’est aux premiers qu’il faudra du temps pour redécouvrir, au contact des second, les « sources les meilleures » dont parle Mgr de Moulin Beaufort. Dans cette perspective, en effet, nous souhaitons un dialogue.

L’Union Lex Orandi rassemble les associations de fidèles attachés à la liturgie traditionnelle : www.lex-orandi.org ; contact@lex-orandi.org

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19 commentaires

  1. Mgr Jan Graubner:
    «Lorsqu’il a été question de ceux qui sont contents de l’ancienne liturgie et qui reviennent vers elle, il était
    clair que le pape parle avec grand amour, avec attention et affection envers chacun, pour ne blesser personne. Malgré cela, il s’est exprimé de manière assez forte, quand il a dit qu’il comprend chez l’ancienne
    génération qu’elle retourne vers ce qu’elle a vécu, mais qu’il ne peut pas comprendre la jeune génération qui se tourne vers elle.”
    «Quand je me pose la question plus concrètement – a ajouté le pape – je conclus que c’est une sorte de mode.
    Et puisque c’est une mode, c’est une chose qui passera, à laquelle il ne faut pas tellement faire attention.
    Mais il faut garder de la patience et de la bienveillance envers ceux qui sont tombés dans cette mode.”
    ” Cependant je pense qu’il faut aller au fond des choses, parce que tant que nous n’irons pas au fond, aucune forme liturgique ne nous sauvera, ni l’une, ni l’autre.»

    PS – La version que je donne est due au DrZ, depuis l’original tchèque trouvé via Rorate Caeli

    • Malheureusement la hiérarchie catholique continue à s’éloigner des fidèles. Ne pas comprendre que la soif de spiritualité de la jeunesse n’est pas une mode mais un besoin vital comme de manger et de respirer c’est être au mieux aveugle ou sourd, au pire…, je laisse le qualificatif à d’autres.
      J’assiste aux 2 formes de liturgie, car en semaine il n’est pas facile d’avoir une messe tradi. Même bien célébrée, la forme moderne “n’arrive pas à la cheville” de l’ancienne liturgie qui est indémodable.
      Je me fais souvent la réflexion : “que c’est beau et cette beauté ne peut provenir que de Dieu”.
      C’est cela que recherche la jeunesse et ça n’a rien à voir avec une mode.

    • Une mode?
      C’est à dire une nouveauté qui sous-entend que tout ce qui était là avant était beaucoup moins bien?
      C’est drôle: c’est tout à fait ce que je me dis pour le « novus ordo »…

  2. L’heure n’est pas au caporalisme liturgique quand le caporal est l’objet d’une telle opprobre collective.
    L’histoire des 11 évêques est aussi et surtout celle des Papes successifs.

    “Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse. Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis”.

  3. Ils osent parler “d’enrichissement” en évoquant ce concile qui n’a provoqué que des dégâts dans l’Eglise !

  4. L’article cite les diocèses de Grenoble et du Mans, mais il ne faut surtout pas oublier la première offensive lancer par Mgr Minnerath dans le diocèse de Dijon.
    Quand on compare la suffisance avec laquelle il s’est adressée à ses fidèles “Qu’est-ce que vous connaissez en théologie ?” “Vous allez voir ce qui va vous arriver… ” et la situation actuelle de l’épiscopat, cela en dit plus long que tout commentaire sur le sujet et donne une bonne indication de l’évolution à venir.
    Difficile de ne pas songer à l’œuvre du Saint Esprit dans ce retournement si brutal. Lui qui est si souvent invoqué à tort pour justifier ces mesures dénuées de tout bon sens ne serait-ce qu’historique à défaut de liturgique.

    • *offensive lancée
      *il s’est adressé

    • Ni l’Ain qui vient de déclarer la guerre à l’ancien rite.
      Et bien d’autres diocèses où, sans parler d’interdiction, les possibilités de le célébrer se restreignent fortement et les humiliations se multiplient à l’encontre des fidèles et des prêtres.

  5. il serait temps de reconnaître qu’il ne s’agit que de nostalgie de “vieux” qui n’ont pas evie de changer leurs habitudes et de juger l’arbre à ses fruits : 50 ans de réformes “merveilleuses” ont réussi ce que n’avait réussi à faire tous les hérésiarques et les anti cléricaux de la planète en une période aussi courte : vider les églises et les séminaires (qu’on détruit ou vend à la pelle , tarir les vocations et rarefier les sacrements et constater que les cérémonies “traditionnelles” attirent plus de “jeunes” qui n’ont pas connu la période anté-conciliaire que de “vieux”: le déni est rarement la solutin des problèmes quels qu’ils soient !!

  6. Courage, les plus sectaires ne sont pas immortels…

  7. “Nous ne cessons de nous interroger sur une partie de la jeunesse catholique (…) qui ne perçoit pas l’enrichissement considérable apporté par le Concile, non pas une adaptation mais un enrichissement” !

    Et Mgr de Moulin-Beaufort de dire cela sans éclater de rire !… Il devrait “cesser de s’interroger” et assister à la messe (si on peut utiliser ce terme) dans certaines paroisses : il comprendrait et cesserait alors de prendre les jeunes attachés à la messe traditionnelle pour des imbéciles qui n’auraient rien compris à “l’enrichissement” de la messe par le culte bugninien, dépouillé de “tout ce qui pourrait constituer une pierre d’achoppement pour nos frères séparés”, selon les termes mêmes d’Annibale, autrement dit, tout ce qu’elle a de spécifiquement catholique, comme le fait qu’elle est avant tout un sacrifice non sanglant, renouvellement du sacrifice sanglant de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur la Croix…

  8. En appelant “Traditionis Custodes”, c’est-à-dire “Gardiens de la Tradition” un document qui la liquide, ses auteurs ont agit d’après un principe marxiste. De même l’appel au “dialogue” sans retrait du texte en question implique que ledit dialogue ne peut déboucher que sur l’acceptation de ce texte, et donc que son objet est de “traiter” les fidèles qui le refusent. C’est impliquer qu’ils ont un problème psychologique, ce qui est également tiré du manuel marxiste d’exercice du pouvoir.

  9. Les apports pastoraux de la liturgie actuelle ont-ils été évalués ?

  10. Né en 1945 , j’ai passé toute ma jeunesse avec l’enseignement ” traditionnel” , catéchisme , messe hebdomadaire régulière , sacrements divers reçus avec toute la piété et la foi qu’on nous inculquait à l’époque . Celui qui aurait osé proférer ce que le pape actuel ose proférer aurait été de suite considéré comme un renégat de la Foi !….. Dans sa grande sagesse et sa grande lucidité , le pape Benoît XVI avait su ramener à peu près le calme dans l’église . Mais il faut croire que vatican 2 n’ayant pas encore assez vidé les églises , ce pape actuel en remet une couche ! ! ! Qu’à cela ne tienne , monsieur Bergoglio , si vous continuez à détruire le peu qui reste des catholiques , il nous restera la solution de nous réfugier chez la Fraternité Saint Pie X ! ! ! En aucun cas , je ne renierai le superbe enseignement qu’on m’a donné dans ma jeunesse !………….

  11. “Traditionis Custodes” est un document nul et non avenu, l’ignorer ne me pose AUCUN problème de conscience !

    • Ce document n’a aucune force de loi pour moi non plus ! Donc je fais comme vous , je l’ignore … Mais il faut voir dans quel état cela met nos bons prêtres en paroisse , ( les vrais ! ! ! ) c’est une honte de leur faire subir ça ! ! !

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