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A l’heure où beaucoup se préparent aux JMJ à Lisbonne, il est aussi important de se pencher sur la question des “jeunes”. Car, comme on peut le constater depuis des décennies, au sein de l’Eglise on parle beaucoup des “jeunes”, et beaucoup d’activités sont faites pour les “jeunes”, les “jeunes” étant en général des personnes ayant entre 18 et 30 ans ou entre 18 et 35 ans. Or, il y a eu des critiques contre cette catégorisation d’une partie des catholiques depuis beaucoup d’années. On peut voir notamment celle faite par le P. Henri Madelin, jésuite, qui s’était exprimé sur le sujet en 2001. Il parlait aussi des JMJ et il allait même jusqu’à dire que le jeunisme est une idéologie dangereuse…
Comme on le voit dans cet article, le premier problème est que parmi les 15-35 ans il y a des profils tellement différents qu’on ne peut pas vraiment parler de “jeunes” comme d’une catégorie homogène. Par exemple, parmi les femmes de 25 ans, il y en a qui sont encore aux études, d’autres travaillent depuis l’âge de 18 ans et d’autres ont déjà une vie familiale bien remplie, avec plusieurs enfants et toute la responsabilité que cela implique. Parmi les hommes de 28 ans, certains étudient encore, certains commencent leur carrière, d’autres sont pères de famille, d’autres ont déjà dix ans d’expérience professionnelle, certains sont engagés en politique, certains sont prêtres, etc.
Le problème est donc qu’à force de parler de “jeunes”, beaucoup de ceux qui ont entre 18 et 35 ans vont croire qu’ils ont un âge marqué par une certaine immaturité, avec des responsabilités qui viendront plus tard. Or, cela n’est pas bon car dans le CEC on rappelle que même des enfants ont eu à lutter pour le Christ:
“1308 Si l’on parle parfois de la Confirmation comme du ” sacrement de la maturité chrétienne “, il ne faudrait pas pour autant confondre l’âge adulte de la foi avec l’âge adulte de la croissance naturelle, ni oublier que la grâce baptismale est une grâce d’élection gratuite et imméritée qui n’a pas besoin d’une ” ratification ” pour devenir effective. S. Thomas le rappelle :
L’âge du corps ne constitue pas un préjudice pour l’âme. Ainsi, même dans l’enfance, l’homme peut recevoir la perfection de l’âge spirituel dont parle la Sagesse (4, 8) : ‘La vieillesse honorable n’est pas celle que donnent de longs jours, elle ne se mesure pas au nombre des années’. C’est ainsi que de nombreux enfants, grâce à la force du Saint-Esprit qu’ils avaient reçue, ont lutté courageusement et jusqu’au sang pour le Christ (Thomas d’A., s. th. 3, 72, 8, ad 2).”
Comme le dit le P. Madelin, ces personnes entre 18 et 35 ans sont en réalité appelées à sortir d’une certaine jeunesse pour devenir responsables. D’ailleurs le P. Madelin appelle les 18-35 à s’engager davantage en dehors des paroisses: aides aux personnes souffrantes, etc. La vie en sociale en paroisse est importante, mais ce n’est pas tout. Et d’ailleurs le Pape François nous appelle à aller dans les périphéries. Les Apôtres de Jésus-Christ avaient moins de 30 ans et étaient bien engagés dans la mission évangélisatrice.
L’autre problème est que certains peuvent aussi profiter de cette catégorie artificielle. Cela s’est vu beaucoup dans les “nouvelles communautés” où les activités pour les “jeunes” foisonnaient… mais où il y a eu aussi des abus. On entretenait l’immaturité, on ne transmettait pas l’enseignement du Magistère, etc. et alors des abus pouvaient avoir lieu. Il peut y avoir aussi des intérêts pécuniers, même au sein de certains groupes l’Eglise: on crée beaucoup d’activités pour les “jeunes” afin de gagner de l’argent. Dans les “nouvelles communautés”, de manière plus ou moins subtile on essayait de séparer les “jeunes” des personnes plus âgées, mais pour que ces “jeunes” soient mieux manipulés par des personnes plus âgées et ayant des enseignements théologiques déviants… Et ces “jeunes” avaient tendance à rester entre eux, dans la communauté ou dans une paroisse alors qu’ils devaient agir aussi en dehors, comme je l’écrivais avant.
Bien sûr, parfois des personnes de moins de 30 ans se retrouvent entre eux et cela n’est pas mauvais. Il est clair que parfois des étudiants se retrouvent entre eux pour discuter, etc. Parfois il peut il avoir une activité comme les JMJ. Les problèmes commencent quand cela se fait systématiquement, quand on crée une catégorie de “jeunes”, quand les 18-35 ans ont tendance à se méfier des plus âgés, etc.
Le jeunisme est un problème aussi dans la société dans son ensemble. Cela crée des problèmes dans les entreprises, chez les personnes âgées, etc.
Bref, il faut sortir de cette idéologie jeuniste pour le bien de l’Eglise.
Horace
Que l’on cite les jeunes de 12 / 20 ans, Cela se comprends. Etrangement cette échelle d’âge s’étale et on passe de 18 à 35 ans. Sommes nous encore jeune à 35 ans ? Certains sont peut-être encore des grands ados attardés. Mais à 35 ans, un “jeune” est diplômé et cadre en entreprise, responsable et père de famille. Un début avec de mauvais repères est un mauvais débat.
JVTorresHeredia
Merci de votre commentaire. En effet, on peut comprendre qu’on parle de jeunes pour nous référer à ceux qui ont 12 / 18 ans ou encore à ceux de 12 / 20 ans. Et c’est vrai qu’il y a beaucoup d’activités pour ces personnes. Mais en même temps on continue à utiliser ce terme de “jeunes” pour ceux qui ont 18 / 30 ans, qui sont majeurs, voire 35, et il suffit de faire une recherche avec Google avec les mots clés “catholique activités jeunes 18-30 ans” ou “catholique activités jeunes 18-35 ans” pour le constater. D’ailleurs les mises en garde du P. Madelin n’étaient pas étrangères aux JMJ qui sont organisées pour des “jeunes” de 14 ans jusqu’à 30 ans (quoiqu’ils précisent que les plus âgés peuvent y aller aussi) et c’est pour cela qu’il signalait le problème des “jeunes” de 15 à 30 ans..
En fait le problème principal, bien sûr, comme vous l’écrivez aussi, est que l’on parle encore de “jeunes” pour ceux qui ont 18-35 ou 20-35 ans. Selon les découpages des différentes activités catholiques, parfois ils mettent ensemble le groupe de 20/35 avec ceux qui ont 15-20 ou 13 / 20 et l’on parle alors de “jeunes” de 15 /30 ou de 15 / 35 ans (qu’on peut trouver aussi par Google), ce qui est problématique, en effet.