Hier à Milan, le pape a rappelé aux personnalités politiques les principes non négociables :
"Je voudrais aborder brièvement quelques principes, qu'il suivait et qui sont toujours valables pour ceux qui sont appelés à garder la chose publique.
Dans son commentaire sur l'Évangile de Luc, Ambroise souligne que «l'institution du pouvoir dérive si bien de Dieu, que celui qui l'exerce est lui-même un ministre de Dieu» (Expositio Evangelii secundum Lucam, IV, 29). Ces mots peuvent sembler étranges aux hommes du troisième millénaire, mais ils indiquent clairement une vérité centrale de la personne humaine, qui est le fondement solide de la vie sociale: aucun pouvoir de l'homme ne peut se considérer comme divin, et donc aucun homme n'est le maître d'un autre homme. Ambroise le rappellera courageusement à l'empereur, en lui écrivant: «Même Toi, ô auguste empereur, tu es un homme» (Epistula 51.11).
Nous pouvons tirer un autre élément de l'enseignement de saint Ambroise. La première qualité de celui qui gouverne est la justice, vertu publique par excellence, car elle concerne le bien de toute la communauté. Pourtant, elle ne suffit pas. Ambroise l'accompagne d'une autre qualité: l'amour pour la liberté, qu'il considère comme l'élément qui sépare les bons dirigeants et les mauvais, parce que, comme il l'écrit dans une autre lettre, «les bons aiment la liberté, les réprouvés aiment la servitude »(Epistula 40, 2).
La liberté n'est pas un privilège pour certains, mais un droit pour tous, un droit précieux que le pouvoir civil doit assurer. Toutefois, la liberté ne signifie pas arbitraire de l'individu, mais implique plutôt la responsabilité de chacun. Là se trouve l'un des principaux éléments de la laïcité de l'État: assurer la liberté afin que tous puissent proposer leur vision de la vie commune, toujours, cependant, dans le respect de l'autre et dans le contexte des lois qui visent au bien de tous.
D'autre part, dans la mesure où l'on a dépassé le concept d'État confessionnel, il semble clair, dans tous les cas, que ses lois doivent trouver justification et force dans la loi naturelle, qui est le fondement d'un ordre adéquat à la dignité de la personne humaine, surmontant une conception purement positiviste de laquelle ne peuvent dériver des indications qui soient, d'une certaine façon, de caractère éthique. L'État est au service et pour la protection de la personne et de son «bien-être» dans ses multiples aspects, à commencer par le droit à la vie, dont ne peut jamais être consentie la suppression délibérée. Chacun peut alors voir combien la législation et l'action des institutions étatiques devraient être particulièrement au service de la famille. L'État est appelé à reconnaître l'identité propre de la famille fondée sur le mariage et ouverte à la vie, et aussi le droit primaire des parents à la libre éducation et formation des enfants, selon le projet éducatif qu'ils jugent valable et pertinent. On ne rend pas justice à la famille, si l'État ne soutient pas la liberté d'éducation pour le bien commun de la société toute entière. […]"