De Marion Duvauchel, historienne des religions-docteur en philosophie, pour Le Salon beige :
Les ordres d’Allah, c’est un livre publié en 2006, dont l’auteur, Jean-Paul Roux, fut directeur de recherche au CNRS. On ne peut donc sans anachronisme le qualifier de complotiste. L’ouvrage est une merveille de clarté et de concision et invite à quelques questions centrales en l’époque improbable qui est la nôtre.
On y dit que la société musulmane ne ressemble pas à la nôtre, que l’homme musulman possède une personnalité (une mentalité diraient les historiens) qui est sur bien des points diamétralement opposée à la nôtre.
« Nous n’avons pas affaire à une masse amorphe, mais à un corps vivant et dynamique, et en outre en continuelle expansion démographique. Nous sommes confrontés à lui de façon de plus en plus étroite, parce que nous voyageons en pays musulman, parce que nous sommes victimes des ses attentats terroristes, de son apostolat, de l’arrivée sur nos terres de millions d’immigrants qui s’installent dans nos villes et que nous côtoyons chaque jour ».
Ces lignes datent de l’année 2006…
La loi musulmane appelée charia a été établie par des juristes en se fondant sur deux sources essentielles : le Coran et les hadith, ces derniers transmis par une chaîne ininterrompue (ou présumée telle) de personnages honorables et connus depuis le temps de Mahomet jusqu’au IXe siècle, date à laquelle ils furent consignés par de grands compilateurs. Qui sont ces hommes honorables ? On n’en sait pas grand-chose, pour ne pas dire rien, et ce qu’on en sait n’est pas venu jusqu’aux oreilles de la presse ou des spécialistes de l’islam.
Voudrait-on m’expliquer par quel mystère le monde catholique romain accorde à cette chaîne de transmission orale un crédit et une dignité qu’il refuse à toute la transmission d’oralité du christianisme oriental ?
L’autre source de la charia, le Coran, est intouchable. Il faut accepter ce livre comme tel ou le rejeter en bloc. On ne peut être musulman si on refuse, voire même si l’on discute le texte coranique.
La plupart des musulmans ne connaissent pas le Coran. Il en ont entendu parler mais ne l’ont jamais lu. Interrogez n’importe quel Libyen, Afghan, Pakistanais à la sortie d’une mosquée, il n’a pas lu le Coran parce qu’il est écrit en arabe et qu’il n’est que rarement traduit et mis à la portée des populations. Il peut donc être difficile à des musulmans de déterminer si telle injonction vient d’un hadith (et peut donc faire l’objet d’une contestation) ou du texte coranique qui impose la soumission la plus absolue. De fait, la culture religieuse de la plupart des musulmans est à peu près de même nature que celle des chrétiens de nos paroisses. Quelques racontars auxquels on a fini par accorder un peu de crédit. On m’a dit que…
Je voudrais ne m’intéresser qu’à un seul des aspects évoqués dans ce livre, la sexualité, en allant un peu au-delà des déductions tirées par son auteur, qui est un historien, mais qui n’est pas un philosophe.
Pourquoi la sexualité ? Parce qu’elle constitue l’une des grandes conduites humaine, qu’elle engage la qualité morale (ou éthique) de tout homme et femme ; parce que cette dimension de l’existence humaine est organiquement liée à la vision de l’homme véhiculée par une société et intériorisée (ou rejetée) par ses ressortissants ; parce que la sexualité implique une anthropologie, et que celle de l’islam est non seulement défaillante mais essentiellement inégalitaire et oppressive pour la moitié de son humanité, les femmes ; parce que, enfin, elle pose un point de métaphysique et de philosophie essentiel, qui n’est pas visible et qui demande une analyse un peu technique, mais que les ordres d’Allah touchent directement.
Dans l’islam, il est normal de s’accoupler comme le veut la nature mais aussi la soumission à Dieu qui a établi ces lois. L’homme a besoin de manger, qu’il mange, il a des organes sexuels pour jouir et procréer, qu’il jouisse et procréée : « jouissez d’elles (vos femmes (IV, 24/28), ayez commerce avec elles et désirez ce qu’il a prescrit pour vous ». C’est très clairement l’expression d’une loi animale qui met au demeurant sur le même plan l’acte de manger et celui de copuler. Mais s’il est normal de s’accoupler, il convient de le faire en observant la « continence » que le Coran appelle « le contrôle » ou la « garde de ses organes sexuels ». Les croyants sont ainsi invités à « baisser leurs regards » et à « veiller sur leurs organes sexuels ». L’invitation vaut pour tous, hommes comme femmes.
Cela signifie quelque chose de précis : la sexualité est légitime à la condition d’être bridée, elle ne peut s’exercer que dans le cadre du mariage ou du concubinage avec les femmes esclaves.
« Ceux qui vivent dans la continence, sauf avec leurs épouses et leurs esclaves, seront honorés dans les jardins du paradis (LXXX,29).
Nul besoin de la longue chaine cartésienne déductive pour parvenir à une conclusion : l’esclavage sexuel est parfaitement autorisé et même récompensé. L’islam de DAESH applique donc bel et bien le Coran. Il y a des femmes esclaves et ils sont autorisés par le texte coranique lui-même, à en jouir, récompense à la clé. Pourquoi se priver ?
Deux points sont à considérer. Il se pourrait bien qu’il soit impossible à un musulman croyant et fermement croyant de tenir l’acte sexuel comme un acte de communication hautement signifiant qui engage tout le corps, pour ne pas dire toute la personne, puisque le corps, c’est aussi l’âme qui y est unie. On peut il est vrai, considérer que les organes sexuels sont une sorte de métonymie pour le corps tout entier. Mais l’islam ne connaît pas l’esprit, il ne connaît que la lettre du texte car s’il admettait l’esprit, il lui faudrait tout simplement réfléchir, et toute cette prose s’effriterait sous la lumière de l’évidence et de la raison.
C’est donc la continence (telle que l’islam la conçoit) qui ouvre le paradis et non la fidélité ni la relation avec l’épouse. L’islam ne peut atteindre l’idée qui est celle que la théologie catholique a promulgué en s’appuyant sur saint Paul : la femme est la gloire de l’homme et la relation époux/épouse constitue la figure visible et analogique de la relation de Dieu et de la créature. Le corps humain est le temple de l’Esprit Saint et c’est le profaner que de le considérer comme un objet de jouissance et de convoitise.
L’islam condamne non seulement l’adultère et l’homosexualité (le Coran enjoint de torturer les hommes qui ont commis des « turpitudes » à deux) mais aussi la prostitution et on inflige cent coups de fouets à « la débauche (autrement dit à tout acte de débauche) et aux débauchés ». Et quant à ceux qui n’ont pas les moyens de verser une dot, ils doivent tout simplement s’abstenir de tout acte sexuel.
« quant à ceux qui n’ont pas de quoi se marier, qu’ils choisissent de rester chastes ».
Peut-il s’agit d’un choix quand on n’a pas de quoi payer la dot ?
Le Coran ne met pas seulement en place une morale rigoriste et pudibonde dont on finirait par se débarrasser comme d’un manteau usagé : il institue un rapport à la sexualité spécifique qui place la femme dans une situation radicalement inégalitaire, un rapport qui par ailleurs détruit le rapport de l’homme à la beauté et à la volupté, une volupté saine. Car la sexualité n’est pas radicalement mauvaise, elle peut simplement se pervertir, comme tout ce qui est bon.
À ce titre, le port du voile nous informe, au sens profond du terme. Certes, sauf dans le cas pervers où même le regard est dissimulé par un voile (souvent transparent), il ne saurait couvrir les yeux, qu’il faut tenir baissé, attitude associée à la pudeur mais aussi à la honte. J’ai vu au Qatar des femmes conduire à 130 à l’heure dans Doha avec ce voile sur la figure.
Après tout, pourquoi donc couvrir la totalité du corps s’il suffit de veiller sur les organes sexuels ?
De soi, les organes sexuels ne sont ni beaux ni laids, ce qui est beau (ou laid) c’est le corps humain. Et c’est parce que ce corps humain, quand il est jeune et de belles proportions suscite un plaisir de type esthétique qu’il peut éveiller le désir sexuel. Si on couvre le corps de la femme, nul besoin pour l’homme musulman de baisser les yeux : il peux veiller en toute sérénité sur ses organes sexuels car on ne baisse pas les yeux sur une masse informe entièrement recouverte qui rappelle un sac de pommes de terre.
C’est l’une des orientations vicieuses de l’islam que ce rapport à la sexualité car il implique la répudiation de la beauté, et donc une forme de perversion.
L’esprit a besoin de jouissances, de contempler de belles choses, car le sens esthétique demande à s’éveiller et pour cela il a autour de lui toute la Création, qui est une merveille : montages et vallées, fleuves et rivières, bois et forêts, paysages d’une infinie diversité. Et bien sûr, le plaisir que donne le rayonnement de la jeunesse ou que suscite sur un visage ridée le sentiment d’une vie réellement vécue et de la fragilité de la vie humaine. Faute de cette délectation, il ne reste que des plaisirs compensatoires de ce sens frustré qu’est le sens de la beauté, à la fois intellect et sensibilité : plaisirs qui satisfont alors la curiosité brute, l’appétit brutal et la curiosité morbide sous le règne de la Vénus charnelle.
La beauté, qui est délectation, implique le plaisir esthétique et la nature singulière de ce plaisir se traduit dans les sens engagés : la vue et l’ouïe, tenues traditionnellement pour les sens les plus hauts. Car il n’y a que chez l’homme qu’existe la possibilité d’un plaisir tout à fait distinct de la satisfaction tactile. Pour goûter ce sens de la beauté, il faut cesser de vouloir tripoter les choses ou s’en emparer.
Parce que, de par sa nature même, le beau est délectable, il meut le désir. Et il produit l’amour.
Les Grecs ont vu l’essentiel en racontant la guerre de Troie. Le principe qui gouverne la vie sensitive, la vie de l’appétit sensible – en puissance – c’est l’amour, que Saint Augustin, fin psychologue, mettait à la racine de toutes les passions. Saint Thomas d’Aquin distingue l’affectivité réglée selon la raison – l’amour qui porte vers une chose en vertu du fait qu’elle nous convient – et l’affectivité réglée selon la passion sensible – l’amour sensitif, nécessairement réglé par une affection. C’est l’appétit sensitif qui explique qu’il y a dans l’homme une espèce d’amour qui est d’ordre purement animal, amour exclusivement charnel et intimement lié aux sens voire exclusivement gouverné par l’attrait des sens.
C’est pourquoi pour le malheur des Troyens, c’est à Vénus que revient la victoire sur les deux autres déesses. Si la beauté d’Hélène est l’origine terrestre de la Guerre de Troie, l’origine divine en est « l’étourderie trifonctionnelle » du prince berger sommé de choisir entre les trois déesses. En choisissant Vénus, Pâris signifie par là combien la beauté est prise dans les sens et les liens secrets qui unissent le plaisir esthétique et la volupté. Il signifie qu’il est esclave de l’appétit dans le choix qu’il fait et qui coûtera bien cher aux siens. La femme se présente ainsi comme le lieu naturel de la beauté, voire de la volupté. Elle est dans un rapport d’obédience à la beauté, diraient les métaphysiciens.
Qu’ils soient ou non capables de l’expliquer philosophiquement comme je viens d’essayer de le faire, les hommes (hommes et femmes) ressentent ce nœud de relations entre le plaisir esthétique, la volupté, le désir et l’amour. C’est ce noyau complexe que les ordres d’Allah détruisent, détruisant ainsi l’usage de la raison comme l’exercice de la liberté, et le risque d’erreur qu’elle peut générer. Et puisque c’est la femme qui d’une manière générale suscite ce sentiment et ce plaisir esthétique, donc ce désir, il faut cacher ce corps que l’on ne saurait voir. Mais on brise alors une des grandes sources de délectation : la beauté du corps féminin et ce qu’il figure : l’inspiration.
Les ordres d’Allah ont rendu Homère illisible et plongé un quart de l’humanité dans une sorte de détresse morale sans issue. Il a interdit aux femmes le bonheur de sentir l’énergie d’un corps jeune, vigoureux, plein d’attrait, de sève et de vitalité, d’éprouver la joie de constater que ce corps est vu, regardé, qu’il peut susciter l’attraction, le désir et donc la rencontre, l’échange, la parole. C’est priver des femmes mais aussi des jeunes hommes du rapport d’attraction mutuelle qui constitue le terreau et le ressort de la relation amoureuse future.
La Juliette de Shakespeare n’était pas une délinquante sexuelle.
Tuer dans l’islam est un acte pieux quand il s’agit de djihad. La loi naturelle n’a pas de consistance. Allah décide de ce qui est bien et de ce qui est mal. Les ordres d’Allah sont ceux d’un Dieu arbitraire qui ne laisse à l’homme aucune liberté et qui l’a conçu comme un animal, un animal dont il faut juguler la convoitise et la concupiscence, un animal qu’il faut mettre sous le joug.
Nous ne connaissons pas l’islam. Les travaux pour faire connaître le monde musulman contemporain et qui posent le problème de ses rapports avec le monde occidental, soutiennent des thèses inspirées par des idéologies, le plus souvent actuellement extraordinairement favorables à l’islam.
« Nous avons inventé pour nous rassurer, deux islams : l’un ouvert, éclairé, tolérant, pacifique, formaliste, préoccupé de rituels et frappé de multiples interdits, l’autre obscurantiste, fermé sur lui-même, sectaire, fanatique, guerrier, que l’on qualifié d’intégriste ou d’islamiste, ce qui ne veut absolument rien dire, l’un authentique – le premier – l’autre déviant et malade – le second. Il n‘en est qu’un, et il n’a pas deux visages, mais un seul à facettes multiples. Le mystique et le terroriste, et tous ceux qui se situent entre ces deux extrêmes, ont toujours coexisté et s’abreuvent aux mêmes sources, le livre de Dieu et la personne de Mahomet. »
Cela a été écrit en 2006.
Trois questions se posent à tout Français, tout Européen face à cette religion :
« l’individu tel que le voit l’islam peut-il s’insérer dans la civilisation occidentale ? L’image que le Coran et l’Histoire ont dessinée de l’athée, de l’idolâtre, du juif et du chrétien rend-elle ou non possible la fraternisation du musulman avec eux ? La société telle que l’islam la conçoit est-elle compatible avec la société occidentale de telle sorte qu’elles puissent se fondre l’une dans l’autre ? »
Si la réponse à ces trois questions est non, alors le destin de nos frères chrétiens d’Orient est gravement compromis. Mais cela, nous le savons déjà non ? Et nous le saurions si l’Église d’Occident avait défendu sa part d’Orient avec le courage que sa cause requiert, et qu’elle mérite.
Ouvrons une carte de monde et regardons les terres musulmanes, celles qui appliquent le Coran, au moins officiellement, entre les deux extrêmes de la mystique et du terrorisme. Que Dieu prenne en pitié les femmes d’Afghanistan mais aussi celles du Pakistan, et celles de toutes les nations musulmanes qui les condamnent à un terrible asservissement.
L’alliance contre-nature des anthropologies nouvelles et de l’islam, (dont on voit une figure dans ce qu’on appelle l’islamo-gauchisme) n’est possible que parce que l’une et l’autre tiennent l’homme pour un animal. Les ordres d’Allah pour tous, tel est le programme de l’islam. En face, la destruction de ce qui fait notre nature humaine : « homme et femme il les créa », pour montrer un autre pôle invisible de la nature humaine, le pôle sacerdotal et grand sacerdotal. Pas de prêtrise dans l’islam.
L’histoire, qui a déjà enfanté bien des monstres assoiffés de sang a enfanté l’islam et la nouvelle programmation.
Mais on ne va pas contre le Dieu d’Israël qui a programmé l’homme pour la liberté, pour la beauté et pour Lui. Dieu, notre Dieu, dit vrai, vraie est sa promesse, vraie sa parole, vraie son salut. Vraie aussi sa puissance. Quand le Dieu des chrétiens ordonne, Il dit à ses prophètes : « Va, je serai avec toi », « Dis à mon peuple »… Il donne le choix : « je mets devant toi la vie et la mort. Choisis la vie ».
Choisissons la vie.
Choisissons-Le.