De Jeanne Smits :
"Un rapport parlementaire et une jurisprudence inattendue : deux faits se télescopent ces jours-ci pour en finir, en France, avec l’accouchement « sous X », qui permet à une femme de mettre au monde son enfant de manière anonyme et ainsi le confier à l’adoption. C’est une possibilité offerte dont on sait qu’elle sauve des vies, en évitant des avortements : quelque 600 femmes y ont recours chaque année. En regard des plus de 200 000 « IVG » par an, c’est peu. Mais cela reste une vraie solution à une détresse ou une impréparation réelle.
Voilà cependant que par une décision de la cour d’appel d’Angers, un couple de grands-parents, Pascal et Isabelle Oger, vient d’obtenir l’annulation du statut de « pupille de la nation » du bébé de leur fille, qui avait pourtant accouché sous X en juin 2009. La Cour leur a confié la garde de leur petite-fille, à charge pour eux de requérir l’ouverture d’une tutelle, après que le lien familial a été prouvé à la suite d’analyses sanguines. […] Il faut bien reconnaître que la reconnaissance du fait biologique et des liens familiaux unissant cette fillette et ses grands-parents qui ne demandent qu’à l’aimer a le mérite de tenir compte à la fois de la réalité, et encore du bienfait pour l’enfant de connaître ses origines et d’être élevé par les siens plutôt que par des étrangers. […]
Quasiment au même moment, une parlementaire UMP, Brigitte Barèges, vient de remettre au Premier ministre un rapport proposant de lever partiellement l’anonymat des femmes accouchant sous X […]. L’opposition des associations pro-vie à ce projet se comprend parfaitement : comment convaincre une jeune fille enceinte qui refuse ou qui n’est pas du tout en mesure d’accueillir son enfant de ne pas avorter, si elle craint en accouchant d’être rattrapée tôt ou tard par son histoire ? Même une représentante du Planning familial dit craindre des «accouchements clandestins», voire des «infanticides». Faut-il pour autant négliger la souffrance des enfants nés sous X ? La question se pose. Voilà en tout cas un dossier qui est singulièrement compliqué par la légalité de l’avortement…
Mais c’est aussi un dossier très hypocrite. A une tout autre échelle, dans le cadre des fécondations in vitro avec donneurs, ou encore des inséminations artificielles, ce sont des milliers d’enfants et même des centaines de milliers de personnes à travers le monde qui se savent issus, non pas de l’union, fût-elle sans lendemain, d’un homme et d’une femme de chair et de sang qui, peut-être, s’aimaient, mais de techniques médicales dignes de la reproduction animale. Il paraît que c’est invivable. Un forum internet vient précisément de s’ouvrir aux Etats-Unis où ces gens devenus, pour nombre d’entre eux, adultes, peuvent exprimer leur désarroi et leur colère. Alors pourquoi s’attaquer d’abord au « sous X », qui sauve des vies et qui reste riche du don fait par la mère qui n’a pas voulu faire supprimer son enfant, et laisser se multiplier à l’infini la négation de la filiation naturelle et du véritable «intérêt supérieur de l’enfant» ?"
Coquille
Notice sur la loi du 27 Juillet 1917 , modifiée par les lois du 26 octobre 1922 et du 9 avril 1932 , et sur la loi du 24 Décembre 1941 instituant des Pupilles de la Nation.:
“Les Pupilles de la Nation ne sont pas des enfants assistés .Ce sont des enfants envers qui la Nation a contracté une dette sacrée ”
Leur origine et leur statut les différencient de celui des Pupilles de l’Etat
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pupille_de_l%27%C3%89tat
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pupille_de_la_nation
PEB
L’accouchement sous X est une particularité du droit français et n’a pas vraiment d’équivalent ailleurs en Europe.
La noblesse et la bourgeoisie avaient l’habitude d’envoyer leurs filles-mères dans des maisons où elles abandonnaient (probablement sous la contrainte) leur progéniture à un orphelinat. Cette pratique procède de l’antique exposition d’enfants non légitimés par le paterfamilas. L’Allemagne a expérimenté un vague équivalent avec les tours d’abandon.
Certes, il y a l’avorteur au coin du bois. Mais, je ne pense pas que les accouchements sous X soit si nombreux ni que leurs motivations recoupent exactement celles des IVG. En l’absence d’études connues, il est difficile de trancher.
On a ici une double contrainte. Il y a le désir ou l’impossibilité d’une mère de ne pas assumer l’éducation de son enfant et, de l’autre, le droit naturel a une filiation, c’est-à-dire à s’inscrire dans une histoire familiale.
L’obligation de permettre à l’enfant devenu majeur de simplement connaître le fin mot de ses origines n’est pas si exorbitante que cela.
Compte tenu des déménagements éventuels, une bonne part des renseignements contenus seront, de toute façon, obsolètes. La loi pourrait prévoir que la première rencontre éventuelle se fasse en présence d’un tiers de confiance relevant des services sociaux. Un accompagnement psychologique pourrait être proposé.
Notons qu’il s’agira d’établir la possibilité un dialogue d’adulte à adulte, restant sauf l’honneur et le respect dû à ses ascendants.
Boris
Encore une fois, la question me semble mal posée.
Pourquoi y a-t-il besoin d’accoucher sous X ?
L’article en donne une réponse partielle à mon sens : “une jeune fille enceinte qui refuse ou qui n’est pas du tout en mesure d’accueillir son enfant”.
Je travaille comme expert dans un centre de support. Ma règle première est de toujours remonter au problème initial, le reste étant qu’une suite chronologique des conséquences de cette première erreur.
Il me semble que dans ce cas, la cause initial est la sexualité débridée et l’absence total d’éducation au véritable Amour.
Lorsque je cite sur des forums une des conclusions de la première partie de l’encyclique “Deus Caritas est”, il est affolant de voir le nombre de personnes qui se disent catho pratiquant mais qui refuse l’enseignement du Pape : l’eros doit être soumis aux autre forme d’Amour (philos et aggape).
Ici, c’est la même chose : il est quasiment interdit dans la France bien-pensante de soumettre la sexualité à un engagement volontaire supérieur comme le mariage ni même à la raison qui commande que l’acte sexuel engendre naturellement (mais pas systématiquement) une nouvelle vie.
Combien sont-ils à répéter leur stupéfaction lorsque des mineures leurs disent ne pas comprendre comment un petit bébé a pu se former dans le sein de la jeune fille, ne faisant pas le lien avec l’acte sexuel ?
Voilà où nous en sommes et c’est pourquoi il me semble que le refus de traiter la question de l’éducation à l’affectivité et à l’Amour (qui en réalité n’est pas affectif mais un acte raisonné de la volonté) et de le faire dans le sens de l’enseignement de l’Eglise.
lebourg
BORIS@ “la cause initiale est la sexualité débridée”, oui tout à fait d’accord. Mais pour cela il faudrait d’abord appliquer les textes de loi qui interdisent la diffusion aux enfants d’images de violences et de pornographie. Avez vous déjà taper : fist ou gang bang? Et pensez vous qu’un gosse peut construire une sensualité avec ça, et à l’inverse ne pensez vous pas que nous sommes en train de fabriquer des régiments de tarés ?
Boris
@lebourg :
vous parlez de faire une recherche sur des termes sans ambiguités.
Cette AM, j’ai fait une recherche avec un collègue pour trouver des photos d’un ordinateur appelé “HP ML360”.
Je vous laisse faire la recherche dans google image avec le safe mode positionné sur “strict” !
Mais cette histoire d’application des lois va justement dans le sens de ce que je dénonce : il y a un refus d’aborder cette question de l’éducation au véritable Amour, refus de toute la société jusqu’à la non-application des lois concernant la morale et les moeurs, ce qui provoque par la suite une mise devant le fait accompli et donc des demandes modifications des lois ou de reconnaissances des faits accomplis pour dépénalisation de ces faits.
Repensons dans un autre registre à l’histoire de la grève des sans-papiers et de leurs employeurs ! Cette grève aurait du conduire à une “rafle” (désolé pour le terme) : toutes ces personnes hors la loi et qui ont fait changer la loi par la mise devant le fait accompli.
Il en va de même pour la sexualité : le débordement des images dans les pubs … et les personnes transsexuelles qui demande maintenant à ce que leur déviance ne soient plus reconnue comme une pathologie mais dont il faut faire rembourser par la sécu les soins qu’elle engendre !
Tout cela découle de cette dé-éducation sexuelle.
N’oublions pas la dernière en date : embaucher légalement des prostituées pour les personnes extrêmement handicapées. Le sexe passerait du statut de liberté à celui de droit. Voilà la mentalité.
Or la différence est justement que nos libertés sont encadrées par les droits et les devoirs afin de permettre de rester des êtres humains civilisés et non des barbares.
Comme le disait un prêtre sur radio notre Dame ce matin : Dieu a libéré les Hébreux de Pharaon pour leur donner les 10 commandements.
Jean
J’ai rédigé cette synthèse pour Genethique.org, il y a quelques mois : http://www.genethique.org/revues/revues/2010/juin/20100609.2.asp
Vincent ROUYER
Il me paraitrait utile d’introduire dans ce débat le cas interressant à bien des points de vue de l’adoption ouverte pratiquée depuis plusieurs décennies en Amérique du nord où elle semble obtenir un certain succès notamment dans les milieux” pro life”. Dans ce cas la mère choisit elle même la famille adoptive qui s’engage à maintenir un lien avec cette dernière. Cette pratique nécessite d’être srtictement encadrée pour éviter tout conflit de loyauté mais elle présente un intérêt à la fois pour la mère qui a moins le sentiment d’abandonner son enfant que de le confier à un couple de son choix, et pour l’enfant qui peut avoir accès à ses origines. Cette proposition me semble avoir pour elle l’avantage de la transparence.