De Véronique Nguyen, professeur adjoint à HEC, dans Le Figaro :
"Les démocraties libérales sont si imbues de leur supériorité qu'elles n'admettent pas que ce sont leurs insuffisances qui conduisent les électeurs à voter en masse pour les candidats populistes. Plutôt que de réfléchir à la manière dont elles ont façonné les conditions de leur propre rejet et dont elles pourraient se transformer, elles préfèrent couvrir d'opprobre les critiques qu'elles ne veulent pas entendre. Quand les régimes totalitaires exécutent les ennemis du peuple, les démocraties clouent au pilori les ennemis de la liberté et de la prospérité. Ne faut-il pas être un odieux fasciste pour remettre en cause les principes qui nous ont conduits, depuis cinquante ans, vers toujours plus de paix et de progrès?
Les manœuvres d'intimidation des foules égarées par la minorité «éclairée» ne font, non seulement plus le poids face aux souffrances du quotidien, mais elles précipitent les évolutions qu'elles voudraient précisément éviter. Voyant leurs légitimes demandes méprisées ou ignorées, les électeurs «antisystème» deviennent de plus en plus insensibles au glorieux triptyque libéral: hausse ininterrompue du PIB, absence de conflit armé majeur, extension sans précédent des droits individuels. Que veulent donc ces masses obscurantistes qui ne sont pas comblées par un système pourtant conforme aux préconisations de l'autoproclamée science économique?
La sécurité, tout simplement. Vivre sans peur est devenu un privilège. Une majorité d'individus vit dans la crainte de ne pas avoir d'emploi, de ne pas être à la hauteur, de ne pas réussir à boucler ses fins de mois, de subir une agression ou, depuis peu, un attentat terroriste. Le chômage et le terrorisme constituent à égalité, chacun à plus de 30%, la principale préoccupation des Français (INSEE, 2016). […]"