Alors âgée de 14 ans, Vanessa Springora a eu des relations sexuelles avec l’écrivain quinquagénaire Gabriel Matzneff. Devenue éditrice, elle livre un récit glacial de cette emprise dans un livre à paraître, Le Consentement (Grasset). Cet ouvrage lève le voile sur un personnage sulfureux qui contait lui-même son attrait pour les mineurs des deux sexes, que ce soit dans son essai Les Moins de seize ans, en 1974, ou dans son journal intime, publié à partir de 1976.
En 1990, l’un des tomes de ce journal, Mes amours décomposés, lui vaut d’être reçu sur le plateau d'”Apostrophes”, l’émission littéraire animée par Bernard Pivot. Ce dernier lui demande alors pourquoi l’écrivain s’est spécialisé “dans les lycéennes et les minettes”, et Gabriel Matzneff répond qu’une fille “très, très jeune est plutôt plus gentille”. A l’époque, sur le plateau, seule la journaliste québécoise Denise Bombardier le reprend ouvertement.
Gabriel Matzneff n’a jamais caché ses attirances pour les adolescentes, comme sur le plateau d’ “Apostrophes”, en 1990. Vanessa Springora publie un livre, “Le consentement”, dans lequel elle décrit l’emprise qu’il a exercé sur elle dans les années 80 quand elle était mineure. pic.twitter.com/T2l2xyEsmC
— Ina.fr (@Inafr_officiel) December 26, 2019
Vendredi 27 décembre, alors que la polémique enfle et que les commentaires se succèdent avant la parution du Consentement le 2 janvier, c’est au tour de Bernard Pivot de réagir sur les réseaux sociaux. Celui-ci estime que “la littérature passait avant la morale” dans les années 1970 et 1980, alors que “la morale passe avant la littérature” aujourd’hui. “Moralement, c’est un progrès”, juge l’ancien animateur, avant d’ajouter : “Nous sommes plus ou moins les produits intellectuels et moraux d’un pays et, surtout, d’une époque.”
Dans les années 70 et 80, la littérature passait avant la morale; aujourd’hui, la morale passe avant la littérature. Moralement, c’est un progrès. Nous sommes plus ou moins les produits intellectuels et moraux d’un pays et, surtout, d’une époque.
— bernard pivot (@bernardpivot1) December 27, 2019
Gabriel Matzneff a longtemps été une figure prisée du milieu littéraire, chroniqueur au Point sur la spiritualité et les religions, il n’a jamais été condamné par la justice. On a connu les médias plus vindicatifs avec les prêtres accusés d’abus sexuels sur mineurs…
Mais l’affaire Matzneff révèle la complaisance du milieu médiatique envers la pédophilie. Le Salon beige dénonçait dès 2006 cette complaisance du Monde et de Libération.
Sur Twitter, Françoise Laborde dénonce :
Pour Mémoire selon les chiffres officiel du ministère de l’intérieur il y a eu en 2017 en France 8700 viols de mineurs…Soit plus de un viol Par heure. 70 % des plaintes sont classés sans suite. Les condamnations ont baissé de 40 % en 10 ans. Et 70 % des victimes connaissaient leurs agresseurs. Nous sommes 1 des seuls pays au monde à ne pas avoir de seuil d’âge de consentement. On l’a vu récemment dans des affaires de correctionnalisation de viols de mineurs.
J’ajoute que le dernier livre que j’ai écrit avec Michele Creoff, «massacre des innocents», sur les violences faites aux enfants (ou nous dénoncions déjà la complaisance à l’égard des pédophiles comme Matzneff) a été publié chez Amazon parce que les éditeurs classiques n’en ont pas voulu ! Nous sommes le pays qui a le plus de complaisance à l’égard de ces crimes. Chaque fois qu’un criminel est publiquement dénoncé des voix s’élèvent pour dire que… «il ne mérite pas ça, ça ne lui ressemble pas, il a d’autres talents»! Alors non, Nous ne nous réveillons pas seulement maintenant. Simplement avant, personne ne voulait nous écouter même quand nous avons expliqué que la loi Schiappa n’allait rien changer…
Toujours sur Twitter, les internautes dénoncent, tour à tour, Marc-Olivier Fogiel :
Affaire Matzneff … Dites Marc-Olivier Fogiel vous qui avez reçu sur le Divan en tant qu’ancien psy d’opérette ces tristes personnages. J’ose croire que en tant que tout nouveau Directeur général de #BFMTV vos journalistes vont pouvoir faire leur boulot et s’exprimer librement ! pic.twitter.com/mjkmcLSjnu
— Dolto (@Fils2Psy) December 28, 2019
Daniel Cohn-Bendit :
Passage de Daniel Cohn-Bendit sur le plateau d’Apostrophe. Nous sommes le 23 avril 1982.
Ce dernier nous raconte à quel point c’est fantastique et érotique de se faire déshabiller par une fillette de 5 ans.
Du côté de Pivot et des autres invités, c’est la rigolade. pic.twitter.com/UffoFkupW7
— Alexandre Gauthier (@alexgauthier92) December 27, 2019
Jack Lang :
J’essaie de comprendre pourquoi #Matzneff est mis au pilori par tous les médias du système et qu’en même temps Frédéric Mitterrand, Jack Lang, Cohn-Bendit, Douste-Blazy se baladent tranquillement dans les couloirs de toutes les rédactions ?
Si ça intéresse les journalistes : pic.twitter.com/BVIadVBcLr
— La Quenelle (@quenellien) December 27, 2019
En ce jour des Saints Innocents, l’affaire Matzneff révèle qu’il y a eu une presse pro-pédophilie de Libe au Monde jusque dans les années 80. Qu’il y a une monstrueuse omerta dans le milieu artistique. Un aveuglement, une complicité, une pratique identique chez de nombreux intellectuels.