De Jean de Tauriers dans L’Appel de Chartres :
Le trente-neuvième pèlerinage vient de se terminer et nous entendons que les rumeurs d’un nouveau Motu Proprio, limitant celui signé par Benoît XVI en 2007, se seraient transformées en un texte prêt à être signé par le pape François.
Quelle contradiction entre ces nouvelles restrictions et le nombre exceptionnel de pèlerins cette année (plus de 15 000 pèlerins en comptant les pèlerins anges gardiens) ! Quel paradoxe avec l’élan missionnaire de nos chapitres en France et dans de nombreux pays ! Quelle profonde méconnaissance de notre monde catholique traditionnel.
Prenons un peu de hauteur : parmi tous les innombrables reproches qui nous sont faits (cf note de synthèse de la CEF, affaire de Dijon, …), je lis que « l’enseignement donné, la liturgie célébrée datent d’avant Vatican II et ne sauraient être représentatifs des temps actuels ». J’aimerais inviter nos « clercs détracteurs » (souvent septuagénaires !) à venir en parler avec nos pèlerins de 20 ans. Ils seraient surpris de constater une approche radicalement différente des sujets qui les obsèdent. Nos pèlerins ne vivent pas en 1965 en plein “printemps de l’Eglise » mais en 2021, en ère post-Vatican II. Nos « clercs détracteurs » doivent bien réaliser qu’ils ont devant eux un échantillon (représentatif) des derniers catholiques pratiquants en France.
La préoccupation première de toutes ces familles est de donner une éducation catholique à leurs enfants dans un monde christianophobe. Nos pèlerins sont des jeunes engagés dans les mouvements d’évangélisation (parfois au contact de l’islam), des professionnels s’interrogeant sur l’application de la doctrine sociale de l’Eglise, des militants pour la défense de la vie… Ils ne connaissent peut-être pas toute la substantifique moelle des documents conciliaires mais ils connaissent très bien l’Eglise sortie du Concile. Ils voient tous les jours son effacement de la société, les persécutions qu’elle subit, ses souffrances, les interruptions dans la transmission catéchétique,…
Nos pèlerins ne disent pas « c’était mieux avant » car ils ne savent rien de cet « avant », leurs parents n’étaient d’ailleurs pas nés au moment du Concile !
En revanche, ils expliquent très clairement leur choix réfléchi pour une pratique religieuse « traditionnelle » : vie sacramentelle, liturgie, enseignement théologique, cadre pastoral entouré pas des prêtres connaissant et aimant cet apostolat. Nos pèlerins ne se considèrent pas en-dehors de l’Eglise. Tout au contraire et ils veulent d’abord être en mesure de lui rester fidèles !