Depuis leur mise en place en France, les Zones à Faibles Émissions (ZFE) suscitent de nombreuses controverses. Si leur objectif initial est louable – réduire la pollution atmosphérique dans les grandes agglomérations –, leur mise en œuvre pose de sérieux problèmes d’équité sociale, d’efficacité écologique et d’impact économique.
UNE INJUSTICE SOCIALE FLAGRANTE
Les ZFE frappent en premier lieu les ménages les plus modestes. En interdisant l’accès aux centres-villes aux véhicules les plus anciens et les plus polluants, elles pénalisent les personnes qui n’ont pas les moyens d’acheter un véhicule récent. Alors que le prix d’une voiture électrique ou hybride reste élevé, de nombreux citoyens se retrouvent piégés, contraints de choisir entre d’importants frais pour changer de voiture ou des restrictions de mobilité inacceptables. Cette politique accroît donc les inégalités entre les foyers aisés, qui peuvent se permettre un véhicule conforme aux normes, et les ménages plus précaires, souvent exclus des centres urbains.
UNE EFFICACITÉ ÉCOLOGIQUE DISCUTABLE
Si la lutte contre la pollution est essentielle, les ZFE ne constituent pas une réponse pertinente. L’impact réel de ces restrictions sur la qualité de l’air est contesté, notamment parce que le trafic routier n’est pas la seule source de pollution. L’industrie, le chauffage résidentiel et certaines activités agricoles ont aussi un rôle significatif dans la dégradation de la qualité de l’air. De plus, forcer les automobilistes à remplacer leurs véhicules entraîne une hausse de la production automobile, avec un coût écologique important lié à l’extraction des matières premières et à la fabrication des nouveaux véhicules.
UN IMPACT ÉCONOMIQUE NÉFASTE
Les ZFE nuisent également à l’économie locale. Les petits commerçants et artisans, qui doivent souvent utiliser des véhicules utilitaires pour exercer leur activité, se retrouvent en difficulté face aux restrictions. De nombreuses entreprises, notamment dans le transport et la logistique, voient leurs coûts exploser en raison des obligations de renouvellement de flotte. Résultat : certaines sociétés préfèrent délocaliser leur activité en périphérie, fragilisant davantage les centres-villes déjà affectés par la concurrence du commerce en ligne et des grandes surfaces.
UNE ALTERNATIVE PLUS PRAGMATIQUE
Plutôt que d’imposer des interdictions rigides, d’autres solutions pourraient être envisagées pour lutter contre la pollution sans creuser les inégalités. L’investissement dans les transports en commun, la modernisation des infrastructures pour encourager le covoiturage ou encore l’incitation au rétrofit (conversion des anciens véhicules en modèles moins polluants) seraient des approches plus justes et efficaces.
Les ZFE, en l’état, apparaissent comme une mesure dogmatique et déconnectée des réalités sociales et économiques. Plutôt que de punir les automobilistes, il serait plus pertinent d’encourager des solutions réellement durables et accessibles à tous.
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