La plus minable des attaques contre le Pape (au point qu’on aurait préféré ne pas l’évoquer…) est bien évidemment celle des "Jeunesses hitlériennes" : sans le moindre souci de justice, les ennemis de l’Eglise feignent d’y accorder de l’importance. Ce qui les intéresse est davantage de créer une association d’idées entre le Pape et le nazisme que de dire ce que l’inscription à 15 ans à un mouvement obligatoire nous apprendrait sur la personnalité de Benoît XVI.
Comme on peut s’attendre à ce que cet élément biographique ressorte à chaque fois que le Pape dira quelque chose qui déplaira au monde (si Dieu veut, souvent), on creuse la question, et on lit :
– cette interview du Cardinal Lustiger au Figaro du 21 avril :
Je pense (que le fait que le Pape soit Allemand) est un très bon signe, un admirable signe de réconciliation. Si on l’assuse d’avoir été dans la Hitlerjugend, il s’agit vraiment d’une infamie. Je ne sais pas s’il y a été, c’est probable puisque tous les petits Allemands y étaient. Mais il n’a pactisé avec rien de ce genre. Il est né en 1927…
– cet éditorial du Jerusalem Post du 20 avril :
Dans un livre de 1997, Le Sel de la Terre, Ratzinger a expliqué ce qui s’est passé quand il avait 14 ans : "Quand l’appartenance aux Jeunesses hitlériennes a été rendue obligatoire en 1941 (…) j’étais encore trop jeune, mais plus tard comme séminariste j’ai été inscit aux Jeunesses hitlériennes. Dès ma sortie du séminaire, je n’y suis plus retourné. Et c’était difficile, parce que pour bénéficier d’une réduction dans les frais de scolarité, dont j’avais vraiment besoin, il fallait prouver sa participation à la Jeunesse hitlérienne." Ratzinger a prévalu sur un professeur qui lui avait demandé d’y aller au moins une fois, pour obtenir le document nécessaire, pour s’épargner même ce bref contact avec un groupe avec lequel il ne voulait rien avoir à voir.
Nous ne voyons pas pourquoi le pape devrait être jugé défavorablement pour un tel passé. Au contraire, le nouveau pape, comme son prédécesseur, devrait en avoir retiré une grande sensibilité aux ravages du totalitarisme, dont il a personnellement été le témoin.
Et on découvre que oui, cet épisode nous apprend des choses, et de belles choses, sur le jeune Joseph Ratzinger : sa participation, dans la mesure de ses moyens, à la résistance passive de catholiques allemands au totalitarisme.
PS1: rappelons que ce sont les régions catholiques d’Allemagne qui ont le moins voté pour le NSDAP en 1933 : voir ici (format pdf) en page 8. Le village natal du Pape, Marktl, se trouve dans une des circonscriptions en "vert foncé" à l’est de la Bavière, où le parti nazi faisait moins de 15%.
PS2: on apprend dans Présent de demain que les ignobles Guignols de Canal Plus ont affublé le Pape du surnom "Adolphe II", et que l’AGRIF porte plainte contre la chaîne.