Dominique Reynié, professeur à Sciences-Po Paris, analyse dans le Figaro la crise existentielle de la droite française, "en quête de doctrine" :
La droite est prise dans un système de contraintes inhibant. Elle ne parvient pas à affirmer deux grandes valeurs qu’elle a longtemps défendues, le conservatisme et le libéralisme. La droite n’est plus en mesure d’investir le conservatisme, sauf à tenter une sorte de stratégie morale, à la manière des fameux néoconservateurs américains. Mais la France est un pays profondément laïque, et l’on peut se demander si le conservatisme moral correspond à une réalité quelconque dans une société dont les structures sociales, telles que la famille ou la religion, sont aussi profondément affectées. (…) L’identité de la droite s’est aussi exprimée dans un attachement au libéralisme (…). Mais nous vivons dans un pays profondément attaché au «social-étatisme».
On s’étonne d’abord de la confusion que fait Reynié entre "néoconservatisme" et "droite religieuse" – par ignorance ou, plus probablement, par désir d’utiliser le premier terme, diabolisé en France depuis la guerre d’Irak, comme repoussoir. Ensuite, dire que le "conservatisme moral" (c’est-à-dire la défense des valeurs fondamentales : famille, respect de la vie) ne correspond plus à aucune "réalité", c’est aller un peu vite. Ces valeurs gardent toujours, au sein du "peuple de droite", la plus forte capacité de mobilisation, comme l’a montré la manifestation anti-PACS de 1999.
Quelle "doctrine" Reynié propose-t-il à la "droite" (en l’occurence, l’UMP), puisque les valeurs seraient périmées et les libertés économiques indéfendables ? Celle de faire du libéralisme, mais "le faire sans le dire." Et, devine-t-on, en le dissimulant derrière des positions toujours plus à gauche sur les sujets de société.
Ce que ne dit pas Le Figaro, c’est que Reynié n’est pas qu’un universitaire conseillant, de loin, à "la droite" de se positionner sur tel ou tel créneau idéologique, comme une entreprise sur tel ou tel segment du marché. C’est aussi un acteur de la dérive vers la gauche de la "majorité présidentielle", notamment au sein de la Fondation pour l’Innovation Politique. On se souvient que ce "think tank" chiraquien a apporté au printemps son soutien au mariage homosexuel : Dominique Reynié avait eu une place centrale dans cette "ouverture" vers les mouvements homophiles les plus extrémistes, dont Act-Up, notamment lors d’un colloque de décembre 2004.