Le père Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale, a commencé son homélie de la célébration du Vendredi Saint, dans la Basilique Saint-Pierre, en dénonçant la spéculation et les manipulations auxquelles est soumise la Passion du Christ, de la part des médias :
"Alors que nous célébrons ici la mémoire de la passion et de la mort du Sauveur, des millions de personnes sont amenées à croire que Jésus de Nazareth n’a en réalité jamais été crucifié", en référence à un pseudo-‘Evangile de Thomas’, best-seller aux Etats-Unis.
"On parle beaucoup de la trahison de Judas sans se rendre compte qu’on est en train de la renouveler. Le Christ est vendu, une nouvelle fois, non plus aux chefs du sanhédrin pour trente pièces d’argent, mais à des éditeurs et des libraires pour des milliards de pièces d’argent".
"On utilise ces écrits pour leur faire dire exactement le contraire de ce qu’ils voulaient dire. Ils font partie de la littérature gnostique des IIe et IIIe siècle. La vision gnostique soutient que le monde matériel est une illusion, œuvre du Dieu de l’Ancien Testament, qui est un dieu méchant, ou au moins inférieur."
"Si Jésus, selon l’Evangile de Judas, (…) ordonne lui-même à l’apôtre de le trahir c’est afin que, en mourant, l’esprit divin qui est en lui puisse finalement se libérer de l’enveloppe de la chair et remonter au ciel. Le mariage qui préside les naissances est à éviter (encratisme) ; la femme se sauvera uniquement si ‘le principe féminin’ (thelus) qu’elle personnifie, se transforme en principe masculin, c’est-à-dire si elle cesse d’être femme" !
"Ce sont des choses qui ne mériteraient pas d’être traitées en ce lieu et aujourd’hui, mais nous ne pouvons pas permettre que le silence des croyants soit interprété comme un sentiment d’embarras et que la bonne foi (ou la naïveté ?) de millions de personnes soit impunément manipulée par les médias, sans élever la voix pour protester au nom, non seulement de la foi, mais aussi du bon sens et d’une raison saine."
"Nous sommes à l’époque des médias et les médias s’intéressent davantage à la nouveauté qu’à la vérité."
Addendum : le texte intégral de l’homélie est disponible ici.