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France : Politique en France

L’Etat est-il légitime de s’occuper de politique familiale ?

Excellent discours du responsable provincial des Familles Plumées pour le Sud-Ouest de la France, prononcé à Bordeaux hier :

B"[…] C’est une habitude assez fréquente chez les promoteurs de la société collectiviste que de transformer une politique lambda en politique de redistribution dite sociale. Pour ceux que cela intéresse, je les renvoie au fonctionnement de l’Assurance Maladie qui était censé être une assurance. Une assurance publique en situation de monopole mais une assurance néanmoins. Mais l’assurance maladie est en fait une politique de redistribution sociale. Quand on cotise à une assurance, on paye en fonction du risque que l’on représente. Aucun assureur n’aurait l’idée de vos demander le montant de vos revenus pour estimer votre prime d’assurance. L’Assurance Maladie si, puisque plus vous gagnez, plus vous payez. Et on peut-être certain que le plafond de ressource sera bientôt aussi appliqué à l’Assurance Maladie. Ainsi plus vous gagnerez, plus vous payerez mais moins vous recevrez.

Les allocations familiales ne sont donc pas le seul lieu ou une politique publique lambda a été transformée en politique de redistribution sociale. Le plafond de ressources à 6.000 euros par foyer pour pouvoir recevoir des allocations familiales sera très certainement abaissé dans le futur et il est probable que l’on devienne un riche à 4.000 euros par foyer, plus à 3.000, ainsi de suite.

Si l’on prend un peu de recul par rapport à cette énième trahison de nos dirigeants contre laquelle nous nous mobilisons aujourd’hui, il ne faut pas s’étonner plus que cela de ce qui arrive en ce moment. Nous avons bâti ou laissé bâtir un Etat-Providence qui ponctionne plus de 60% de la richesse créée en France chaque année. Les clans qui s’affrontent pour le contrôle de l’Etat, en en devenant maîtres, mettent la main sur une manne financière qu’ils distribuent à qui bon leur semble, au gré de leurs intérêts et de leur idéologie. Les familles n’en font pas partie.

On peut même aller plus loin et se demander si vraiment une politique familiale est un sujet sur lequel l’Etat est légitime. Historiquement, le rôle de l’Etat, se limite à deux fonctions : la Force et le Droit. La Police et l’Armée d’un côté, la Justice de l’autre. A cela venait s’adjoindre quelques fonctions annexes comme les affaires étrangères, l’aménagement du territoire ou la levée d’impôt. Mais l’Etat, en faisant cela, restait dans son cœur de métier, ou réside sa seule légitimité. Ces fonctions sont dites régaliennes. Ce mot vient de regalis qui veut dire royal et exprime ainsi le caractère sacré de cette portion du pouvoir. Dire le droit et rendre la Justice pour tenter de définir les contours du bien et du mal. User de la force pour faire respecter le droit. Passant totalement à côté de ce que peut-être le rôle réel d’un Etat souverain, nos plus hauts dirigeants se lamentent à longueur de journée et à juste titre de la « désacralisation » de la fonction présidentielle. Mais pour qu’il y ait du sacré, encore faudrait-il s’occuper de ce qui en relève. Les fonctions régaliennes, les fonctions sacrées, sont les seules fonctions que l’Etat est légitime à exercer et à être le seul à exercer.

Pour tout le reste, le débat est ouvert mais force est de constater que la société civile s’est de tout temps très bien débrouillée qu’elle agisse par le biais d’associations à but lucratif ou non, à but confessionnel ou non.

Aujourd’hui en France, moins de 10% du budget de la sphère publique est consacré aux fonctions régaliennes tandis que près de 60% est consacré à la protection sociale.

La politique familiale en France a pour but d’encourager les familles à avoir des enfants. Aujourd’hui il faut d'ailleurs plutôt dire : « La politique familiale en France a pour but d’encourager certaines familles à avoir des enfants ». Mais est-ce vraiment le rôle de l’Etat que d’inciter ou de désinciter les familles à avoir des enfants ? Est-il légitime pour cela ?

Si on répond par l’affirmative, on est d’accord avec le fait qu’un jour peut-être l’Etat, au gré de ses intérêts discriminera non plus seulement les familles nombreuses qui ont plus d’un certain revenu mensuel mais les familles nombreuses tout court. Si l’on a accepte le principe que l’Etat intervienne pour tenter d’influer sur le nombre d’enfants par familles, on ne doit pas s’étonner que s’il souhaite influer plutôt à la hausse aujourd’hui, il puisse demain vouloir influer à la baisse.

La politique de l’enfant unique que mène l’Etat-Providence Chinois n’est que le revers de la médaille de la politique familiale qu’a mené l’Etat-Providence Français depuis 50 ans. En France, les dirigeants de l’Etat-Providence ont pensé que davantage d’enfants serait profitable, en Chine ils ont pensé que moins d’enfants leur profiterait. La direction est opposée mais le principe d’acceptation de l’intervention de l’Etat au sein des foyers est le même. C’est un principe que je refuse en bloc.

Certains objecteront qu’en France il s’agit d’incitations alors qu’en Chine il s’agit d’obligation. Ce n’est que partiellement vrai. Et même si ça l’était, ce n’est pour autant qu’une question de degré mais la nature du problème reste la même. Le principe de l’intervention de l’Etat-Providence dans l’intimité des familles est-il légitime ou ne l’est-il pas ? Par ailleurs, il est des contextes où l’incitation crée une telle contrainte qu’elle s’apparente à une obligation. Quand on vous prend tout et qu’après on vous dit que vous pouvez avoir autant d’enfants que vous voulez, cela peut s’apparenter à une incitation sans obligation mais il est néanmoins douteux que le couple en question se sente à la hauteur pour élever 10 enfants dans ces conditions.

Ceux qui travaillent pour l’Etat-Providence peuvent néanmoins se réjouir car l’Etat-Providence sait soigner les siens. Les fonctionnaires perçoivent les allocations familiales en plus de leur supplément famille. Ce supplément famille, dont le coût total dépasse le milliard d’euros, augmente avec le nombre d’enfants et avec le salaire du fonctionnaire concerné. Donc la logique envisagée pour les allocations familiales – plus vous gagnez moins vous touchez – est l’inverse chez les fonctionnaires chez qui plus vous gagnez, plus vous touchez.

Voilà, je m’arrêterai ici en précisant que l’on peut bien sûr être fonctionnaire et partager nos objectifs puisque nous combattons un système spoliateur, inhibant l’initiative et déresponsabilisant, mais nous ne combattons pas des personnes et n’importe qui peut, au cœur même du système et en en étant malgré lui bénéficiaire, le combattre avec générosité pour le changer."

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4 commentaires

  1. Le socialisme c’est non seulement le vol, mais c’est un totalitarisme et il a commencé en France bien avant François H.

  2. On peut aussi parler du système des retraites qui est aussi une politique familiale. Je m’explique:
    A XIX° siècle, les familles mettaient de côté l’argent qui leur servirait de rente à la retraite; on parlait alors de rentiers.
    Le rentier touchait les dividendes de son capital accumulé pendant sa vie de travail.
    A son décès, son capital allait à ses enfants avec des droits de succession minimes.
    Aujourd’hui, durant ma vie de travail je cotise pour les autres en espérant que dans le futur d’autres cotiseront pour moi quand je serai en retraite.
    Il n’y a plus aucun capital amassé et plus aucun capital transmis au enfants.
    Autre inconvénient de taille: comme il n’y a plus d’accumulation de capital par les familles, le capital des entreprises française appartient de plus en plus à des étrangers.
    Bilan: perte pour les familles et perte globale pour la France.

  3. l’Etat est-il aussi légitime pour réglementer les méthodes éducatives au sein de l’intimité des familles?
    Les débats qui ont été récemment réactivés à l’Assemblée au sujet de la fessée ou de la gifle semblent une fois de plus remettre en question la façon dont les parents peuvent essayer de sauvegarder leur autorité sous leur propre toit quand la parole et les explications ne suffisent plus.
    Pour le coup à quoi servent les parents? A payer et à rien d’autre puisque l’Etat veut éduquer nos enfants à notre place et priver les familles de toute possibilité de conserver un semblant autorité.

  4. Seul un Etat voyou se permet cette intrusion.

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