Mère Agnès-Mariam de la Croix est interrogée dans Présent. Extraits :
"[…] L’histoire dévoilera – plus tard, peut-être trop tard – ce que nous avons vu de nos yeux : lors de ce qu’on a appelé le printemps arabe en Syrie, certains citoyens, au sein de la société syrienne, souhaitaient plus de libertés. Mais dans l’ombre, et dès le début, des hordes mercenaires agissaient et attentaient gravement à la sécurité publique, essayant d’ébranler les assises de la vie sociale, de semer le désordre et de paralyser toute vie normale en Syrie. Les chancelleries du monde peuvent aujourd’hui verser des larmes de crocodile sur le destin de ceux qu’elles appellent les « minorités » – Yazidis, Syriaques, Chaldéens, Assyriens… – elles ne veulent pas avouer que l’Etat islamique n’est pas né ex nihilo, mais n’est que la métamorphose habilement assistée des mêmes mercenaires envoyés comme cellule dormante dès avant le prétendu « printemps arabe » en Syrie pour déstabiliser un pays, à grand renfort de massacres, d’attentats, de voitures piégées et d’actes injustifiés…
[…] Je vis en Syrie depuis vingt ans : comme témoin, j’ai vu, j’ai parlé, et ce que j’ai dit a été confirmé par la suite par les événements pour ceux qui m’ont fait taire, notamment des institutions catholiques prétendument pionnières dans la protection des chrétiens. Leur manque de retenue me scandalise, leurs positions ont aidé à l’implantation du chaos et ont laissé venir les dénouements dramatiques contre lesquels s’insurgent hypocritement les décideurs internationaux. Si le prix à payer pour dire la vérité est d’être diffamée, je l’accepte de bon cœur.
Comment les chrétiens jugent-ils sur place la situation actuelle de la Syrie ?
Là où nous en sommes, je crois que j’exprime la pensée de la majorité de nos pères, frères et sœurs : en Orient, les chrétiens n’ont pas besoin d’être protégés. Ils jouissaient de droits solides, dans le cadre de l’Etat auquel ils appartiennent. Ce dont ils ont besoin, c’est que les acteurs internationaux cessent de permettre sournoisement leur agression, en vue d’une redistribution démographique et d’un nettoyage ethnique pour en arriver au redécoupage du territoire. […]"
