Nous recevons cette épître qui sera publiée en plusieurs parties sur le Salon Beige. Commencée pour l’Ascension, la lettre à un frère (prêtre) orthodoxe s’est achevée le jour de la Fête-Dieu. Le moine précise :
« J’ai laissé jaillir, tout en suivant quelques documents anciens. C’est une contemplation de l’œuvre de Dieu, que les divisions venant des hommes ne peuvent atteindre en elle-même ni ne doivent faire oublier… »
Ascension du Seigneur 2019
Kairé, χαίρε !
C’est le salut de l’archange Gabriel à la Vierge Marie ! C’est mon salut, en ce jour où nous célébrons le Christ qui nous a dit : « Je suis sorti du Père et venu dans le monde : de nouveau je laisse le monde et je vais au Père. » (Jn 16,28) Comme les apôtres, nous contemplons le Père, nous l’aimons car il nous a aimés le premier : « En effet, le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu. » (Jn 16,27)
Foi identique
Nous avons la même FOI dans le Christ Pantocrator, nous avons le même Père qui nous aime, nous avons reçu le même baptême au nom de la Trinité Sainte et la même imposition des mains qui a renouvelé en nous la puissance de la Pentecôte. Louange à l’Esprit de sanctification ! C’est ce même Esprit qui, par l’Eglise Apostolique, nous a donné d’avoir part au sacerdoce unique du Christ pour servir à son autel.
Frères du Christ
Nous sommes frères dans l’amour du Christ. C’est une élévation du cœur vers la Sainte Trinité qui me presse aujourd’hui à venir à toi, de partager avec toi quelques trésors spirituels, pour remercier avec toi Celui qui nous les donne, pour reconnaître ce qui nous unit : même foi reçue au baptême, même espérance : « oh oui, viens Seigneur Jésus (Ap 22,20), même charité « répandue en nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné (Rm 5,5).
Roublev
Sur ma table de travail, depuis environ 50 ans, j’ai l’icône de la Trinité de Roublev. J’ai contemplé son riche symbolisme mais j’adore son mystère. Aujourd’hui, je te retrouve à la place centrale que les trois personnes divines nous présentent. Tu es invité, je suis invité aux noces de l’Agneau mystique. A ces noces il y a un Epoux, il y a une seule Epouse, il ne peut y en avoir deux. Comme Jean-Baptiste, à notre manière, nous sommes « ami de l’Epoux qui se tient à l’écoute : il se réjouit de la voix de l’Epoux. Telle est donc ma joie, elle est totale. Il faut qu’il grandisse et que moi je diminue. » (Jn 3, 29-30) Le Christ aime l’Epouse, son Eglise, il l’a rachetée de son Sang, par sa Croix, il l’a comblée des dons de son Esprit. Nous sommes ses « amis » (Jn 15,15).
Amis
Je vous visite comme un ami visite ses amis. Il y a trois jours j’ai reçu ici à l’abbaye la visite d’un petit groupe d’amis catholiques-orthodoxes qui échangent depuis des années. Ils ont fait ensemble, l’an dernier, un pèlerinage en Terre Sainte qui les a beaucoup marqués. Ils ont prié ensemble pour un jeune malade qui était prêt de mourir et qui a retrouvé aujourd’hui la santé. La prière nous unit à Dieu et nous unit aussi entre nous. C’est pourquoi, après avoir échangé – non sans une bonne interprète, nous avons été prier et même chanter à l’Eglise. Quelle joie, quelle paix ! L’unité est déjà là quand nos cœurs aiment le Christ et que nous nous aimons les uns les autres.
Paraclet
Nous avançons pas à pas sur le chemin de Dieu qui est Amour. Cette lettre est un petit pas comme celui de l’enfant qui apprend à marcher. Pour cela il a besoin d’être soutenu, encouragé. Nous avons l’Esprit Paraclet qui nous soutient chaque fois que nous l’appelons au secours.
Unité
Nous sommes des enfants, renés par le saint Baptême. C’est notre source familiale : nous croyons à « un seul baptême ». J’aime cet hymne à l’unité que chante Paul Apôtre dans sa lettre aux Ephésiens (Eph 4, 1-5). Ce mot « UN » est répété un peu comme un refrain d’amour : « empressés à garder l’unité de l’Esprit dans le lien de la paix : un Corps et un Esprit, comme vous avez aussi été appelé à une espérance, celle de notre vocation. Un Seigneur, une Foi, Un Baptême, Un Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous et au milieu de tous et en tous. A chacun d’entre nous a été donné la grâce selon la mesure du don du Christ… » (Eph 4, 3-7)
