Voici la suite de l’épître publiée en plusieurs parties sur le Salon Beige. Commencée pour l’Ascension, la lettre à un frère (prêtre) orthodoxe s’est achevée le jour de la Fête-Dieu. Le moine précise : « J’ai laissé jaillir, tout en suivant quelques documents anciens. C’est une contemplation de l’œuvre de Dieu, que les divisions venant des hommes ne peuvent atteindre en elle-même ni ne doivent faire oublier… »
Conciles Œcuméniques
Notre premier bien étant la foi, nous avons en commun les conciles œcuméniques qui ont défini la foi orthodoxe résumée dans les symboles. Le premier et le plus connu est celui de Nicée en 325 ; il promulgue un Symbole proclamant la divinité du Christ ; le nom d’Athanase lui est attaché car il l’a défendu contre les Ariens avec courage. Les noms de Basile et de Grégoire de Naziance sont liés au concile de Constantinople I (381) qu’ils ont préparé : le « Traité du Saint Esprit » de Basile a donné les fondements de la définition de la divinité du Saint Esprit. Saint Cyrille d’Alexandrie, par sa réfutation de la doctrine de Nestorius a suggéré au concile d’Ephèse (431) les vérités concernant l’humanité du Christ et la Maternité Divine de Marie (Theotokos). Le concile de Chalcédoine (451) expose avec clarté la vérité sur les deux natures, divines et humaines, dans l’unique personne du Christ ; son symbole nous est commun. Son approbation par les lettres du pape Léon I (21 mars 453) nous rappelle que tous ces conciles sont œcuméniques et unissent Orient et Occident dans une communion effective : ils sont tous préparés surtout en Orient et c’est là que les Pères se réunissent. Mais tous sont reçus et approuvés par l’autorité de l’évêque de Rome.
Orient et Occident définissent la foi
Il faut rendre grâce à la fois pour la fécondité doctrinale des Eglises d’Orient et pour la fidélité des Eglises d’Occident illustrées par Ambroise, Hilaire, Augustin. Les conciles de Constantinople II (553) et III (680-681) continuent à préciser la vérité sur la nature humaine du Christ, en particulier ses deux volontés. Le concile de Nicée II (787) met fin à l’iconoclasme. L’Eglise de Rome soutient fortement la doctrine concernant le culte rendu aux saintes Icônes ; la fête de l’orthodoxie est instituée pour en faire mémoire.
Ces premiers conciles œcuméniques soudent nos Eglises dans l’unité d’une même foi. Les théologiens, en Orient et en Occident, développent l’intelligence de cette foi dans une communion de pensée qui ne va pas sans traductions et sans voyages, pensons à saint Jérôme qui passe de Rome en Terre Sainte, aller et retour…
Saint Jean Damascène, par sa synthèse théologique « De la foi orthodoxe », écrite en grec mais traduite en latin, est un initiateur de la grande théologie en Orient mais aussi en Occident. Saint Thomas d’Aquin dans sa « Somme Théologique » cite volontiers Saint Jean Damascène. Il ouvre sa « Deuxième Partie », sa théologie morale, en s’appuyant sur Jean Damascène. Le même Thomas se réfère aussi à Denys dont les œuvres, traduites en latin, ont eu un grand rayonnement au Moyen-Age. Saint Thomas suit de près le « de natura hominis » cette première synthèse anthropologique attribuée à Saint Grégoire de Nysse et dont l’auteur est Némésius, évêque d’Emèse vers 500. L’apport de la théologie orientale est considérable. Il faudrait aussi mentionner la contemplation mariale de Jean Damascène : ses grandes homélies sur « la dormition » sont des témoins de la foi de l’Eglise en l’Assomption de la Vierge Marie. Selon Saint Louis Marie Grignon de Montfort on y trouve aussi la plus ancienne formule de consécration à Marie connue de nos jours. Foi et théologie sont vécues dans vie contemplative et monastique : là aussi, il y a ascendance commune pour les Eglises d’Orient et d’Occident.
Moines
Les moines sont nés en Egypte, les ermites avec Antoine, les cénobites avec Pacôme. La « Vie de Saint Antoine » d’Athanase a été diffusée en Orient : Palestine, Asie Mineure etc. Basile et Grégoire ont inauguré une vie contemplative et les Règles de saint Basile ont contribué à organiser le cénobitisme naissant. En Occident, les Conférences de Cassien et les Vies des Pères ont semé jusqu’à nos jours les germes de la vie monastique. Saint Benoît s’en inspire dans sa Règle qu’il achève en recommandant de lire « notre père saint Basile ». En sens inverse, le Pape Saint Grégoire le Grand écrit ses « Dialogues » qui contiennent la vie de saint Benoît et beaucoup de pages monastiques. Ils sont traduits en grec et diffusés en Orient, ce qui vaut au pape Grégoire le surnom de « O Dialogos ». On ne peut passer sous silence la figure de saint Martin, originaire d’Europe centrale, qui se fit moine à Ligugé (Gaule) puis devint évêque de Tours. Chez lui comme à Lérins, cette île de la Méditerranée foyer monastique, les influences orientales se manifestent. Les moniales se multiplient en Occident comme en Orient.
En contemplant ces siècles où la foi et la théologie ont manifesté progressivement le Mystère de la personne du Christ, où ses icônes ont été multipliées et validées, où les moines ont suivi le Christ au désert, rendons grâces à son Esprit qui fait entrer l’Eglise dans la vérité toute entière.