Pour les élections municipales à La Roche-sur-Yon (Vendée), plusieurs listes se présentent contre celle du maire sortant Pierre Regnault (PS). Celle d'union de l'UMP, de l'UDI du Modem et du PCD (Laurence De Ena, représentante PCD, est en 20e position) est menée par Luc Bouard. Parmi ses colistiers, il y a quelques cadres locaux et militants de La Manif Pour Tous, en particulier l'ex-porte parole de ce mouvement en Vendée, Anne-Cécile Staub, qui a rejoint "Sens commun".
Or, aucun des candidats de cette liste n'a signé la charte LMPT. Le bruit court que Luc Bouard aurait même interdit de le faire. Les milieux catholiques vendéens sont, naturellement, choqués. C'est un euphémisme. La 6e de liste, Anne-Sophie Fagot, représentante de Sens Commun en Vendée, n'a pas non plus signé la charte LMPT.
A quelques jours du premier tour, la panique semble s'emparer du tout petit (dans tous les sens du terme) milieu politique yonnais. En effet, Anne-Cécile Staub, 16e sur la liste Bouard, vient de se fendre d'une lettre ("étonnamment" sans date ni signature autographe), diffusée par courriel, dans laquelle elle tente, bien maladroitement, d'expliquer que de ne pas avoir signé la charte LMPT n'a, dans le fond, pas beaucoup d'importance et qu'il ne s'agit là, en aucune manière, d'une compromission politicienne ou d'un reniement moral. A sa lecture, on hésite entre la colère et un immense éclat de rire : quel mépris pour l'intelligence de ses concitoyens sous couvert de dévouement pour le bien commun !
Mais, pourquoi une telle lettre (Lettre Anne-Cécile Staub) qui prétend ne pas être une justification : "Plus que de justifier ma démarche je voulais, par cette lettre, vous assurer de mon engagement le plus total…" ? Craint-on que les électeurs catholiques, écoeurés, ne se reportent sur la liste menée par Brigitte Neveux (FN) qui, elle, a signé, avec un certain nombre de ses colistiers, la charte LMPT ?
Le problème de l'entrisme, c'est qu'il finit souvent par faire prévaloir des carrières personnelles sur les principes non négociables. Si, en politique, les places et les prébendes se négocient, les principes fondamentaux, eux, ne sont pas négociables !