Les autorités politiques, religieuses et judiciaires américaines se préparent à deux décisions de la Cour suprême sur l’exposition des Dix Commandements dans les lieux publics qui auront un impact sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. La décision est attendue au plus tôt jeudi.
La droite religieuse affirme que l’Amérique est un pays "chrétien" et dénonce une tentative pour renier cet héritage. Comme en Europe. A l’opposé, les laïcistes craignent qu’une vague de christianisme conservateur n’érode la séparation de l’Eglise et de l’Etat et ne mette en danger le principe selon lequel tous les Américains sont égaux.
La question la plus controversée est l’exposition, dans des palais de justice du Kentucky, de copies encadrées des Dix commandements, aux côtés d’autres documents considérés comme des fondements du droit américain. Les juges peuvent décider que "le gouvernement peut favoriser un point de vue religieux particulier et choisir le christianisme parce qu’il y a des Chrétiens dans notre héritage". L’auteur semble oublier qu’il s’agit aussi d’un héritage juif… A l’inverse, la Cour suprême peut considérer "qu’il y a des circonstances où le gouvernement ne peut pas afficher les Dix Commandements malgré leur importance dans notre histoire et qu’il faut dire clairement que tous les citoyens sont égaux devant la loi".
Dans le cas du Texas, la Cour devra décider si le parlement de cet Etat peut conserver son monument de près de deux mètres de haut représentant les tables de la Loi. Cela pourrait être moins difficile à résoudre que le cas du Kentucky car le monument est un don privé. Les juges pourraient choisir une position de compromis et faire valoir que ce n’était pas nécessairement approuvé par le gouvernement de l’Etat du Texas, un élément qui le rendrait inconstitutionnel.
Les juges de la Cour suprême sont confrontés à une décision plus délicate dans le cas du Kentucky, car les autorités du comté ont installé elles-mêmes la plaque des Dix Commandements dans le palais de justice et défendu cette décision devant les tribunaux. Il sera alors difficile de faire valoir que le gouvernement local n’a pas approuvé l’exposition des Dix Commandements.
Semblant soutenir l’exposition des Dix commandements dans des lieux publics, le juge de la Cour suprême Antonin Scalia, l’avait considéré comme un "symbole du fait que le gouvernement tire son autorité de Dieu", ajoutant ne rien voir de mal "à ce que le gouvernement reflète cela. Nous sommes une société tolérante".
Il serait utile que ce débat arrive en France, où certains lieux ont été caractérisés comme des "déserts spirituels" par un médiatique ministre qui semblait le regretter…