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France : Politique en France

Libéral-conservatisme ou populisme conservateur ?

Libéral-conservatisme ou populisme conservateur ?

De Me Frédéric Pichon sur Boulevard Voltaire :

Il n’a pas fallu longtemps pour que la débâcle des Républicains révèle au grand jour leurs contradictions substantielles : entre un courant conservateur et souverainiste modéré et un courant mondialiste, libertaire et Macron-compatible, il ne s’agit pas simplement d’une querelle d’ego mais bien d’incompatibilités de fond.

Et il serait fort malhonnête de faire payer au jeune Bellamy les pots cassés de ces contradictions.

Sarkozy avait été élu sur une ligne Buisson anti-soixante-huitarde et les Français ont eu droit à l’ouverture à gauche et à Kouchner, incarnation de cet esprit soixante-huitard. Ces contradictions permanentes finissent pas se payer au prix fort aujourd’hui.

Si la fraction bourgeoise des Républicains s’est ralliée à Emmanuel Macron, pensant y voir l’intérêt, à court terme, de son portefeuille, une partie non négligeable de militants et d’électeurs des Républicains se retrouvent orphelins. Nicolas Dupont-Aignan, qui aurait pu tirer profit de cette débâcle en préemptant une ligne qui avait fait le succès de Philippe de Villiers, a révélé au grand jour, en écartant Emmanuelle Gave et Jean Frédéric Poisson, que non seulement il n’était pas un homme de parole ou de courage, mais que Les Amoureux de la France étaient un marchepied pour son ego.

Comme le dit si bien Marion Maréchal, il est important qu’existe aux côtés du Rassemblement national un espace autonome susceptible de faire des alliances. Cela supposerait de la part du RN un changement de culture : ne plus seulement traiter des alliés comme des vassaux ou des ralliés mais comme des compatriotes de bonne volonté avec leur sensibilité propre, avec lesquels il est possible de composer.

Cette convergence entre populistes et conservateurs est cohérente sur le plan doctrinal : face au nihilisme mondialiste et destructeur, les patriotes enracinés doivent défendre tout à la fois les frontières, leur identité mais également le processus de destruction tant social (travail le dimanche, délocalisations, absorption de notre industrie par les multinationales) qu’anthropologique (PMA, GPA, théorie du genre, etc.) ou encore écologique. Si, sur le plan sociologique, peuvent subsister des divergences, le dénominateur commun est bien l’identité.

Les questions économiques peuvent être un élément clivant, mais elles ne doivent pas primer sur le reste : les civilisations sont mortelles et si un pays peut se remettre d’une crise économique, il se remettra plus difficilement d’un changement de peuple et de culture. Il me semble, également, que s’il l’on peut et doit être attaché à la liberté d’entreprise, hostile à la bureaucratie et à l’asphyxie fiscale, le terme « libéral » est anxiogène pour ceux qui souffrent le plus et recouvre une telle multiplicité de définitions qu’il ajouterait à la confusion. En Angleterre, la ligne libérale conservatrice de Margaret Thatcher a été absorbée par la finance et fut surtout profitable aux traders de la City beaucoup plus qu’au peuple.

Certes, le populisme doit être régulé par la raison et la responsabilité, au risque de ne devenir qu’une réaction épidermique et compulsive, mais une ligne libérale conservatrice aurait un effet repoussoir pour la majorité de nos compatriotes en voie de paupérisation. Il importe donc aux conservateurs d’avoir le sens de cette responsabilité et d’éviter de s’enfermer dans une voie de garage libérale conservatrice inaudible, en France, au-delà de 3 % des Français.

Éric Zemmour avait regretté l’absence de convergence entre les gilets jaunes et la Manif pour tous. Par sa popularité auprès des milieux populaires aussi bien qu’auprès des déçus des Républicains, Marion Maréchal pourrait incarner cette convergence.

Espérons que sa sortie récente providentiellement intervenue le soir de la démission de Laurent Wauquiez soit le début d’une grande amitié française.

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9 commentaires

  1. Me Pichon a bien saisi le fond du problème, à savoir que le libéralisme économique était incompatible avec les aspirations à la sécurité et à la protection économique de la grande majorité des électeurs du RN, mais il est évident qu’un simple changement d’image du courant conservateur qu’il défend ne suffira pas.
    Pour composer et trouver des compromis, encore faudrait-il pouvoir mesurer ce que pèse véritablement dans l’électorat cette droite “libérale-conservatrice”, dont beaucoup se réclament, mais sans jamais en définir les contours… Faudrait-il aussi qu’elle s’organise politiquement et qu’elle aille devant les urnes en tant que telle avec son programme, et observons le résultat… Ensuite seulement des discutions seront envisageables, car pour faire des concessions il faut être deux ; hors tant que la droite conservatrice ne restera qu’une nébuleuse fantôme non définie et non-organisée politiquement, on voit mal comment on peut “faire des alliances”…
    Mais si d’aventure la volonté de ce courant était de s’installer au sein d’un parti existant pour s’en emparer ainsi que de faire main basse sur ses électeurs, il y en a d’autres avant qui ont essayé et qui s’y sont cassés les dents : que ce soit Mégret ou Philippot sur des lignes politiques très différentes, on sait à chaque fois comment cela s’est terminé… A bon entendeur…

  2. Le parti LR a été miné par son clivage ancien entre conservateurs souverainistes modérés et mondialistes libertaires, comme le soutient justement maître Frédéric Pichon.
    Ce clivage déchire aussi les catholiques sans compter ceux de gauche.
    L’opération Gérard Larcher, dont on ignore l’origine (maçonnique ?), ne semble guère sérieuse. Le personnage manque de notoriété, de légitimité et de charisme. C’est un notable qui aura bientôt 70 ans et donne l’impression de jouir de son piédestal de président de la chambre haute. S’il n’y avait la question de la réforme du Sénat, il aurait déjà rejoint la sphère de Macron. Autrement dit il ne peut incarner le renouveau de la droite.
    Marion Maréchal Le Pen ne peut tenir seule ce rôle. Elle reste prisonnière du FN devenu RN. Son nom ne s’oublie pas. Elle a 29 ans, et son heure n’est pas encore venue.
    LFI a tenté aux Européennes l’opération séduction jeunesse avec Manon Aubry, et ce fut un échec. Idem à LR avec François-Xavier Bellamy. Au RN avec Jordan Bardella ce fut un succès en demi-teinte.
    La droite a besoin de se rassembler. Il lui faut une personnalité susceptible de tenir ce rôle, comme le réussit François Mitterrand à gauche dans les années 70. Elle en est encore loin.

  3. On apprend que les militants LR (combien en reste-t-il vu l’hémorragie?) éliront leur président les 12-13 et 19-20 octobre.
    Dont acte. Mais aucun chef incontestable ne point à l’horizon. C’est pourtant l’ADN d’un parti, dont les fonts baptismaux sont le gaullisme.
    Il y aura ensuite les élections municipales en mars 2020.
    Il faut en conclure que les prémices en vue de rapprochements entre les mouvements de droite ne sont pas envisageables avant le deuxième trimestre de l’année prochaine.
    Beaucoup de choses peuvent se passer d’ici cette période.

  4. M. Pichon ferait mieux de se consacrer à ses dossiers.
    En ce qui concerne le nôtre, j’ai dû rédiger les conclusions !

  5. Pas d’accord, Erouani, quand vous dites que Marion “n’a que” vingt-neuf ans…la plupart de nos rois l’étaient depuis longtemps à son âge, et elle a tété la politique avec le lait de sa mère, posait déjà bébé sur une affiche électorale de son grand-père, élue à dix-huit ans…au contraire elle a plus de bouteille que bien des Asselineau et autres Dupont-Aignan. Et son charme et sa beauté sont un atout. Il faudrait qu’elle arrive à rassembler sous son aile tous les Poisson, Dupont-Aignan, Mégret, Robert Ménard, Vincent Vauclin, Zemmour, voire même cet idiot de Bellamy s’il en est capable, pour faire une force représentative de la vraie droite (plus vraie que le RN actuel…)

  6. Et j’ajoute : c’est l’avis de Steve Bannon, qui n’est pas un enfant de choeur en politique

  7. Faliocha votre suggestion me plaît beaucoup.

  8. Les Républicains doivent clarifier leur ligne : celà passe par un clivage : d’un côté une droite qui ose s’afficher conservatrice sur le plan sociétal et qui pourrait faire alliance – sans être absorbée – par le Rassemblement National : droite aussi populaire et attachée à la France ( assez proche de l’ancien RPR ) ; et une droite plus libérale – orléaniste – proche de l’ancienne UDF et plus Macron compatible ( les fameux électeurs “Versaillais” ) . On ne peux plus diaboliser le Rassemblement National : une analogie : Mitterand avait bien compris en son temps que sans une alliance avec le PC ( à l’époque parti de l’étranger , l’URSS envahissant l’Afganistan ), il ne pourrait pas accéder au pouvoir . La droite doit cesser d’être “la plus bête de monde ” !

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