Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.
Pourquoi ce livre est incontournable ?
Matthieu Lavagna ne se contente pas de répondre aux thèses parfois farfelues de Michel Onfray, il lance une contre-attaque fulgurante contre toutes les assertions anti-chrétiennes, colportées depuis des décennies. Armé de faits, il avance les preuves historiques avec une logique sans faille.
Et en ces temps de relativisme, il est de notre devoir de chrétiens de nous former aux arguments solides nécessaires à la justification de notre foi. Ce livre préfacé par Jean-Christian Petitfils, qui se dévore comme un roman, balaie les calomnies sur les croisades, sur le rôle du Vatican pendant la Shoah, sur la politique africaine de Jean-Paul II… C’est un appel à se réapproprier l’histoire de l’église avec confiance et fierté !
Jean-Christian Petitfils nous donne un aperçu de ce travail remarquable et dans une belle préface :
On peut difficilement reprocher à Michel Onfray de manquer de suite dans les idées, même si, parfois, elles sont franchement creuses ! Reprenant une thèse déjà exposée dans son Traité d’athéologie (2005), puis dans Décadence, vie et mort du judéo-christianisme (2017) et dans Anima (2023), voici qu’il vient de récidiver dans sa Théorie de Jésus, biographie d’une idée, parue en novembre 2023. Non, il n’en démord pas, le personnage historique de Jésus de Nazareth n’a jamais existé ! Ce ne serait qu’un être fictif, symbolique, fantasmé, mythologique, créé « par truquage intellectuel », à partir de l’attente messianique des Hébreux et de quelques passages de l’Ancien Testament. « Notre civilisation tout entière, écrit-il dans Décadence, semble reposer sur la tentative de donner un corps à cet être qui n’eut d’autre existence que conceptuelle. » Jésus ? Un simple Père Noël, clame-t-il, en provocateur patenté, dans sa Théorie de Jésus. Par voie de conséquence, le christianisme, religion de l’incarnation d’un Dieu fait homme, mort sur la croix pour le salut de l’humanité pécheresse, devrait s’écrouler comme un château de cartes.
Quelques auteurs avant lui – Charles-François Dupuis à la fin du XVIIIe siècle, David Friedrich Strauss, Bruno Bauer au XIXe siècle, Arthur Drews, Prosper Alfaric ou Paul-Louis Couchoud au début du XXe siècle –, qu’on désigne sous le nom générique de « mythistes », s’étaient déjà aventurés dans cette voie irrationnelle et sans issue, sous le regard affligé des authentiques chercheurs – universitaires, historiens, biblistes, exégètes ou archéologues –, qu’ils fussent chrétiens, juifs, agnostiques ou libres-penseurs. Déjà en 1827, six ans après la mort de l’Aigle à Sainte-Hélène, pour se moquer de ceux qui niaient l’existence de Jésus, et notamment du très sceptique Charles-François Dupuis, auteur d’une Origine de tous les cultes (1795), le bibliothécaire de la ville d’Agen Jean-Baptiste Pérès avait publié une satire intitulée Comme quoi Napoléon n’a jamais existé. Le vainqueur d’Austerlitz ne serait en effet qu’une personnification allégorique du Soleil ! Canular bien mérité ! À la vérité, ce qui était déjà une opinion insoutenable au temps des premiers mythistes devient absurde et loufoque au XXIe alors que des progrès considérables ont été accomplis dans la quête du Jésus de l’Histoire.
Ce qui frappe dans la théorie d’Onfray, condensé de clichés éculés et de raccourcis simplificateurs, s’appuyant sur une bibliographie périmée, vieille d’au moins un siècle, c’est la méconnaissance profonde de l’exégèse moderne, qui a montré, par exemple, l’importance du pesher dans la critique néo-testamentaire, pratique consistant à actualiser les textes de la Bible ancienne afin d’y lire les paroles et les actes du Christ, c’est aussi l’ignorance totale des dernières découvertes archéologiques en Terre sainte, pourtant fort nombreuses et fort instructives. Un de ses arguments est de dire que le village de Nazareth, en Basse Galilée, ignoré de l’Ancien Testament, n’a jamais existé au Ier siècle : preuve imparable que Jésus de Nazareth lui-même n’aurait eu aucune existence réelle ! Qu’il se renseigne donc avant de proférer pareille fadaise sur les remarquables travaux de l’archéologue britannique Ken Dark, que celui-ci vient d’exposer en détail dans un livre paru cette année !
Professeur du christianisme ancien, normalien et ancien membre de l’École française de Rome, Jean-Marie Salamito avait déjà pointé en 2017 la prose belliqueuse, emplie d’élucubrations fébriles, d’un Michel Onfray totalement égaré par la passion antichrétienne et qui se déconsidérait lui-même en invectivant ses contradicteurs universitaires. « Ce livre, écrivait ce grand spécialiste des débuts du christianisme au sujet de Décadence, ne témoigne d’aucune compréhension, d’aucune sérénité, mais plutôt d’une lancinante hostilité, combinée avec d’innombrables ignorances. »
Conférencier, mathématicien, diplômé de philosophie et de théologie à l’Institut Docteur Angélique, auteur d’un brillant travail d’apologétique, Soyez rationnel, devenez catholique ! paru récemment, Matthieu Lavagna a repris l’ensemble du dossier dans le présent ouvrage, alignant posément, calmement, mais non sans vigueur intellectuelle, les arguments en faveur de la vérité historique. Son travail est clair, méthodique, exhaustif, convaincant. Il lui a fallu beaucoup de patience pour récuser une à une les accusations outrancières, caricaturales, falsificatrices, parfois délirantes, de Michel Onfray. L’auteur insiste sur sa stupéfiante pauvreté argumentaire, qui se contente d’aligner approximations gratuites, affirmations péremptoires et contre-vérités manifestes, utilisées comme autant de munitions de guerre afin d’anéantir le christianisme.
Indépendamment des sources chrétiennes (particulièrement l’Évangile d’un exceptionnel témoin oculaire, Jean), Matthieu Lavagna montre naturellement que l’existence de Jésus se trouve attestée par plusieurs sources extérieures au christianisme extrêmement fiables : Tacite, ancien gouverneur de la province d’Asie, Pline le Jeune, proconsul de Bithynie au début du IIe siècle, Suétone, chef du bureau des correspondances de l’empereur Hadrien, etc. Un texte capital est celui d’un écrivain juif romanisé du Ier siècle, Flavius Josèphe, qui avait connu à Jérusalem les premières communautés chrétiennes : il parle d’un « sage » nommé Jésus qui fit un grand nombre d’adeptes. « Pilate le condamna à être crucifié et à mourir. Mais ceux qui étaient devenus ses disciples continuèrent de l’être. Ils disaient qu’il leur était apparu trois jours après sa crucifixion et qu’il était vivant : ainsi, il était peut-être le Messie au sujet duquel les prophètes ont raconté des merveilles » (texte débarrassé des interpolations chrétiennes, trouvé dans les écrits de l’historien Agapios de Manbij).
Réceptacle des anciennes traditions juives, le traité Sanhédrin du Talmud de Babylone évoque également son nom : « La veille de la Pâque, on pendit (à la croix) Yeshû ha-notsri (Jésus le Nazaréen) parce qu’il a pratiqué la sorcellerie, a séduit et égaré Israël. » Il aurait été tellement plus facile aux rédacteurs juifs de dénoncer, à la manière d’Onfray, l’inexistence de ce personnage encombrant ! Même le philosophe platonicien Celse (IIe siècle), impétueux polémiste qui exécrait le Christ, ne contestait nullement son existence historique.
Dans sa détestation du christianisme, Onfray ne se contente pas de nier l’existence terrestre de Jésus ou de piétiner la crédibilité historique des Évangiles canoniques, il accuse ce Jésus mythique d’être antisémite et – on mesurera l’énormité ! – le précurseur d’Adolphe Hitler quand il chasse à coups de fouet les marchands du Temple : « Comment, écrit-il dans Décadence, ne pas songer que ce Christ-là annonce Hitler qui se donne pour tâche lui aussi de chasser les marchands du Temple, juifs, afin de réaliser la parousie d’un Reich millénaire ? » Ahurissant ! Pitoyable ! Complètement hors sol !
Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, le polémiste soumet saint Paul à une psychanalyse de bazar (névrose, haine du corps, de la sexualité, passion pour la mort), écrase de sa morgue les Pères de l’Église aux raisonnements pourtant si pénétrants, accuse le Vatican d’antisémitisme systémique, accable Pie XII d’être un pape nazi (alors qu’aujourd’hui certains en Israël réclament pour lui le titre de « Juste parmi les nations » pour avoir sauvé avec discrétion de nombreuses vies juives !), et reprend naturellement, sans nuance ni bien entendu rigueur historique, tous les clichés éculés de la légende noire : les croisades, l’Inquisition, la misogynie de l’Église, sa complicité avec la colonisation et l’esclavage, sa persécution de la science depuis l’affaire Galilée…
Il va jusqu’à affirmer que la croyance religieuse – oui, vous avez bien lu, toute croyance religieuse ! – relève de la « pathologie mentale », sans pour autant d’ailleurs être capable d’esquisser la moindre argumentation philosophique contre l’existence de Dieu. Ses charges sont d’une violence d’autant plus inouïe qu’elles ne sont étayées par aucune construction intellectuelle. Nul doute que s’il suffisait d’alterner allégations douteuses et invectives venimeuses, Michel Onfray serait un grand philosophe, reconnu non seulement dans l’univers médiatique où il excelle à se mouvoir, mais par les authentiques savants, historiens, biblistes et archéologues. Malheureusement, ses diatribes ne s’élèvent guère au-dessus de la prose de La Calotte, le journal de l’anticléricalisme primaire… »
Lisez donc le beau livre de Matthieu Lavagna, relisez-le, inoculez-le-vous, et à haute dose, tel un efficace contrepoison, Non, le Christ n’est pas un mythe !
Commandes sur LIVRES EN FAMILLE, vous y retrouverez les différentes recensions, critiques, vidéo d’argumentation et commentaires sur cet ouvrage.
Libre réponse à Michel Onfray – NON le Christ n’est pas un mythe, Matthieu Lavagna, Préface de Jean-Christian Petitfils, Editions Artège, 258 pages, 18.90€.
cadoudal
on n’a pas le temps de s’intéresser à tous les dingues enragés contre le Christ qui déversent leurs délires!
la terre et l’ enfer en sont pleins.
Bernard Mitjavile
Que Michel Onfray mette en avant une thèse débile comme nier l’existence historique de Jésus, c’est une chose. Nier l’existence de Jésus, c’est à peu près aussi malin que de nier celle de Jules César.. Un problème plus grave, c’est l’écho qui est donné à son livre par les médias en France.
cadoudal
ainsi le nietzschéen déclaré Onfray est utilisé par nos médias maçonniques pour l’ œuvre de déchristianisation déjà bien avancée de la Révolution nihiliste et pour l ‘inversion généralisée des valeurs de civilisation .
Michel
Michel Onfray devrait se cantonner à la philosophie et ne pas s’aventurer sur un terrain qu’il visiblement connaît mal, l’histoire, où manifestement il n’a pas les prérequis, ce qui lui éviterait de dire des bêtises et de se disqualifier.
Jugez plutôt : il déclare sur Philosophie Magazine le 20/11/2020 (Source : https://www.philomag.com/articles/michel-onfray-il-ny-pas-de-retour-de-gaulle-juste-un-prurit-commemoratif-de-nos-0) que « La thèse du double jeu de De Gaulle est un élément de langage des antigaullistes, notamment de l’extrême droite, la vraie, celle qui a fait du « Je vous ai compris » une promesse faite aux tenants de l’Algérie française coloniale ».
Dans un courriel que je lui adressai alors, je lui faisais aimablement remarquer que le double-jeu de De Gaulle n’était pas qu’« un élément de langage des antigaullistes » mais bien la RÉALITÉ, comme le prouve la fin de son discours prononcé le 06 juin 1958 (soit 2 jours après celui du « Je vous ai compris » d’Alger) devant des milliers de spectateurs présents et d’auditeurs de Radio-Alger.
En effet, ceux-ci ont bien entendu De Gaulle s’écrier ce jour-là : « Vive Mostaganem ! VIVE L’ALGÉRIE FRANÇAISE ! Vive la République française ! Vive la France ». J’en donnai la preuve à mon interlocuteur avec le lien de l’enregistrement sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=ja7plcsBuHE
Depuis, je n’ai reçu aucune réponse de Michel Onfray…