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Culture

L’idéologie des Lumières, à la source de la culture de mort actuelle

L’idéologie des Lumières, à la source de la culture de mort actuelle

L’auteur de ce livre, Du temps des Lumières à Napoléon. Recueil d’entretiens “révolutionnaires”, paru il y a un peu moins de deux ans, a consacré une douzaine d’ouvrages à une relecture du temps des Lumières, de la Révolution et de l’oeuvre napoléonienne. Ces études à rebours des idées enseignées ont valu à leur signataire des entretiens dans diverses publications. Le présent volume rassemble une douzaine de ces entretiens donnés à des publications qui nous sont proches, parmi lesquelles votre blogue préféré.

Au fil des pages, l’auteur évoque l’idéologie de Rousseau, Montesquieu, Voltaire, Diderot, Laclos, Napoléon, au point de synthétiser ses différents ouvrages, dans une lecture très accessible et agréable.

En lisant méticuleusement les penseurs du XVIIIe siècle et les orateurs de la Révolution, Xavier Martin, historien du droit, a montré à quel point la propagande officielle était mensongère. Bien loin de l’humanisme qui leur est généralement attribué, ces penseurs et ces orateurs étaient persuadés que l’homme n’est qu’une bête, voire une machine ! Le problème c’est qu’il ne s’agit pas uniquement d’idéologie passée : les Lumières impriment profondément notre société et on ne peut que constater la filiation directe avec les revendications actuelles de la culture de mort :

Autre élément d’actualité, d’ailleurs en prise directe avec cette intention : la vision de l’homme, organiciste, eugéniste, etc. qui sous-tend toutes les dérives bioéthiques contemporaines vient en droite ligne du scientisme des Lumières, à travers l’histoire de la pensée médicale des XIXe et XXe siècle, jusques et y compris, faudrait-il ajouter, dans la sphère nationale-socialiste. Ce thème serait à préciser, à développer, mais je ne pourrais que répéter ce qui est dit, à grand renfort de citations référencées, dans bien des pages de mes ouvrages.

Ailleurs, l’auteur montre ce qu’il en est réellement de la fameuse déclaration des droits de l’homme :

Tout d’abord, les révolutionnaires en fait, sont peu attachés à la notion de droits de l’homme, encore moins à celle de déclarations des droits. Celle de 1789 n’est pas “proclamée” le 26 août, comme le répète tout un chacun ; la réalité est assez différente : le 27, on décide d’en suspendre l’élaboration, ressentie comme trop hasardeuse, et elle demeurera fixée dans son inachèvement du 26. L’effondrement, dès 1792, de la constitution qui l’a pour préambule, soulage les politiques en ce qu’il ouvre l’occasion de doter la France d’une déclaration moins mal rédigée. Mais celle-ciliée à la constitution “trop” démocratique de 1793, ainsi qu’à dix-huit mois de bombances répressives, est mort-née. Apprêtée sans élan, celle de 1795 (la troisième en six ans : démonétisation du genre !) est sous trois rapports en très nette rupture avec les deux autres : elle instaure des devoirs, délaisse la notion de droits naturels de l’homme, et c’est bien à dessein qu’elle évite la formule désormais exécrée par la classe politique à peu près unanime : “Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits”. Et pourquoi, exécrée ? Parce qu’on est persuadé que c’est là le type même de principe (de “théorie”, dit-on dès lors) qui chamboulant la France, l’a faite ingouvernable.

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