Mgr Nicolas Brouwet à propos de l'idéologie du gender :
"La question qui traverse ces revendications est celle de la liberté. Une liberté conçue, avec l’existentialisme sartrien, comme un commencement absolu : au commencement, il y a la liberté de l’homme. Cet homme se déclare absolument libre, sans aucune entrave, sans nécessité ni déterminisme à affronter. Il ne doit rien à personne ; il ne dépend de personne, pas même de Dieu ; il n’est déterminé par rien. L’existentialisme refuse ainsi l’idée d’une nature humaine qui pourrait nous conditionner. L’homme n’est que projection dans l’existence ; il doit se construire lui-même, s’inventer lui-même. Pour cet homme-là, la liberté est pure spontanéité, un pur jaillissement qui doit pouvoir s’exprimer souverainement. Toute opposition à ce jaillissement est une atteinte insupportable à sa liberté.
On comprend alors pourquoi il refuse toute prédisposition qui l’inclinerait à poser tel acte plutôt que tel autre. Pour lui, tout ce qui est présenté dans la philosophie classique comme une nécessité de nature n’est, au fond, qu’une construction culturelle, une sorte de superstructure oppressive dont il faut s’affranchir pour retrouver sa liberté originelle. Si un enfant l’encombre, pourquoi le garder ? S’il souffre, pourquoi ne pas abréger lui-même sa vie ? S’il préfère épouser un homme plutôt qu’une femme, qui l’en empêchera ? Il n’y a rien d’inscrit en lui-même qui l’aiderait à répondre à ces questions. Dans un tel système, le désir seul oriente la liberté sans aucune référence au bien, c’est-à-dire à ce qui confirmerait la personne dans son humanité. […]Une société dont l’idéal ne consiste plus qu’à exaucer au mieux les désirs de chacun, une société qui ne se croit plus capable de comprendre ce à quoi l’homme est appelé par-delà les cultures et les époques de l’histoire, cette société est menacée de délitement parce que chacun va où son envie le porte, indépendamment de toute référence à un appel commun. […]
La théorie du gender empêche de penser la différence sexuelle comme un élément structurant de notre humanité. Un être humain naît homme ou femme. Cela signifie, pour nous, que personne ne peut réaliser l’humanité à lui tout seul. Il y a une manière féminine d’être humain qui échappera toujours à un homme ; il y a une manière masculine d’être humain qui échappera toujours à une femme. Nous aurons toujours à recevoir de l’autre sexe une façon nouvelle, originale, de regarder la vie, de comprendre une question, de se situer vis-à-vis des autres, d’entrer en relation, une façon de vivre, de penser, d’agir irréductible à ce que nous sommes, à notre propre manière d’appréhender le monde. Cette différence sexuelle est un enrichissement. […]
Avec la théorie du gender, l’identité personnelle ne se comprend plus qu’en termes d’orientation sexuelle. Cette anthropologie est extrêmement simpliste parce qu’elle réduit la question de l’identité à celle du désir : je serai celui ou celle que je désire être. En refusant d’admettre que le corps sexué est porteur de sens, la théorie du gender ne permet pas de se comprendre soi-même. Car en partant de la seule tendance sexuelle, une personnalité ne peut travailler sur elle-même, mûrir, s’unifier, et répondre de manière satisfaisante aux questions qu’elle se pose sur son origine, sur sa place dans le monde, sur sa relation avec les autres.