Suite aux nombreuses réactions à son post sur les limbes, relayé ici, Daoudal approfondit. Extraits :
"Le paradis d’après la fin du temps est d’une certaine manière un lieu, celui des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Mais on ne peut pas conceptualiser ce qu’est l’après la fin du temps, et à plus forte raison ce que peut être un «lieu» après la fin du temps. Car nous sommes enfermés dans le système espace-temps, qui nous empêche d’imaginer ce que peut être un espace sans temps, comme un temps sans espace. […]
C’est pourquoi dans mon texte, qui n’est pas un traité de théologie mais une simple réflexion, je me suis (trop) focalisé sur ce que peut être le paradis hic et nunc, selon les paroles du Seigneur : «Regnum Dei intra vos est» (Luc 17, 21 : le royaume de Dieu est à l’intérieur de vous) […].
Le seul moment du temps qui soit directement lié à l’éternité est l’instant présent. C’est maintenant, hodie, in illa hora, hic et nunc, que se joue le salut. Dans cette perspective, les prospectives sur ce à quoi peuvent ressembler les nouveaux cieux et la nouvelle terre sont secondaires. Mais, pour le coup, il est de foi que les nouveaux cieux et la nouvelle terre existent. Dont acte."
Pour revenir aux limbes, c’est-à-dire au "lieu" où iraient les enfants mort sans baptême (à ne pas confondre avec le "lieu" où attendaiant les âmes des justes de l’Ancien Testament la venue du Sauveur –ici chapitre 6), on peut se référer à la bulle Auctorem Fidei (III, 5) parue en 1794, qui dit ceci :
"Le lieu des enfers (que les fidèles appellent en général limbes des enfants), où les âmes de ceux qui meurent avec le seul péché originel sont punies de la peine du dam, sans la peine du sens (Du baptême, § 3), est rejeté comme une fable pélagienne, comme si ceux qui rejettent la peine du feu affirmaient, par le fait même, l’existence d’un lieu et d’un état intermédiaire, exempt de faute et de peine, entre le royaume de Dieu et la damnation éternelle, comme l’imaginaient les pélagiens. Cette doctrine est fausse, téméraire, injurieuse pour les écoles catholiques."
Abbé Charles Tinotti
J’ai été voir dans le Denzinger n° 2626 (ed. Cerf 1997 p. 603) le texte exact de Pie VI sur les erreurs de Pistoie que cette citation de MJ -qui suit Salve regina- a coupé de son début et augmenté d’une incise, ce qui lui donne un sens opposé ! La voici :
“la doctrine qui rejette comme une fable pélagienne ce lieu des enfers (que les fidèles appellent en général limbes des enfants), où les âmes de ceux qui meurent avec le seul péché originel sont punies de la peine du dam, sans la peine du sens (Du baptême, § 3), comme si ceux qui rejettent la peine du feu affirmaient, par le fait même, l’existence d’un lieu et d’un état intermédiaire, exempt de faute et de peine, entre le royaume de Dieu et la damnation éternelle, comme l’imaginaient les pélagiens. Cette doctrine est fausse, téméraire, injurieuse pour les écoles catholiques.”
hb
“Ce n’est parce qu’on est compétent dans la politique voire la politique partisane qu’on peut se contenter d’affirmer des approximations dans les données de la foi et de la théologie. Surtout quand ‘on est lu”
Cette phrase de Mr l’Abbé Charles Tinotti dans le post précédent est somme toute toujours d’actualité.
Passons à autre chose!
Anonyme
Pour répondre à une interrogation dans les commentaires du post précédant :
Toutes choses étant récapitulées dans le Christ, et je ne prône pas là une apocatastase, lors de la résurrection des corps, notre corps sera alors pleinement actualisé dans toutes ses potentialités. Les enfants et les nourrissons ressusciterons dans un corps d’adulte, avec une intelligence pleinement développée. C’est le corps glorieux.. Ils seront alors tout à fait capables lors du jugement dernier de connaître Dieu et de le reconnaître comme créateur et sauveur pour l’adorer, ou, marqués par l’orgueil du péché originel, de le rejeter.
Cyrille
Ce texte est caviardé méchamment ! il fait dire le contraire de la doctrine… Pour revenir à l’affaire, l’évêque Ricci a tenu un pseudo concile à Pistoie, où il a déclaré que la doctrine des limbes était une fable pélagienne, pour la mieux rejeter. Mais le pape, par Auctorem Fidei, condamne cette idée selon laquelle il serait pélagien de croire aux limbes… C’est radicalement différent, et mérite d’être souligné.