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France : Politique en France

L’immigrationnisme : conséquence logique de l’hubris de la Révolution dite française

L’immigrationnisme : conséquence logique de l’hubris de la Révolution dite française

Dans L’Homme nouveau, Thibaud Collin revient sur les dernières élections, qui a vu l’union des forces politiques contre le Rassemblement national. Extrait :

[…] Il convient en effet de ne pas réduire cette opération à une simple manipulation de l’opinion publique. Certes, nous avons assisté au battage médiatique et « culturel » habituel mais en rester là ne permet pas de saisir la gravité de notre situation. Le nœud de cette opposition entre le front républicain et le front national est la question migratoire. Dans un contexte de mondialisation du capitalisme, la France est particulièrement vulnérable aux migrations en raison de son histoire intellectuelle et politique. On ne peut comprendre la question de l’immigration en France sans l’articuler à celle de la décolonisation et donc à celle de la colonisation. C’est parce que la France, comme d’autres pays européens, a été une grande puissance coloniale qu’elle est particulièrement exposée aux flux migratoires causés par le capitalisme et les changements climatiques. Or la racine intellectuelle de la colonisation française est la même que celle de la République. Un nom symbolise cette unité : Jules Ferry. La politique de ce disciple de Quinet et de Littré, tête pensante des lois scolaires et de la colonisation républicaine, est guidée par son anthropologie positiviste et maçonnique. Il s’agit d’apporter les prétendues Lumières émancipatrices aux petits paysans enfermés dans l’obscurantisme catholique et aux « races inférieures » de l’Asie et de l’Afrique. Ferry possède la même forma mentis que les révolutionnaires de 1789, à savoir l’universalisme abstrait. La différence entre 1789 et 1880, d’une part, et notre époque, d’autre part, est que la République a désormais déployé jusqu’au bout sa logique. Après avoir liquidé les restes d’une monarchie organique, après avoir combattu victorieusement le catholicisme, après avoir « libéré » l’individu de ses attaches familiales, professionnelles et provinciales, la République a fini par se retourner contre sa propre condition de possibilité, la nation. La réactivation du front républicain repose sur le présupposé qu’un parti promouvant peu ou prou la « préférence nationale » est hostile aux « valeurs de la République ». Cela signifie donc que la République n’est pas finalisée par le bien commun du peuple français mais qu’elle se comprend désormais comme mesurée par les seuls « droits de l’homme ». Ce à quoi nous avons assisté n’est donc pas seulement un blocage du dispositif représentatif mais rien de moins qu’une nouvelle manifestation d’une sortie du politique. En effet, la politique est l’activité par laquelle un peuple se gouverne lui-même. C’est donc une activité propre à tel peuple situé sur tel territoire. Une république qui se veut d’emblée universelle n’est pas un régime politique mais une crypto-Église. Seule l’Église catholique peut inviter tous les hommes à s’agréger à elle en tant qu’elle est Corps du Christ, le Sauveur de toute l’humanité. Un corps politique se détermine comme ayant des limites, à savoir des frontières, une langue, une culture commune, etc., discriminant un dehors et un dedans, des compatriotes et des étrangers.

La chasse à la xénophobie qui régit la politique française depuis la loi Pleven (1972) et qui a été utilisée systématiquement depuis les années 1980 est une négation du réalisme politique. Rappelons que phobé en grec signifie non pas haine mais peur. Et que l’objet formel de la peur est un mal à venir. La peur est la manifestation de la vitalité d’un organisme car, le mal étant privation d’un bien, la peur révèle en creux l’attachement à un bien. Le bien ici en question est que le peuple français demeure lui-même, ethniquement et culturellement. Seul ce souci de l’être même du peuple peut garantir la recherche du bien commun. L’universalisme abstrait qui anime l’immense majorité de la magistrature, des médias et du personnel politique français considère que n’importe quel être humain a le droit de devenir français. Qui ne voit qu’un tel programme contient en lui-même un oxymore ? Car si tout être humain – donc potentiellement tous les être humains désirant venir en France – a le droit d’être français, être français ne signifie plus rien. C’est donc par conséquences logiques de l’hubris ayant causé la Révolution que la France finit par s’identifier à l’humanité. La macabre constitutionnalisation de l’avortement ou la grotesque cérémonie des Jeux olympiques nous ont ainsi rappelé que nos gouvernants prétendent faire de la France l’avant-garde de l’humanité.

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