Sandro Magister revient sur la genèse du décret conciliaire "Ad gentes" et de l'encyclique de Jean-Paul II
"Redemptoris missio" de 1990 à partir des mémoires inédites du père Piero
Gheddo, qui a travaillé à la rédaction de ces deux documents. Extraits :
"Aujourd’hui, lorsque l’on observe les revues et les livres, les
congrès, les campagnes organisées par des organismes missionnaires, on
en vient à se demander si 'Redemptoris missio' est connue et vécue.
Disons la vérité. La très grave diminution des vocations missionnaires
tient également à la manière de présenter la figure du missionnaire et
la mission vers les peuples."Il y a un demi-siècle, on
organisait des veillées et des marches missionnaires à l’occasion
desquelles on faisait parler les missionnaires de terrain ; on demandait
à Dieu davantage de vocations pour la mission vers les peuples et on
encourageait les jeunes à offrir leur vie pour les missions.
Aujourd’hui, ce qui prédomine, c’est la mobilisation sur des thèmes tels
que les ventes d’armes, la collecte de signatures contre la dette
extérieure des pays africains, l’eau comme bien commun, la
déforestation, etc. Lorsque des thèmes comme ceux-là sont ceux qui ont
le plus de poids dans l'animation missionnaire, il est inévitable que le
missionnaire soit réduit au rôle d’opérateur social e politique."Je
pose la question : peut-on imaginer qu’un jeune homme ou une jeune
femme se sentiront incités à devenir missionnaires, si leur éducation
leur apprend à critiquer et à protester, à recueillir des signatures
contre les armes ou contre la dette extérieure ? Pour qu’il y ait
davantage de vocations missionnaires il faut fasciner les jeunes en leur
faisant connaître l’Évangile et la vie de mission, faire en sorte
qu’ils se mettent à aimer Jésus-Christ, la seule richesse que nous
ayons. Tout le reste en découle".
Lors du synode des évêques sur la nouvelle évangélisation, le cardinal indien Telesphore Placidus Toppo a produit une forte impression quand il a critiqué ceux des ordres religieux qui agissent
"comme des multinationales pour répondre aux besoins matériels de l’humanité mais oublient que le principal objectif pour lequel ils ont été créés est de porter le 'kérygme', l’Évangile, à un monde perdu".
Avec Benoît XVI, la lutte contre le relativisme est passée au premier plan. Parmi les nombreux textes de ce pontificat, il y a la note doctrinale de la congrégation pour la doctrine de la foi relative à certains aspects de l’évangélisation.
Commentaire du père Gheddo :
"Cette note a été voulue et approuvée par le pape ; elle a été publiée le 3 décembre 2007, fête du missionnaire par excellence qu’est saint François Xavier ; et pourtant elle a été presque passée sous silence par la presse catholique et missionnaire, alors que c’est un texte que les instituts missionnaires diocésains, la presse, les groupes et les associations missionnaires devraient connaître et discuter pour avoir un point de référence précis dans le climat de sécularisation et de relativisme qui risque de nous faire perdre le sens de la voie juste".
"Aujourd’hui, il y a trop de pessimisme quant à l’efficacité des missions auprès des non-chrétiens. La réalité est différente. Au cours de l’histoire bimillénaire de l’Église, il n’y a aucun continent qui se soit converti au Christ aussi rapidement que l’Afrique. En 1960, il y avait en Afrique quelque 35 millions de catholiques et 25 évêques locaux ; aujourd’hui, il y en a 172 millions et environ 400 évêques africains. D’après le Pew Research Center de Washington, les chrétiens comptent comme les musulmans un peu moins de 500 millions de fidèles dans l’ensemble de l’Afrique en 2010, mais dans la seule Afrique noire sub-saharienne il y a 470 millions de chrétiens et 234 millions de musulmans.
En 1960, il y avait en Asie 68 évêques asiatiques et dans aucun pays on n’enregistrait une croissance soutenue du nombre de baptisés. Il n’y a qu’en Inde que l’on trouvait un bon taux de conversions et aujourd’hui, dans ce pays, il y a au moins 30 millions de catholiques, soit deux fois plus que le chiffre déclaré. Il en est de même pour l’Indonésie, le Sri Lanka, la Birmanie, et aussi pour le Vietnam, un pays où les catholiques représentent déjà 10 % des 85 millions d’habitants et où les conversions et les vocations sont nombreuses. La Chine comptait, lorsque Mao est arrivé au pouvoir en 1949, 3,7 millions de catholiques ; aujourd’hui, en dépit de la persécution, on estime qu’il y en a de 12 à 15 millions et que les chrétiens dans leur ensemble sont de 45 à 50 millions. En Corée du Sud, pays où la religion est libre et les statistiques crédibles, les catholiques sont plus de 5 millions, soit 10,3 % de la population sud-coréenne, et les chrétiens dans leur ensemble 30 %."
mère de 6 enfants
dans notre paroisse, un de ces derniers dimanche, nous avons été invités à signer à la fin de la messe, une pétition contre la peine de mort au Ghana!
(la semaine suivante, j’ai proposé de faire une annonce pour signer la pétition de “tous pour le mariage”. Refusé….)
Il y a encore du chemin à faire
Exupéry
Oui, trop de prêtres (et pas seulement des missionnaires) se prennent encore pour des animateurs sociaux et ambitionnent un “monde nouveau” sur le seul plan politique.
Ces malheureux n’ont retenus que l’horizontalité (du patibulum) de la Croix (qui certes pèse lourd sur les épaules des hommes), mais ils mettent sous le boisseau (et n’annoncent plus) la dimension verticale et spirituelle de la Croix salvatrice. Ils réduisent celle-ci à une sorte de “poteau indicateur” du “sens de l’Histoire” !
C’est aussi cela l’apostasie silencieuse.