Dans son nouveau roman Les Feux de Notre-Dame, François Bert, ancien officier et fondateur de l’Ecole du Discernement pour accompagner notamment les cadres d’entreprise, utilise le cadre de l’incendie de la cathédrale de Paris pour raconter l’évolution intérieure de deux policiers parisiens. Après un essai en 2016, Le temps des chefs est venu, et un roman de management sur la Grande Guerre en 2018, Cote 418, François Bert revisite dans ce roman policier et poétique le traumatisme national de l’incendie de Notre-Dame de Paris et ses conséquences intimes dans nos vies.
« La braise brûle encore et son reflet oscille, grotesque et terrifiant, sur la Seine endormie. Notre-Dame est en feu. Dans le clapot d’eau somnolente, l’arlequin de flammes et de cendres agite ses bras pantelants, comme un mauvais pantomime qui ne fait plus rire personne. Edouard tire sur sa sèche, intensément. Comme la fumée, une immense tristesse l’envahit. Voilà bientôt dix heures qu’il est sur les lieux. Officier de police judiciaire, il a été aussitôt dépêché pour faire son enquête. La priorité fut de laisser les pompiers travailler. Et le flic, pourtant rompu à la discipline des coups durs, s’est momentanément laissé gagner par l’angoisse considérable qui a saisi son cœur de Français. Courant autour de la cathédrale, se faufilant dans le dispositif des soldats du feu, il a cherché par tous les angles possibles le moyen d’accélérer le sauvetage de la grande Dame. Rien n’y a fait. Le feu… »
Interrogeant un habitant proche de la cathédrale, celui-ci dit aux policiers :
Vous savez, dit-il avec un sourire malicieux, prier c’est en quelque sorte pleurer de l’intérieur. On y laisse couler ses rivières souterraines, parfois brutales comme un torrent de grotte, c’est intime et rafraîchissant à la fois, sombre et pourtant familier. Je suis encore triste de ce qui s’est passé, mais dans mes larmes secrètes, il y a déjà, je ne saurais expliquer pourquoi, un peu de joie.