Le verbe acéré de Jean de Saint-Jouin a encore frappé dans un billet publié sur l'Homme Nouveau. Extrait :
"[…] Devant la pusillanime oscillation de Pilate, il assène le coup le plus vil de l'histoire. Lui, le plus farouche ennemi de l'Empire, lui qui ne rêve que de liberté pour son peuple, feint la soumission pour accuser le préfet. Il pousse la foule à scander : « Si tu le relâches, tu te fais l'ennemi de César »! Et l'argument porte… Un Romain qui manque de colonne! Couardise et iniquité ; armes déicides.
La putride intention du théocrate n’est cependant pas seule à blâmer. Aussi en examen, sa cousine, la funeste confusion des ordres. Pour bafouer le Verbe, d’une façon ou d’une autre, il faut toujours inverser la syntaxe de la nature.
Si la Synagogue, interprète de la loi divine, avait toute autorité pour interpréter Moïse, elle est risible lorsqu’elle glose sur Cicéron… Et pourtant, quelle hargne l’aveugle!
N’est-ce pas là le levain de l’indigeste pain quotidien des prêcheurs contemporains? Qu'entends-je encore sinon des autorités religieuses qui m'accusent.
Certes, comme Pilate, j’ai fait flageller le Christ. Je le confesse, mes lâchetés intermittentes ont trop souvent échoué à défendre Jésus. Me reprocherait-on ces infidélités que je n’aurais rien d’autre à plaider que Mea Maxima Culpa! Non ! Plutôt qu’une accusation méritée et salutaire j’entends leurs sinistres voix me répéter encore, me répéter toujours: Tu es l'ennemi de César!
Oui, toi ! Lorsque tu ne participes pas aux libations écologiques, aux bacchanales migratoires et aux bals masqués électoraux. Toi qui veut pendre le meurtrier et juge sans vergogne le divorcé impénitent. Toi, le réactionnaire rigide qui préfère les vieilleries au progrès des idées… tu es l'ennemi du Régime ! Tu es l'ennemi de César. Et tu dois mourir ! […]"