Dans l’Homme Nouveau, Benjamin Guillemaind propose simplement un retour à la doctrine sociale de l’Eglise :
"Adjectif ou substantif, le terme « social » est mis à toutes les sauces pour désigner une attitude d’égard envers les plus démunis […] ou pour octroyer des avantages par des organismes professionnels ou publics. Parfois on l’assimile au « socialisme », qui met toutes ces charges humanitaires aux mains de l’État. Il faut sortir de cette confusion du langage, qui brouille toutes les cartes. Dans la conception individualiste, commune aux libéraux et aux socialistes, la société est composée d’individus sans aucune attache avec leurs communautés naturelles. Ce fut la philosophie des Lumières, consacrée par la loi Le Chapelier : «Il n’y a plus de corps intermédiaires dans l’État : il n’y a plus que l’intérêt particulier de chaque individu et l’intérêt général.» Elle reprenait les mêmes termes que ceux utilisés par les économistes libéraux : «La recherche par chaque individu de son intérêt personnel est le meilleur moteur de l’intérêt général» (J.-B. Say, fin XVIIIe siècle).
De ce principe est née la structuration de la société en partis politiques, opposés en deux camps : le libéralisme (l’intérêt individuel) et le socialisme (l’intérêt général). […] Certes depuis la Révolution, des amorces d’organisation professionnelle se sont réalisées par nécessité, mais sans véritable pouvoir économique. Elles restent opposées et séparées en organisations patronales et syndicats de salariés. Les conventions collectives, les prud’hommes, les régimes dits sociaux, sont bien des structures paritaires, mais limitées à la défense d’intérêts sectoriels. […] Tous ces organismes se comportent davantage comme des organes de défense d’intérêts que selon la conception chrétienne de l’homme et de la société.
Celle-ci, totalement différente, est fondée sur la notion de bien commun, qui sous-tend des valeurs et une volonté de rechercher l’union et d’organiser ensemble l’économie. Elle considère la personne intégrée dans des corps intermédiaires, amortisseurs entre l’individu isolé et l’État ; ils encadrent, protègent, organisent leurs membres, passent des accords entre eux :
"Le caractère social de l’homme se réalise dans divers groupes intermédiaires, de la famille aux groupes économiques sociaux, politiques et culturels qui, découlant de la même nature humaine, ont leur autonomie propre…"
Cette citation de Jean-Paul II sur ce point dans Centesimus annus est très claire : le qualificatif de social est surtout organisationnel, avant d’être charitable. […] La conception chrétienne propose, non pas une voie médiane entre ces deux entités [individu/Etat] qui s’opposent, mais radicalement une autre voie : celle qui unit. C’est en cela qu’on peut parler d’« économie sociale », où les corps intermédiaires ont une place prépondérante et des libertés réelles d’autoorganisation. Les partis politiques sont alors des organes très secondaires et l’État n’est plus l’organisme administratif tentaculaire qui gère tout, mais, totalement indépendant des partis et des corps intermédiaires, il retrouve son rôle originel, non de gérant du « social », mais de garant du bien commun et de la justice."
MJ
Papon
Aucune loi, aucune ideologie ne pourra obliger un homme à faire passer l’interêt public avant le sien propre, c’est pourquoi la republique ne peut fonctionner que par la vertu (Caton).
Seule une conscience élevée d’appartenir à une communauté permet d’arriver à cet etat.
Berg
Il est très vrai que dans la conception de la démocratie moderne, il ne doit plus y avoir de “corps intermédiaires”.
La démocratie moderne (même de droite, même plus ou moins acceptée par les catholiques) est par nature contre la famille.
C’est pourquoi elle s’attache à la détruire : en commençant par la destruction de la figure paternelle.
C’est une grave illusion que de penser que l’on défendra la famille à l’intérieur de la démocratie moderne, ou bien par des moyens démocratiques.
La démocratie a engagé une lutte à mort contre la famille. Il faut cesser de rêver. L’une ne survivra qu’au prix de la mort de l’autre.
Il faut choisir !!!
Pascal G.
La République jacobine interdit en effet les corps intermédiaires. Ce n’est donc pas une démocratie libérale.
Incriminer le libéralisme à son propos, c’est réécrire l’histoire de la Révolution Française en y voyant une révolution libérale. Alors qu’elle fut et demeure à l’opposé du libéralisme, et quelle constitue un bloc d’étatisme monolithique, selon le schéma du Contrat Social totalitaire de ROUSSEAU, qui fait de l’Etat le garant unique de la volonté générale. Et que le centralisme jacobin demeure encore installé dans sa version du socialisme maçonnique opposé aux libertés des corps intermédiaires, les plaçant sous un contrôle étatique permanent : famille école, métiers, entreprises, syndicats, églises, mouvement de jeunesse, partis politiques, institutions culturelles, provinces, associations, organismes de protection sociale etc……
Le libéralisme est à l’opposé de ce modèle jacobin, et c’est ce qui rend si difficile aux Français d’imaginer que des sociétés puissent fonctionner sans un Etat omniprésent. Les Russes sont sortis de 90 ans de communisme et leur société peine à revenir vers les libertés civiles, et nous Français nous sommes encore, deux siècles après 1789, dans l’étatisme jacobin sans pouvoir en sortir : la majorité des Français ne peut concevoir qu’il puisse exister des pays où les parlements locaux font des lois, où l’enseignement est totalement décentralisé, où le référendum d’initiative populaire est permanent, la fiscalité locale constitutionnellement limité.
C’est le cas de la société américaine, dont la liberté collective a permis l’émergence d’un mouvement pro Vie qui est en train de renverser la culture de mort. Parce que l’Etat américain n’a pas le pouvoir de bloquer l’ensemble de la société qui possède des libertés concrètes réelles et puissantes, ce qui illustre le modèle libéral. C’est un modèle imparfait en soi, s’il n’intègre pas une morale : aux USA elle d’inspiration puritaine protestante en grande partie, mais cela est plus proche de la morale naturelle que la conception française jacobine qui veut que l’Etat seul peut promulguer et légaliser les normes morales, au nom du laïcisme et du positivisme juridique.
J. CHIRAC a dit un jour qu’aucune morale ne peut être supérieure à la loi républicaine : les nazis disaient la même chose sur les lois du III ème Reich.
La République jacobine n’est donc pas libérale : elle est totalitaire dans son essence.