L’abbé Guillaume de Menthière, curé à Paris et enseignant au Collège des Bernardins, vient de publier un ouvrage pour remettre à l’honneur la réalité de la Grâce divine, souvent méconnue. Dans Le Penchant de la Grâce, il réhabilite de grandes notions souvent oubliées comme la justification, l’état de grâce, le péché, le mérite, la prédestination, le libre arbitre, les sacrements, les charismes… « Tout est grâce ! » affirmait sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, qui avait perdu sa mère très jeune et malgré sa maladie qui devait l’emporter à l’âge de 24 ans. On prie la Sainte Vierge « pleine de grâce », mais qu’est-ce que la grâce ? Comment nous est-elle donnée ? Par quels moyens ? Et surtout, et c’est le plus regrettable, chacun d’entre nous vit souvent comme s’il était « vide de grâce », irrémédiablement privé de cet appui et de cet élan, de ce souffle intérieur. Il est devenu suspect de nos jours de s’en remettre au Ciel. L’Écriture nous dit pourtant que de la plénitude du Christ nous recevons « grâce sur grâce ».
L’Eglise sait que la nature humaine est blessée par le péché et qu’il ne suffit pas d’assurer leur confort matériel pour que les enfants des hommes vivent selon le bien et la justice. Nous payons très cher l’oubli du dogme du péché originel. Il faudra bien, un jour, qu’on en finisse avec ces naïvetés marxisantes qui pensent que les seules conditions économiques sont causes de désespérances et de violences sociales. Ce qui est source de maux, c’est le péché au coeur de l’homme, et ce qui rétablit la confiance et la paix, c’est “l’amour de Dieu répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous est donné” (Rm 5,5)
Et à ceux qui affirment aujourd’hui que certains pécheurs ne peuvent pas sortir de leur mal, l’auteur rappelle les vérités exprimées notamment par le Concile de Trente :
l’obéissance aux commandements n’est ni un péché ni impossible. Dieu n’est pas cynique au point de nous demander ce qui nous perd ou ce dont nous sommes incapables. “Tout est possible à celui qui croit”, dit Jésus, c’est-à-dire tout est possible à celui que porte la grâce divine. “Je peux tout en celui qui me fortifie”, telle est la certitude chrétienne. Saint Augustin écrit ainsi : “Dieu ne commande pas de choses impossibles, mais en commandant il t’invite à faire ce que tu peux et à demander ce que tu ne peux pas.”