Selon Nicola Mirkovic, dans La Nef :
[…] Pendant que l’UE et les États-Unis vident leurs caisses pour armer et soutenir V. Zelensky à Kiev, la Russie, elle, tisse sa toile précisément avec ce « reste du monde » qui ne lui oppose pas d’hostilité. Elle renforce entre autres ses relations avec les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud – 41 % de la population mondiale) qui augmentent substantiellement leur consommation de produits russes (pétrole, engrais, céréales…) et signe de nouveaux contrats en monnaies nationales affaiblissant le tout-puissant dollar US, pilier de l’empire américain. Moscou a aussi montré qu’elle était résiliente face aux sanctions qui font plus de mal à l’Europe qu’à la Russie, comme le constate le Premier ministre hongrois Viktor Orban :
« Je pensais que nous nous tirions une balle dans le pied, mais maintenant, il semble que l’économie européenne se soit tiré une balle dans les poumons et suffoque. »
Les États-Unis ne sont plus la puissance de jadis. Ils sont déchirés par une crise politique et sociétale majeure que les dernières élections présidentielles ont mise à jour et que les élections de mi-mandat de novembre prochain vont amplifier. Leur empire, construit dans la violence, s’essouffle. Tandis que l’Europe entrevoit la récession, la Russie annonce des excédents commerciaux. Pendant que l’euro passe sous le dollar pour la première fois en 20 ans et que l’Allemagne enregistre son premier déficit commercial en 30 ans, le rouble russe se renforce. L’UE pensait qu’elle pourrait se passer des hydrocarbures russes en les remplaçant par des importations d’autres pays et du gaz naturel liquéfié (GNL) américain. Le problème est que les États-Unis et l’Europe n’ont pas les infrastructures suffisantes pour importer ce GNL et que le « reste du monde » ne se bat pas pour nous délivrer ses hydrocarbures. La Tribune titrait début juillet : « Électricité : les prix risquent de tripler cet hiver. » Nous, Français, allons payer très cher notre abandon de souveraineté politique au profit de Washington et de Bruxelles.
L’objectif réel de Vladimir Poutine n’est donc pas l’Ukraine mais le mondialisme états-unien. Il dit :
« Ceci est le commencement de la transition de l’égocentrisme libéral mondialiste américain vers un monde multipolaire. Un monde qui ne repose pas sur des règles égoïstes inventées dans le seul but de poursuivre une politique hégémonique, ni sur des doubles standards hypocrites, mais sur la base du droit international et de la souveraineté des peuples et des civilisations ; sur leur désir de vivre leurs destinées historiques avec leurs valeurs et traditions et coopérer sur les bases de la démocratie, de la justice et de l’égalité. »
Les États-Unis et l’UE n’ont pas vu ce coup venir. Ils ne veulent pas voir que le « reste du monde » n’en peut plus de l’hégémonie, de l’hypocrisie et de l’ingérence des Atlantistes qui pratiquent une politique systématique du deux poids, deux mesures à leur seul avantage. En Afghanistan, en Irak, en Libye… l’Occident s’est servi en hydrocarbures et autres ressources naturelles au détriment du droit international et du respect de la souveraineté des nations. L’Occident a largement terni son image dans ces guerres et ingérences étrangères. Aussi le « reste du monde » n’adhère pas du tout au programme impérialiste américain et à son anthropologie woke issue de la cancel culture que Washington et les capitales européennes et anglo-saxonnes tentent de leur imposer.
Face à cet aveu de faiblesse, Washington est confronté à un dilemme historique : avouer ses limites et s’adapter pacifiquement à l’émergence d’un nouveau modèle mondial ou bien tenter le tout pour le tout dans un affrontement militaire qui ne pourra qu’être mondial et possiblement nucléaire. […]
Collapsus
Le débris botoxé, cacochyme et gâteux de la Maison Blanche nous entraîne dans une guerre qui ne touchera pas son pays. C’est l’Europe qui en pâtira. L’Europe vieillissante et décadente dont la population s’est couchée de peur devant un petit virus grippal et qui donc ne réagira pas à cette descente inéluctable vers laquelle les conduisent les dirigeants européens à la botte des USA.
Préparons-nous à des temps difficiles et sans doute mérités.
DominiqueB
Toue société qui n’a plus pour but que de vivre pour jouir et consommer est amenée à disparaître.
On peut penser ce que l’on veut de Vladimir Poutine, mais il estime que le peuple russe réclame d’autres buts.
Le roman de Giulano da Empoli “le mage du Kremlin” fait peut-être sourire les poutinologues avertis, mais, jusqu’à preuve du contraire, il représente bien l’état d’esprit de Vladimir Poutine. C’est parfois glaçant.
capdora
Article très intéressant, merci beaucoup !
Zabo
Très bon billet, clair simple et concis ! L’essentiel y est dit, maintenant : “qui potest capire, capiat” !
Biritualiste
Oui, article intéressant, mais peut-être incomplet. La Chine surpuissante et son allié contraint, la Russie, n’auraient-ils pas un projet mondialiste alternatif à celui des États Unis ?
AmpuriasTempio
Je vais dire une énormité mais est-ce que Poutine en faisant la guerre à l’Ukraine ne fait pas la guerre aux Etats-Unis dont l’Europe fera les frais ?
philippe paternot
poutine défend les russes et les russophones, ici on préfère défendre les étrangers, leur moeurs et leur mode de vie
Giacomo
Les russes, le communisme et Ie soviétisme ont empoisonné Ie monde pendant 70 ans. Après I’effondrement de I’URSS, nous eûmes un court répit de queIques années et, ayant retrouvé du poiI de Ia bête, ça recommence. Depuis un néosoviétisme impériaIiste s’est instauré en Russie, bien pIus dangereux que Ie précédent parce qu’iI s’est débarrassé du fardeau économiquement insupportabIe du communisme.
On peut gIoser et critiquer sans fin sur Ia poIitique erratique et souvent incompréhensibIe des USA, mais à choisir je préfère encore être de Ieur côté et du côté des ukrainiens qui vendent chèrement Ieur peau, et je me fous totaIement des séparatistes russes de Crimée et du Donbass-Donetzk. Si Ies ukrainiens Ieur font des misères, c’est un juste retour pour Ies 5 à 8 miIIions d’ukrainiens affamés par Ies russes en 1933. S’iIs ne sont pas contents, iIs peuvent retourner en Russie, Ia frontière est à queques kiIomètres.
Giacomo
RappeIons que ces 3 provinces russophones ont été attribuées à l’Ukraine par l’Union Soviétique de Khroutchev en 1956, soit il y a presque 70 ans. On ne va pas revenir Ià dessus si Iongtemps après.