La déclaration interreligieuse contre le ‘mariage’ homosexuel, et a fortiori l’adoption, a suscité la colère des associations homosexuelles et transsexuelles de Rhône-Alpes qui crient -c’est trop facile- à l’homophobie :
"Les arguments avancés, dogmatiques et non étayés, permettent à ces religieux de cautionner les discriminations faites à l’encontre des personnes homosexuelles et transsexuelles. Ces positions sont stigmatisantes, choquantes et obscurantistes".
A propos d’argument, un lecteur me signale cette longue intervention de Marie Balmary, psychanalyste, à l’Académie d’éducation et d’études sociales, plaidoirie véritablement étayée contre l’homoparentalité :
"je pense que la différence des sexes est une bonne affaire pour les enfants. En effet, deux parents de sexe différents n’ont pas les mêmes pouvoirs en matière de vie par rapport à l’enfant, ils n’ont pas eu la même place, dans l’origine de l’enfant : dehors du corps du père et dedans du corps de la mère, par exemple. La différence des sexes établit entre l’homme et la femme une ignorance, une inconnaissance […]. C’est-à-dire si vous êtes un homme, vous ne savez pas ce que c’est qu’être une femme et vice-versa. Cette irréductible différence empêche chaque parent de devenir, pour l’enfant, un parent qui sait tout. Il ne sait pas la mère s’il est le père, elle ne sait pas le père si elle est la mère.
De façon générale, c’est-à-dire au niveau des principes, l’enfant d’un homme et d’une femme ne se trouve pas devant deux adultes ayant même compétence ni même expérience. La loi de relation nécessaire pour qu’on se parle joue ici à plein pour l’enfant. Il est protégé d’une toute-puissance, d’un tout savoir, il est protégé d’une parenté totalitaire. […] Dans le cas d’un couple hétérosexuel, l’enfant a pour origine un couple différencié. Il a deux parents dont l’un est semblable à lui et l’autre différent de lui. Sa parole se trouve garantie. Il y aura deux formes de relations : l’un des parents est comme lui, sait la même chose que lui tandis que l’autre doit le croire, puisque toute différence demande d’accueillir ce que l’autre dit sans pouvoir le vérifier par sa propre expérience.
Ressemblance et différence : deux dimensions essentielles à l’identité d’un être. Je trouve, pour ma part, que les démocraties qui reposent sur la distinction des pouvoirs peuvent être intéressées à ce que l’origine de l’enfant, grâce à la séparation des pouvoirs en matière de vie, soit à la fois masculine et féminine."
Laetitia de Mahlreich
Comme toujours les arguments les plus simples viennent efficacement malmener les arguments les plus faciles. Merci Madame pour cette lumineuse démonstration!
claire
Les arguments de marie balmary sont d’autant plus précieux qu’elle ne se revendique pas du raisonnement chrétien et dialogue avec finesse et intelligence avec les croyants ouverts à la raison.
Cela dit toute la Bible nous dit de différentes manières que le Bien et le Vrai ne peuvent venir que du différent, de l’altérité. Dieu commence par séparer toutes choses, le Malin, lui, embrouille tout.
Bernard
C’est un reèl plaisir que d elire ce texte. C’est limpide et laisse ntrevoir la complexité d ela construction d’une personnalité, à la fois par la construction physique, mentale et comportementale. de même, cette pesonne nous laisse comprendre l’importance de la foi dans l’autre, foi nécessaire puisque l’autre est par nature inconnaissable dans sa totalité. Acte de foi fondateur d’une société et qui de fait en exclut l’acte violent.
Denis Merlin
Le texte de Madame Balmary est “limpide” comme le dit Bernard et “lumineux” comme le dit Laetitia de Mahlreich, “précieux” comme le dit Claire, imparable selon moi.
Merci au Salon Beige de nous avoir permis d’en prendre connaissance.
Agnès
Excellent réflexion à diffuser largement !
claire
Marie balmary a proposé une lecture psychanalytique des grands textes fondamentaux de la bible, notamment la création et le veau d’or, qui ouvrent des pistes intéressantes au plan rationnel sur la nature des relations entre les humains et entre ces humains et le divin. Nous sommes bien d’accord que ce n’est en aucun cas une interprétation pour la foi…
Stat crux
Il est tout de même désolant que l’on aie à se justifier de penser et à argumenter :
– que le mariage c’est un homme et une femme
– qu’un enfant doit avoir un père et une mère etc…
Il y a quelquechose qui cloche dans nos “élites” et nos institutions pour que des lois naturelles aussi fondamentales soient remises en cause.