Charles Gave, économiste, président de l’Institut des libertés, écrit dans Valeurs actuelles :
"En 1981, la droite ayant été battue, un député de droite survivant avait lancé à la tribune : « Vous allez vous fracasser sur la loi de l’offre et de la demande. » La réponse avait aussitôt fusé des bancs socialistes : « Nous allons abolir cette loi. » C’est ce à quoi va s’attacher M. Montebourg, et il va réussir aussi bien que Lénine, Staline, Mao, Castro, Chávez ou que M. Mitterrand de 1981 à 1983.
En fait, l’économie ne croît que si le système légal permet le déroulement du processus de création destructrice chère à Schumpeter. Or, en France, la quasi-totalité des lois portant sur des domaines économiques vise à empêcher la destruction, ce qui revient immédiatement à empêcher toute création, c’est-à-dire toute croissance.
Réfléchissons deux minutes : dans quels secteurs pourrions-nous avoir une croissance aujourd’hui en France ? À mon avis, dans les secteurs qui sont liés à l’éducation, aux transports en commun, aux médias, à la culture, à la santé. La Suède fit faillite en 1992 et, pour s’en sortir, les déréglementa et les privatisa. Aujourd’hui elle se porte comme un charme.
En France, tous ces secteurs sont sous le contrôle de l’État, c’est-à-dire sous le contrôle de la CGT, des syndicats professionnels ou des enseignants. La loi de M. Montebourg devrait donc abolir le système des syndicats représentatifs datant de l’après-guerre, faire la lumière sur le financement de ces syndicats et leurs rapports avec les partis, interdire toute relation entre les bétonneurs et les hommes politiques ainsi que tout ce capitalisme de connivence qui ruine la France, casser les grandes banques françaises en de multiples entités régionales, privatiser la Sécu et que sais-je encore… Là je serais certain que la croissance repartirait comme une fusée.
Mais je ne sais pas pourquoi, j’ai des doutes… D’où vient cette obsession française à considérer que la loi a le pouvoir de remodeler le réel ? Faire une loi sur la croissance, c’est croire que le futur est connaissable, ce qu’il n’est pas, comme l’a fort bien montré Karl Popper en théorie, et l’URSS en pratique. Un point important doit être mentionné ici : pour la première fois dans l’histoire de notre pays, il n’y a pas un seul membre du gouvernement qui ait la moindre expérience du secteur privé. Tous les membres de ce gouvernement ont toujours été payés par nos impôts, et jamais par un client. Ils sont tous députés, maires ou conseillers généraux, et, pour se faire élire par leurs troupes, il suffit d’augmenter les impôts sur ceux qui ne votent pas pour eux, ou d’emprunter.
Et le poids de l’État dans l’économie augmente donc sans cesse. S’il y a une loi qui ne connaît pas d’exception, c’est que plus le poids de l’État augmente, plus la croissance diminue. Donc, pour que la croissance revienne, il faut que le poids de l’État baisse, ce qui est impossible dans notre système politique. Dans les trois démocraties les plus anciennes, Suisse, Grande-Bretagne, États-Unis, un fonctionnaire peut se présenter aux élections, mais il doit alors démissionner de la fonction publique pour ne jamais y retourner.
Rien de tel en France où un fonctionnaire battu retourne dans son corps d’origine en attendant la prochaine élection, sa carrière ayant évolué comme s’il était resté fonctionnaire. Du coup, nos élus sont majoritairement fonctionnaires. Si la Chambre était majoritairement composée de coiffeurs, elle prendrait des mesures favorables aux coiffeurs. Les fonctionnaires à la Chambre prennent des mesures favorables aux fonctionnaires. Donc le poids de l’État augmente et avec lui le nombre de chômeurs. Chaque fois qu’un fonctionnaire de plus est engagé, trois travailleurs du privé perdent leur emploi.
Conséquence absurde de cette obsession : notre pays, qui devrait être le plus riche du monde compte tenu de ses avantages naturels et de la qualité de sa force de travail, s’appauvrit à vue d’oeil. Comme je l’ai écrit dans mon livre, Des lions menés par des ânes (Robert Laffont, 2003), les entrepreneurs français sont comme le tiers état en 1789 : ils portent sur leur dos la noblesse (le système politique) et le clergé (le système syndical). La France en crève. Elle est sur le chemin que suit l’Argentine. […]"
werther
Excellente analyse. On se demande néanmoins pourquoi nos politiques ne pensent comme cet analyste ! Quelque chose m’échappe….
jejomau
Tour ceci a déjà été dit et écrit maintes fois. Avec le socialisme, il n’y a qu’une chose à faire : les F……R DEHORS à grand coups dans le derrière !!!
ohlala
à la différence des argentins qui s’adaptent aux circonstances, les français vont tomber de haut trop habitué à recueillir les mannes du système
c’est au père de famille de travailler pour nourrir sa famille et non à l’état de verser des allocations!
GE
“D’où vient cette obsession française à considérer que la loi a le pouvoir de remodeler le réel ?”
On sait tous d’où ça vient, et c’est pas nouveau. C’est curieux de poser cette question dans cet article. C’est comme faire un long article sur le communisme et poser en plein milieu comme ça la question “mais d’où vient le communisme ?”.
lanneau katia
L’Argentine doit 10 milliards de dollars au “club de Paris” .
Mais qui siège à ce club ?
B. de Lamotte
C’est juste !
gg
A quand une loi ayant le pouvoir de remodeler la bêtise en intelligence ?
Alpin
La France meure ,entre autre, de ces syndicats qui n’ont plus aucune signification ni réelle utilité ;si ce n’est de faire bouillir la gamelle d’une poignée de collabos qui en vit.
Les syndicats sont une des plaies de notre pays ,et cela tout le monde le sait.
Les syndicats ,déjà largement subventionnés ,se goinfrent de l’argent de la formation professionnelle .
Et là ,braves gens ,faites bien attention et ouvrer largement vos oreilles: les sommes en jeu sont considérables ,car il s’agit DE MILLIARDS ET DE MILLIARDS D’EUROS !!!!!!!!!!!
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Marine veut créer d’autres syndicats plus représentatifs du monde du travail.
Et il va où le 1% du chiffre d’affaires de l’EDF?
Mais bien entendu au comité d’entreprise.
Sur les 26 milliards d’euros -excusez du peu – seul 13% de cette somme revient à la formation professionnelle.
Le reste s’évapore ,c’est bien connu !!!!!
http://www.francetvinfo.fr/economie/fraude/video-cash-investigation-hold-up-sur-l-argent-de-la-formation-professionnelle_424831.html
Christian83
je suis toujours interpelé par des articles comme celui de Charles GAVE, au demeurant très bon analyste.
Mais cela reste toujours au niveau du constat : aucune solution pour en sortir que de mettre à la porte nos dirigeants, mais nous sommes tous pris en otage par un système sans porte de sortie que l’acceptation à contre-coeur. Aucun parti politique comme solution, car – et Mélenchon en rendant son tablier vient de le confirmer – ce n’est pas le FN qui arrivera en 2017 – Hollande et Sarkozy se chargeant de trouver une solution pour que l’UMPS triomphe !