Si c’est le gauchiste Jacques Julliard (nouvel Observateur) qui le dit, alors on peut estimer que Benoît XVI est plus que le ‘chef des catholiques’, il est (re)devenu la boussole de l’Occident :
"Dans la ligne de saint Thomas et de son prédécesseur Jean-Paul II, Benoît XVI s’efforce de jeter un pont entre la foi et la raison. En cette époque de fidéisme et de superstition, faudrait-il le lui reprocher ? Il réclame notamment qu’en matière religieuse comme ailleurs, ce soit la liberté qui soit la règle, non la contrainte. Les démocrates devraient-ils lui en faire grief ? Le problème d’aujourd’hui n’est donc pas ce qu’a dit le pape, si respectables qu’aient été ses paroles. Le problème d’aujourd’hui, c’est son droit de les dire en toute quiétude. Il peut paraître étrange au pays de Voltaire qu’il faille défendre le pape et l’Eglise catholique contre le fanatisme. C’est pourtant désormais ainsi. Plutôt que de déplorer lâchement sa « maladresse », je réclame hautement pour Benoît XVI, comme hier pour Rushdie et pour le dessinateur danois, le droit à cette « maladresse »."
Anonyme
Merci Julliard.
Mais qu’il reprenne l’expression “maladresse”, comme d’autres ont dit “bourde”, ou “faute”, est assez exaspérant.
Car il ne suffit pas de reconnaître à Benoît XVI le droit de dire des bourdes, il faut aussi reconnaître que ça n’en était pas une.
Les mêmes qui lui reprochent d’avoir dit la vérité sur l’islam reprochent à Pie XII de s’être tu, et seraient bien capable dans 30 ans de reprocher à Benoît XVI de n’avoir pas assez parlé pour dénoncer ce totalitarisme vert.
Et ce sont les mêmes qui se sont tu sur les goulag, les lao gai, et ont applaudi la “libération” de Phnom Penh par Pol Pot.
jean-françois
Merci Julliard, et en plus c’est courageux et bien dit !
En religion comme ailleurs, c’est la liberté qui doit être la règle et l’interdit l’exception.
C’est aussi la raison qui doit être l’instrument de communication entre les hommes.
Les chrétiens sont, avec les athées et la agnostiques, peut-être encore plus qu’eux, des ennemis déclarés des superstitions.
Agnès
Il me semble que – bien que gauchiste – Jacques Julliard est catholique, ou tout du moins chrétien (mais je peux me tromper)
pmc
S’il avait écrit “prétendue maladresse” , c’eût été parfait ! Note:19/20
Abbé Charles Tinotti
Cet éloge de Julliard est très ambigu.
Quand le pape rappelle à l’islam que une sourate dit ‘pas de contrainte en matière de religion’ il ne dit pas la meme chose que ceux qui disent ‘en religion comme ailleurs c’est la liberté qui doit être la règle’. Cela c’est de l’indifférentisme et du mépris pour la question de la vérité qui, elle, est la règle en toute chose. La liberté n’est pas la règle en la matière mais une condition de possibilité : c’est bien plus qu’une nuance.
Ensuite le pape n’a pas fait de maladresse et ses propos sont aux antipodes des provocations gratuite d’un Rushdie : les mettre dans le meme sac fût ce pour les défendre, c’est méconnaitre la dimension réelle des propos de chacun d’eux et en l’occurrence c’est insulter le pape en l’assimilant à quelqu’un qui en est l’opposé par la pensée (libertaire) et provocatrice (le pape est la politesse meme)
Troisièmement on ne peut pas de manière intellectuellement honnete laisser dire que peu importe ce qu’a dit le pape mais son droit de le dire en toute quiétude: position qui revient à défendre un ‘droit’ de dire tout et n’importe quoi. Encore une fois Julliard raisonne en libertarien.
Quarto (déjà remarqué par des commentaire ci dessus) : le pape en l’occurrence n’a commis aucune maladresse. Qualifier ses propos ainsi c’est en fait les annihiler et se servir de lui pour défendre une liberté d’expression devenue folle comme dirait Maritain. Ce que justement refuse le Pape, lequel rappelle que il faut raisonner.
Enfin le pape ne s’efforce pas de simplement jeter un pont entre foi et raison : penser cela c’est avouer qu’on croit que foi et raison sont séparés et qu’il faut les rapprocher. Or dans la pensée catholique foi et raison sont intrinsèquement liés. Si Le pape cherche à les réunir, c’est à l’intention des laîcistes qui veulent exclure la foi de la raison et aussi au passage car il n’a pas insisté la dessus même si les médias laics qui se sont sentis visés en ont fait toute une affaire, à l’intention de l’islam qui expulse la raison de sa foi.
Au total, le compliment de Julliard semble davantage une perfidie récupératrice dénaturant et l’enjeu en question et la pensée réellement exprimée par le pape.
henri
Merci Mr l’abbé, il fallait que cela soit dit.
jean-françois
Libertas de Léon XIII
« Mais s’agit-il de matières libres que Dieu a laissées aux disputes des hommes, à chacun il est permis de se former une opinion et de l’exprimer librement ; la nature n’y met point d’obstacle ; car une telle liberté n’a jamais conduit les hommes à opprimer la vérité, mais elle leur donne souvent une occasion de la rechercher et de la faire connaître. »
http://www.jesusmarie.com/encyclique_libertas_praestantissimum.html
« 6. [De la responsabilité à l’égard de la liberté religieuse]
Le bien commun de la société — ensemble des conditions de vie sociale permettant à l’homme de parvenir plus pleinement et plus aisément à sa propre perfection — consistant au premier chef dans la sauvegarde des droits et des devoirs de la personne humaine, le soin de veiller au droit à la liberté religieuse incombe à la fois aux citoyens, aux groupes sociaux, aux pouvoirs civils, à l’Église et aux autres communautés religieuses, à chacun selon sa manière et sa mesure propre, en fonction de ses devoirs envers le bien commun. »
Dignitatis Humanae
http://www.jesusmarie.com/concile_vatican_II_declaration_dignitatis_humanae.htm
La liberté est donc bien un principe social.
Un autre principe est un principe de bienveillance. Ce principe est nécessaire à la société :
22 Supposition préalable
« Afin que celui qui donne les Exercices et celui qui les reçoit se prêtent un mutuel secours,
et retirent un plus grand profit spirituel, il faut présupposer que tout homme vraiment
chrétien doit être plus disposé à justifier une proposition obscure du prochain qu’à la
condamner. »
Saint Ignace de Loyola « Exercices Spirituels »
Toutes ces citations sont tirées du site jesumarie.com
Julliard met « maladresse » entre guillemet, il ne prend pas le terme à son compte.
On ne doit pas non plus, tirer plus de l’image « pont entre la foi et la raison » plus que ce qu’une image peut modestement comporter, surtout pour condamner la pensée de son auteur.
Donc, selon moi, la liberté est bien un principe catholique. Il n’est évidemment pas le seul et unique principe. Il me semble que ce principe découle, entre autres, du principe de charité fraternelle.
Abbé Charles Tinotti
Ce puzzle de citations tirées des contextes spécifiques et très variés des documents d’où ils sont tirés opère un vrai mélange conceptuel qui aboutit à une formule équivoque : dire que la liberté est un principe catholique est en effet si vague qu’on peut y mettre tout et son contraire. La liberté … de quoi ?
La liberté est une qualité de la volonté lorsque elle n’est pas contrainte à adhérer à un objet et lorsqu’elle se porte vers la fin qui est conforme à sa nature.
Ce n’est pas un principe mais une qualité. Le principe c’est la volonté dans son orientation à sa fin.
Tel est le sens analogique retenue par la tradition philosophique grécochrétienne. Entre autres Léon XIII. Le libre arbitre (absence de contrainte) n’est que le degré le plus bas et parcellaire de la liberté humaine. L’oublier c’est tirer la liberté vers la licence et le subjectivisme.
Maintenant en matière religieuse il est clair que le principe c’est la recherche volontaire et rationnelle de la Vérité afin d’y adhérer. Cette recherche, pour etre valable, doit avoir la qualité de ‘libre’. Faire de la liberté le principe et ne dire mot sur le vrai principe qui est la recherche du vrai c’est faire de l’indifférentisme ou ériger la liberté en idole : 1789.
Par ailleurs la ‘liberté’ est d’un autre ordre que l’attitude spirituelle et morale de bienveillance, connexe avec la charité. La bienveillance envers les enfants indociles se manifeste ainsi par une punition quand ils la méritent, (pas de dessert ou de jeu …) laquelle les prive d’une certaine liberté mais leur permet de retrouver les principes !
Enfin il ne faudrait pas oublier que Julliard est loin -c’est le cas de le dire- d’être un enfant de choeur : ne soyons pas naïfs. Même s’il écrit ‘maladresse’ avec guillemets pour qu’on pense qu’il ne reprend pas le mot à son compte, il l’assume quand meme en souhaitant un droit à la maladresse : ce qui est la meilleure manière d’oblitérer l’essentiel de ce qu’a dit le Pape au profit d’une autre problématique (celle de la liberté d’expression) qui est la sienne et qu’il lui substitue.
hb
Revenez plus souvent sur ce blog Mr l’abbé