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L'Eglise : Foi

L’offertoire de la messe, représentation de l’offrande des sacrifices spirituels des assistants

L’offertoire de la messe, représentation de l’offrande des sacrifices spirituels des assistants

L’abbé Claude Barthe a rédigé pour L’Homme Nouveau une recension de l’ouvrage de l’abbé Jean de Massia, Théologie du sacrifice. La doctrine de saint Thomas d’Aquin et ses prolongements dans l’œuvre du père Guérard des Lauriers. Voici un extrait sur l’offertoire :

[…] Au sein de très beaux développements sur le fait que le sacrifice du Christ assume indivisiblement dans le sien tous les sacrifices spirituels des hommes, l’abbé de Massia suivant le Père Guérard des Lauriers voit dans l’offertoire de la messe, non seulement comme le rappelle saint Thomas l’oblatio populi du pain et du vin qui vont devenir Corps et Sang du Christ, mais aussi une représentation symbolique de l’offrande des sacrifices spirituels des assistants, offertoire dont les prières permettent « aux fidèles d’exercer leur fonction spécifique d’offrants » (Père Guérard des Lauriers cité par J. de Massia, p. 232).

Ne conviendrait-il pas de souligner le caractère tout aussi sacerdotal (du sacerdoce hiérarchique) que celui du canon, de l’offertoire, où le prêtre accomplit les gestes de l’offrande de la matière du sacrifice, ou encore de la « grande entrée » orientale ?

C’est ce que semble indiquer les textes du missel eux-mêmes, non seulement ceux de bien des secrètes, mais aussi ceux de ces prières d’offertoire qui font partie des gloses insérées dans toutes les parties de la messe après l’Antiquité tardive, et qui, en l’espèce explicitent les vénérables prières du canon.

Il est vrai que la théologie spirituelle du XXe siècle se plaisait à insister sur cette correspondance entre sacrifice spirituel des fidèles et offertoire de la messe. Voir à ce sujet : Bernard Capelle, cité par l’auteur, p. 234 ; ou plus fortement encore Thomas Deman, La spiritualité de la messe (Albin Michel, 1946) : « Avant de renouveler sur l’autel le sacrifice du Christ, l’Eglise offre à Dieu le sien » (p. 20) ; « Les chrétiens, à la messe, commencent par présenter à Dieu le sacrifice dont ils sont capables par eux-mêmes » (p. 25).]

Dans nos jeunes années, lors des messes de catéchisme, on nous faisait réciter ensemble, en français, les prières de l’offertoire, pendant que le prêtre les disait à l’autel, pour bien marquer que c’est à ce moment-là qu’étaient offerts nos petits sacrifices transfigurés par celui du Christ.

Ce qui est d’ailleurs tout à fait juste, à condition de dire que cela pourrait aussi s’exprimer en regard du canon, de la consécration, ou surtout de la communion (ce que note d’ailleurs l’abbé de Massia : l’aboutissement du sacrifice chrétien dans celui du Christ est manifesté par la communion, p. 227).

L’interprétation allégorique ancienne

Les ministres sacrés, selon un thème de saint Léon, sont au service des autels visibles, tandis que les fidèles immolent sur les autels invisibles de leurs cœurs les hosties de leur conscience pure.

Dans l’interprétation allégorique ancienne de la messe était valorisée, au milieu d’un foisonnement de symbolismes, la correspondance entre les parties de la messe et les étapes de la vie du Christ. Pour Innocent III, l’offertoire silencieux est comme le retrait de Jésus dans le désert d’Ephrem avant sa Passion ; pour Jean-Jacques Olier, c’est la Présentation au Temple.

A l’époque contemporaine, on en est venu à insister sur l’apport des dons par les fidèles (réel jadis, virtuel aujourd’hui) signifiant leur sacrifice propre : le Père Guérard des Lauriers, dans ce contexte, souligne très opportunément la désacralisation que représente la préparation « des fruits de la terre et du travail des hommes » dans la nouvelle liturgie, et recharge en revanche en sacralisation l’offrande « sur la patène avec l’hostie » de nos « modestes sacrifices », selon le cantique.

Quoiqu’il en soit de notre question, finalement marginale, cette mise en lumière à frais nouveaux par l’abbé de Massia de la signification sacrificielle des prières et gestes de l’offertoire de la messe traditionnelle est particulièrement importante aujourd’hui dans la défense et illustration de cette messe qu’on veut éradiquer en raison de la doctrine qu’elle représente.

Comme le note le préfacier, sans faire un plaidoyer partisan de la messe ancienne, l’abbé de Massia donne avec clarté les raisons de son excellence. Il bétonne, en quelque sorte, un offertoire éminemment significatif qu’on a prétendu éliminer. Un livre qu’il ne faut pas manquer de lire.

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