Le député Emmanuelle Ménard explique dans Minute pourquoi elle s’est opposée à l’article 1 de la loi de « moralisation ». Extrait :
"Dans l’hémicycle, vous avez utilisé ces mots : « châtrer d’abord le langage, puis la pensée elle-même ».Vous n’exagérez pas un peu ?
Je suis attentive aux mots, à leur emploi. Or, que constate-t-on ? Que, systématiquement, on préfère des périphrases au simple constat, à la simple transcription de ce qui est. Les mots ne servent plus à dire, ils sont utilisés pour cacher. Sans parler de la novlangue en cours dans le monde politique qui est un peu le nouveau village Potemkine : plus besoin de cacher le réel derrière des palissades, il suffit de ne plus le nommer pour, à l’heure des médias triomphants, qu’il n’existe plus. Jusqu’au moment où la réalité se venge et vous saute à la gorge…
De même, vous estimez que cette loi, du moins cet article 1, mettra encore plus de distance entre les élus et les Français. Pourquoi donc ?
C’est justement cette occultation du réel qui participe de la distance toujours croissante entre ceux qui détiennent le pouvoir, ou même une parcelle de pouvoir, et le simple citoyen. Ne se retrouvant plus dans la description de ce qu’il vit, dans les mots employés pour dire ce qu’on lui dépeint comme son quotidien, il a le sentiment – malheureusement pas toujours faux… – que les élus vivent dans un autre monde que lui. Et, du coup, ne connaissent rien de la dureté de la vie de ceux qui n’ont pas le privilège de partager les ors de la République. En nous plaçant sous la menace de poursuites à l’issue très dangereuse, nous pourrions êtes amenés à ne plus faire état du réel et, donc, à accentuer cette distance entre les Français et leurs élus.