Monseigneur Dominique Rey – évêque de Fréjus-Toulon, publie une communication à propos de la révision des lois de bioéthique :
"Le choix retenu par le gouvernement de supprimer le caractère «expérimental» de la recherche sur l’embryon nous préoccupe fortement. Inscrire à titre permanent une exception au respect «de l’être humain dès le commencement de sa vie» irait à l’encontre de «l’intérêt de l’enfant à naître», principe réaffirmé avec vigueur par le rapport de la mission parlementaire d’information sur la révision des lois de bioéthique.
Au terme du moratoire de 5 ans, il était prévu que la France tirerait les leçons du dispositif provisoire mis en place par la loi de 2004. Du fait des progrès considérables enregistrés par la communauté scientifique internationale tant dans le champ des cellules souches adultes que dans celui des cellules reprogrammées dites iPS, force est de reconnaître qu’il n’y a jamais eu moins de raison qu’aujourd’hui de déroger au respect légal de l’embryon humain.
Est-il cohérent que la France continue à autoriser des recherches sacrifiant des embryons humains pour un objectif qui pourrait être atteint, plus efficacement, par d’autres méthodes ? Quand science et éthique font cause commune, protéger l’embryon devient un impératif moral, conformément aux intentions du législateur."
erreipg
Comme je l’ai déjà écrit il y a quelques jours, votre hypothèse (l’embryon humain = être humain) est intenable scientifiquement.
Entre deux générations, la vie est un phénomène continu. Le devenir du futur homme est tout autant “écrit” une minute avant la fécondation c’est à dire avant l’union du spermatozoïde et de l’ovule, qu’une minute après…
Sans nier toutefois que cet instant est risqué avec un bon pourcentage d’échecs.
[Ce n’est pas une hypothèse, c’est scientifique. Vous l’auriez su si vous lisiez ce blog :
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2010/10/lembryon-vulgaire-tas-de-cellulles-ou-%C3%AAtre-humain-.html#tp
L’embryon […] se développe selon le plan d’organisation contenu dans son propre ADN, et les facteurs de croissance déterminant le devenir des cellules, leur prolifération, leur différenciation et leur migration qui détermineront au final son plan d’organisation sont bien d’origine embryonnaire.[…]
L’embryon est-il capable de maintenir son équilibre interne, son homéostasie ? Oui : c’est l’embryon qui régule lui-même sa glycémie, ses taux d’hormones à partir du moment où il en possède, sa prolifération cellulaire, et qui élimine ses déchets (et ce même s’il les élimine dans l’organisme maternel par le biais du placenta : la partie du placenta où s’effectue les échanges est d’origine embryonnaire et non maternelle, et c’est l’embryon qui amène les déchets et s’approvisionne en nutriments à ce moment). […]
L’embryon est-il capable de se nourrir ? […] En fait, l’embryon collecte les nutriments qui lui sont nécessaire dans la circulation maternelle par le biais de facteurs de croissance strictement embryonnaires, l’insuline et les IGF (insulin like growth factor) […]. L’embryon n’a donc pas à dégrader les nutriments afin d’obtenir ceux dont il a besoin, et n’a donc pas besoin de système digestif, toutefois il est capable, par le biais de la même hormone, de stocker le glucose ainsi récolté sous forme de glycogène (cela est assuré par la même hormone, l’IGF). C’est du reste bien lui qui régule son apport : si son système d’insuline et d’IGF est déficitaire, il grandira moins et aura un retard de croissance intra utérin. Il a donc un système de recueil des nutriments qu’il régule lui-même, et qui ne dépend de la mère qu’en ce qu’il a besoin qu’il y ait une glycémie normale, ce qui est une condition que la mère doit assurer elle-même qu’elle soit enceinte ou pas : ce n’est donc pas un système de « béquille » que la mère doit mettre en place pour protéger son embryon. On peut donc dire que l’embryon a la capacité de se nourrir, même si son mode de nutrition est dépendant de l’organisme maternel […]
En ce qui concerne la capacité de reproduction, nous avons deux possibilités : considérer que cette faculté n’existe qu’à partir du moment où elle est mature, et donc que l’on devient un être humain qu’à partir de la puberté (sans parler des personnes stériles qui dans cette optique ne seraient jamais des êtres humains, ni même des êtres vivants, ni des êtres vivants normalement asexuées comme les insectes sociables dont seules les reines sont sexuées… ) ou considérer que sur la question qui nous concerne, ce système doit exister ou pouvoir exister au cours du développement. Dans ce cas, il est évident que ce système est codé dès la fécondation par le génome, et qu’il se développera aussi bien pendant la grossesse qu’après. Si ce point est le seul qui pousse à refuser à l’embryon le statut d’être vivant, et donc d’être humain, on doit alors considérer qu’un enfant non plus n’est pas un être humain, ce qui me semble absurde.”
MJ]
PK
Une voix unique dans le cortège épiscopal français ? alors que le clergé devrait hurler à l’unisson !
Qu’importe : bravo Monseigneur !
Clotilde
Pour aller dans le sens de MJ, tout comme on peut découper les âges de la vie “visible” d’un humain en : enfance, adolescence, âge adulte, vieillesse, afin de déterminer avec son interlocuteur de quelle période on parle, il est utile de découper la vie “cachée” en parlant d’embryon, de foetus, puis de bébé. Cela n’enlève en rien au fait qu’on parle toujours du même être humain, seulement à différentes étapes de son développement et qu’à ce titre, il peut et doit être autant respecté que protégé.
JACQUES-FRANCOIS
Bravo PK.
Toujours égal à vous-même !
Merci !
JFL
Marie
Merci Monseigneur. C’est précieux d’entendre la voix d’un évèque sur ce sujet si grave. C’est peu mais déjà très précieux.