Dans La Croix :
"La Manif Pour Tous a découvert ce matin avec le plus grand intérêt l’entretien accordé par Monsieur Valls au quotidien La Croix. Nous sommes bien sûr heureux que le premier ministre s’intéresse enfin aux messages que notre mouvement social, historique dans son ampleur et dans sa durée, adresse depuis des mois au président de la République et aux gouvernements successifs.
Nous nous réjouissons également de constater une évolution positive de Manuel Valls sur la question des mères porteuses : alors qu’il se déclarait publiquement favorable à la légalisation de la GPA, il y a tout juste quelques mois, il a manifestement pris conscience du caractère inacceptable d’une pratique qui utilise la femme et traite l’enfant à l’instar d’une chose qu’on peut commercialiser, vendre, acheter, etc.
Le premier ministre, enfin, reconnaît que tout enfant né de GPA à l’étranger a bien un état civil et la nationalité de son pays de naissance. Les affirmations inexactes, mais réitérées, de certains de ses ministres, qui prétendaient que ces enfants sont « apatrides » et « anonymes », visaient en effet à justifier l’injustifiable : d’une part, la circulaire Taubira, d’autre part, le renoncement de la France à faire appel la semaine dernière des arrêts de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) condamnant notre pays sur la question de la GPA.
Mais Manuel Valls se trouve fort embarrassé pour expliquer, justement, ce non-appel des arrêts de la CEDH : une réelle et ferme opposition à cette pratique devait à l’évidence se traduire par un appel !
Nous comprenons bien son embarras puisqu’il est en pleine contradiction : outre ce non-appel, il y a aussi le maintien – en tout cas pour le moment – de la circulaire Taubira, l’absence d’une politique de dissuasion à l’attention des citoyens français pour ce qui est de recourir à une mère porteuse à l’étranger, la tolérance à l’égard de ces contournements de la loi sur la GPA comme sur la PMA, la tolérance à l’égard des agences démarchant en France (l’une d’elle démarchait d’ailleurs à quelques dizaines de mètres de l’Assemblée nationale voici 48 heures à peine…).
La pratique des mères porteuses, comme celle de la PMA quand elle fait des orphelins de père, est une question grave, qui ne supporte ni ambiguïté, ni faux-semblant : si le premier ministre est aussi décidé à agir qu’il le déclare, nous l’appelons à retirer de toute urgence la circulaire Taubira, à mettre en place des moyens dissuasifs, à exprimer auprès de la CEDH qu’elle n’a pas légitimité à dévoyer le sens véritable de la Convention européenne des Droits de l’Homme (texte qui est le fondement de sa mission mais qu’elle traduit systématiquement au profit de l’adulte et au détriment de l’enfant, victime de ses décisions discriminantes à son égard) et, enfin, à initier et conduire une action internationale efficace qui conduise à une convention interdisant la gestation pour autrui.
C’est pourquoi, Monsieur le premier ministre, nous serons à nouveau dans la rue dimanche à Paris et à Bordeaux : nous vous appellerons à être cohérent et à passer de la parole aux actes !"