Pour une majorité des Français, le pluralisme des médias est en danger. La crise économique actuelle ne sera pas sans influence directe sur la vitalité de la presse, et en premier lieu de la presse écrite. Le premier effet sera l’allégement des recettes publicitaires pour le secteur. La crise économique va rendre la presse écrite encore plus dépendante des aides de l’État. En outre, le pouvoir d'achat des Français étant réduit, une diminution des ventes au numéro et des abonnements est à prévoir. Un effet domino qui s’ajoute au désintérêt des jeunes générations pour la presse écrite. Cette crise encourage par ailleurs la concentration économique dans le secteur.
De nombreuses voix s’élèvent depuis longtemps pour dénoncer l’uniformisation de l’information. Déjà, Pierre Bourdieu stigmatisait l’esprit moutonnier et grégaire de la profession, cette manière de se copier et de se surveiller pour dire, au fond, la même chose. Christophe Deloire, directeur du Centre de formation des journalistes, fait remarquer :
"Ce comportement mimétique est effectivement très présent dans les rédactions. Un jeune journaliste s’entend très souvent dire, comme un reproche et non pas comme un compliment, par son chef, que tel journal a traité différemment le même sujet […] si dix chaînes de télévision envoient chacune une équipe pour interroger la même personne et diffuser la même information, quelle est l’utilité d’avoir ces dix chaînes ? Le nombre n’induit pas le pluralisme".
Cette crise pourrait alors avoir aussi, paradoxalement, des effets bénéfiques, comme le pense Jérôme Bouvier, président des Assises du journalisme et de l’association Journalisme et citoyenneté :
"La crise sanctionne le modèle économique de la presse : la prépondérance des annonceurs sur les lecteurs. Les médias vont devoir s’adresser en priorité aux lecteurs. Non pas le lecteur des études marketing, mais le lecteur citoyen, qui achète un journal pour trouver une information spécifique. Dans une période de crise, le lecteur a encore plus besoin d’informations, de valeurs pour décrypter, pour comprendre, pour analyser ce qu’il est en train de vivre."
jano
La bonne presse n’ayant aucune subvention ni publicité, la crise peut passer! Le pluralisme de la presse française,nous connaissons..
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unique. Alors, vive la crise!