De Pierre Manent dans La Nef :
[…] Ce qui est le plus délétère dans ce double mouvement que j’essaie de cerner, c’est que, vers l’extérieur comme vers l’intérieur, il obéit à un principe d’illimitation. On n’aura jamais fini d’abolir les frontières, comme on n’aura jamais fini d’émanciper les minorités. On n’aura jamais fini de déconstruire ce que l’animal politique a construit, de défaire ce qu’il a à grand-peine ordonné.
Nous ne nous serions peut-être jamais engagés dans une aventure aussi stérile si nous n’avions pas cru que l’effacement des frontières nationales promettait une « nouvelle frontière », la « frontière extérieure » de l’Europe, ou que l’effacement du « commun » national promettait le « commun » nouveau de l’Union européenne. La preuve que cette promesse était illusoire, c’est que l’Union européenne est incapable de mettre un terme à son « élargissement ». Or chaque progrès en ce sens a signifié un affaiblissement politique de l’Europe, à la fois en accroissant son hétérogénéité intérieure et en diminuant sa capacité de se rapporter judicieusement à l’extérieur. Cette compulsion d’élargissement ignore que plus on s’étend, plus on entre en contact avec des contextes nouveaux et des difficultés inédites, réclamant toujours plus de capacité de délibérer, de décider et d’agir – ce qui manque à l’Europe depuis les commencements. Ainsi, l’Union européenne, loin de substituer sa force à la faiblesse des nations qui la constituent, ne fait que confirmer et rendre irréversible l’abandon de la république représentative, qui fut le régime dans lequel nos pays, la France particulièrement, ont trouvé à l’époque moderne cette alliance de la force et de la justice qui est la finalité même de l’existence politique.
Garde67
Je souscris à ce que dit et écrit Pierre Manent.
Quand il n’y a plus de borne, de limite… et de frontière, le monstre européen étale partout son imposture. Que ce soit à l’extérieur, lorsqu’il impose l’entrée dans la communauté européenne, de l’Ukraine et la Turquie, sans l’assentiment des peuples. Que ce soit à l’intérieur pour ordonner l’immigration, sans que les peuples soient consultés. Que ce soit dans l’intime de chaque homme et femme pour les contraindre à accepter la constitutionnalisation du “droit” à l’avortement, l’euthanasie, le changement de sexe.
Je sais qu’il faut, sans tarder, mettre un terme à toutes ces horreurs. Mais, les élections européennes, suffiront-elles à renverser le système qui s’emballe, je suis plus que septique.