Le pape a reçu le 8 novembre, en audience, les participants à l’assemblée
plénière de l’Académie pontificale des sciences qui s’est tenue du 5 au 7
novembre au Vatican, sur le thème : « Complexité et analogie dans les
sciences : aspects théoriques, méthodologiques et épistémologiques ». Extraits de son discours :
"[…] Une telle approche interdisciplinaire de la complexité montre
également que les sciences ne sont pas des mondes intellectuels
déconnectés les uns des autres et de la réalité, mais plutôt qu'ils sont
reliés entre eux et dirigés vers l'étude de la nature comme une réalité
unifiée, intelligible et harmonieuse dans son incontestable complexité.
Une telle vision a des points de contact fructueux avec celle que la
philosophie et la théologie chrétiennes ont de l’univers, avec la notion
d'être par participation selon laquelle chaque créature, dotée de sa
perfection propre, partage également un caractère spécifique et ce, dans
un cosmos ordonné qui tire son origine de la Parole créatrice de Dieu.
C'est précisément cette organisation intrinsèque "logique" et
"analogique" de la nature qui encourage la recherche scientifique et
fait découvrir à l'esprit humain la coparticipation horizontale entre
les êtres et la participation transcendantale par l'Etre Premier.L'univers n'est pas le chaos ou le résultat du chaos, au contraire,
il apparaît de plus en plus clairement comme une complexité ordonnée qui
nous permet, grâce à l'analyse comparative et à l'analogie, de nous
élever de la spécialisation vers un point de vue plus universel et
vice-versa. Alors que les premiers instants de l'univers et de la vie
échappent encore à l'observation scientifique, la science est néanmoins
amenée à réfléchir sur un vaste ensemble de processus qui révèlent un
ordre de constantes et de correspondances évidentes et qui servent comme
composants essentiels d’une création permanente.C'est dans ce contexte élargi que je tiens à souligner combien
l'utilisation de l'analogie s’est montrée féconde pour la philosophie et
la théologie, non seulement comme outil d'analyse horizontale des
réalités de la nature, mais aussi comme un stimulant pour une pensée
créative sur un plan transcendantal plus élevé. C’est précisément à
cause de la notion de création que la pensée chrétienne a utilisé
l'analogie non seulement pour l'étude des réalités terrestres, mais
aussi comme un moyen de s'élever de l'ordre créé à la contemplation de
son Créateur, en tenant dûment compte du principe selon lequel la
transcendance de Dieu implique que chaque similitude avec ses créatures
suppose nécessairement une plus grande dissemblance : alors que la
structure de la créature est d'être un être par participation, celle de
Dieu est d'être un être par essence, ou Esse subsistens. […]"