L'abbé Vincent Ribeton, supérieur du disctrict de France de la Fraternité Sacerdotale Saint Pierre, est interrogé dans le dernier numéro de La Nef. Extrait :
"Que retenez-vous du lien originel des membres fondateurs avec la Fraternité Saint-Pie X dont ils sont issus, quelle leçon avez-vous tiré de cette dramatique rupture avec Rome ? Pour les jeunes actuels, que représente Mgr Lefebvre, ont-ils le sentiment encore d’un lien lointain avec la Fraternité Saint-Pie X ?
Mgr Marcel Lefebvre a transmis à nos fondateurs une formation solide dans un contexte de crise de l’Église qui brouillait les repères et conduisait les catholiques à une grande perplexité. Mgr Lefebvre a voulu transmettre ce qu’il avait reçu, nos fondateurs lui doivent énormément ; mais il y avait une contradiction en 1988 à vouloir défendre la Tradition de l’Église en sacrant quatre évêques contre la volonté du pape. Cela contredisait la Tradition elle-même. On sait que Mgr Lefebvre fut hésitant, puisqu’il signa d’abord le protocole d’accord du 5 mai 1988. Il ne voulait pas fonder une Église autocéphale, mais les sacres exposaient à ce risque. D’où l’urgence aujourd’hui pour la Fraternité Saint-Pie X de saisir la main du pape. Nous gardons l’espérance d’une réconciliation, que le Saint-Père nous demande d’ailleurs de servir. Nous y sommes d’autant plus attentifs que nous savons avoir une dette filiale envers Mgr Lefebvre.
[…] On dit le pape François peu intéressé par les questions liturgiques et vous avez cependant reçu un message très encourageant pour vos 25 ans : comment voyez-vous l’avenir des communautés Ecclesia Dei sous ce pontificat ?
Le message que nous a adressé le pape montre que notre caractère propre est pleinement reconnu par l’Église. Il n’y a aucune rupture avec les mesures prises par ses prédécesseurs. En revanche, le pape exhorte nos prêtres « selon leur charisme propre, à prendre une part active à la mission de l’Église dans le monde d’aujourd’hui par le témoignage d’une vie sainte, d’une foi ferme et d’une charité inventive et généreuse ». Autrement dit, le Saint-Père nous encourage à ne pas enfouir le talent reçu, mais à le faire fructifier pour le bien de toute l’Église, sans hésiter à aller, avec le style propre qui est le nôtre, vers ce qu’il appelle les « périphéries existentielles » comme de bons pasteurs qui veulent aller secourir les brebis perdues ou blessées en leur appliquant le baume de la miséricorde du Seigneur."