Selon une analyse lue dans Le Bulletin d’André Noël :
[…] Certes, dans le programme d’Emmanuel Macron, il y avait une touche d’écologie, juste ce qu’il faut pour être dans l’air du temps. Le bon score du candidat écologiste, Yannick Jadot – plus de 13% – aux européennes, de même que des sondages indiquant la sensibilité accrue de nos concitoyens aux enjeux écologiques, l’ont convaincu que la présidentielle de 2022 se jouera sur ce terrain aussi, si ce n’est principalement.
Le président ne redoute pas un affrontement au deuxième tour avec Marine Le Pen, trop sûr de l’emporter, bien que les sondages annoncent un score plus serré qu’en 2017. Sa crainte est de voir Yannick Jadot – ou un autre candidat vert – arriver en deuxième position à l’issue du premier tour. Car, là, pense le sortant, il aurait du souci à se faire pour sa réélection. Jadot deviendrait alors le candidat de toute la gauche, et même au-delà, fédérant d’autres opposants.
C’est pourquoi, depuis les européennes, il accélère le mouvement et badigeonne sa politique de vert.
Dans son projet de réforme constitutionnelle, le nouveau préambule de la loi fondamentale affirmera que la République « agit pour la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et contre les changements climatiques. » Pourquoi la République ne serait-elle pas aussi contre les tremblements de terre, la grêle, les feux de toute nature, les raz-de-marée et autres tsunamis, pendant qu’on y est ?
Avant les européennes, il avait approuvé le traité Mercosur facilitant les échanges économiques de l’Union européenne avec les pays d’Amérique du sud. Or, après lesdites élections, en l’occurrence lors du G7, il a refusé de le signer, prenant prétexte de l’attitude du président brésilien Bolsonaro, lequel, selon Macron, laisse brûler la forêt amazonienne (elle flambait davantage sous la présidence du gauchiste Lula !). Le chef de l’Etat n’a pas demandé l’avis de ses partenaires européens – dont Angela Merkel – sachant pourtant que s’il ne manquait qu’une seule signature, le traité serait caduc. Son amour de l’Europe ne va pas jusqu’à mettre en péril sa réélection ! Car le vrai motif de sa décision n’était pas Bolsonaro mais Hulot, resté populaire, qui a dénoncé ce traité et, avec lui, nombre d’écologistes dont Jadot. Il a donc fait machine arrière et baissé son pantalon.
Il a aussi décidé que son programme écologique serait accéléré ; cela consiste « à ne plus renvoyer à 2050 les adaptations nécessaires », dit-on à l’Elysée. Le chef de l’Etat a également demandé à son ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, de passer le budget 2020 à la moulinette écolo en y éliminant ce qui est négatif pour le climat, en favorisant ce qui lui est positif et en améliorant ce qui apparaît neutre afin que cela devienne positif. L’idée est de mettre les bouchées doubles d’ici 2022 de telle façon que le candidat Macron puisse opposer « l’écologie qui réalise » – la sienne – à celle d’un Jadot « qui prophétise » seulement pour l’autre siècle des effets invérifiables à ce jour. […]
S’il était vraiment écologiste, il ne légaliserait pas l’extension de l’insémination artificielle pour les petits d’hommes.