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Le 28 février, les 275 députés ghanéens approuvaient, non pas à la majorité, mais bien à l’unanimité une loi intitulée « Droits sexuels humains et valeurs familiales », punissant de prison les personnes ayant pratiqué l’homosexualité, ou celles ayant participé ou soutenu des campagnes LGBT notamment celles à destination des enfants. La Cour suprême ghanéenne, saisie, devrait donner sa première décision le 27 juillet.
Il est intéressant de noter que les députés aient approuvé la loi à l’unanimité, et ce malgré les menaces de sanctions occidentales. En effet, en 2014, la Banque mondiale avait suspendu ses versements à l’Ouganda pour sanctionner une loi condamnant l’homosexualité. Le gouvernement Ougandais avait alors plié, mais a récidivé en 2023 sans plier malgré la nouvelle suspension. Pour le Ghana, c’est l’annulation d’un prêt de 3,8 milliards de dollars (ca. 5% du PIB ghanéen) de la Banque mondiale qui est en jeu, sans compter les autres partenaires comme le FMI et son prêt de 3 milliards. Le Ghana irait alors démarcher d’autres partenaires comme la Chine ou les pays arabes, renforçant ainsi l’indépendance des pays du Sud vis-à-vis de ce qu’ils considèrent être des ingérences occidentales contraires à leurs valeurs.
Le Ghana est un pays à majorité chrétien. Les évêques ghanéens ont publié le 11 décembre 2023 (une semaine avant Fiducia Supplicans) un communiqué en faveur de cette loi qu’ils considèrent aller dans le bon sens. Ils rappelaient toutefois que l’Eglise ne condamne pas les personnes pour ce qu’elles sont, mais qu’elle condamne les actes homosexuels (péché grave) qu’elles peuvent poser, et souhaitaient que l’Etat ghanéen puisse être en cohérence avec cela avec ses prérogatives propres. Les choses étant posées ainsi, l’accusation d’homophobie ne tient pas puisque le concept d’homophobie assimile la personne à son acte, alors que la position catholique distingue la personne (créature aimée du Bon Dieu) de son acte homosexuel éventuel (péché grave).
Plus généralement, si l’Afrique de l’Ouest est conservatrice sur le plan sociétal comme la réaction à Fiducia Supplicans l’a mis en lumière, l’Eglise dans ces pays est beaucoup moins unanime sur d’autres sujets. On peut lister en vrac le rôle du prêtre, la définition de la messe, la liturgie, la simonie, la pauvreté très relative du clergé et des religieux par rapport au laïcat, … etc. Le cardinal Sarah s’était élevé en décembre 2023 à Dakar contre des liturgies « trop bruyantes » et « trop africaines ». Les « théologies » africaines pseudo-chrétiennes ont leur part de responsabilité dans tout cela, ainsi que la forte concurrence des évangéliques de tous ordres, et les restes des missionnaires français des années 70. Enfin il faut noter que la messe traditionnelle y est très peu présente. Par exemple, les deux pays francophones les plus importants de la région (Côte d’Ivoire et Sénégal) n’ont malheureusement aucun lieu de célébration de la messe tridentine.
Michel
Le Ghana est un pays civilisé, comme beaucoup de pays africains qui suivent en ce domaine le même chemin… Alors que la plupart des pays occidentaux, soumis à la doxa des États-Unis, sont en pleine décadence…
Arwen
Si je comprends que de spe Ines de prison puissent être appliquées à des personnes ayant promu le mode de vie LGBT auprès d’enfants, je ne sais que penser de la criminalisation des relations homosexuelles…
Évidemment que des relations homosexuelles sont un péché, mais doit-on pour autant condamner les personnes les pratiquant à la prison?
Personnellement, je ne le pense pas.
Biem
Pour moi, la pénalisation (ou pas) de l’homosexualité est similaire à celle de la drogue.
Se droguer est certainement un mal intrinsèque, mais la personne qui se drogue a plus besoin de soins et d’accompagnement.
Après, faut-il sanctionner pénalement une addiction ? Le problème si on ne le fait pas est de laisser penser que l’addiction est « légitime« , ou »socialement acceptable », voire demain un « droit », qui sait un jour inscrit dans la constitution?
L’attitude chrétienne est d’être sans concession pour le péché, et plein d’indulgence pour le pécheur. Condamner l’acte et pas la personne? Mais comment?
La seule manière est de sanctionner sans faiblir tout ce qui peut faire apologie, voire publicité, de l’acte – le faire disparaître de l’espace public. Ce n’est pas le drogué qui doit être mis en prison, mais il faut être sévère sur toute manifestation publique.
Montalte
Je ne vois pas le bien à condamner à de la prison des homosexuels s’il n’y a pas de contrainte ou de détournement de mineurs. pas plus que des adultères ou des relations hors-mariage homme-femme. Ce qui ne veut pas dire que les Eglises n’ont pas à rappeler que ce sont des péchés. Le moral et le légal sont distingués depuis st Thomas d’Aquin.
Et pas de messes tridentine en Afrique ? Vous rigolez ? So what ? Voilà une réponse claire aux insultes que subissent les catholiques ordinaires, traités continuellement d’hérétiques par des tradis rien que parce qu’ils communient à la main (c’est du vécu)