Lu dans le Figaro, le Contrepoint de Guillaume Tabard :
"Il n'y a donc pas que l'économie. Après avoir affiché leur rupture avec le quinquennat Hollande par des propositions audacieuses sur le terrain économique et social (retraites, temps de travail, assurance chômage, ISF, droit du travail…), les candidats à la primaire de la droite vont devoir s'avancer sur le terrain sociétal ou identitaire.
Parce qu'il n'a jamais été à l'aise avec l'étiquette «libérale», Nicolas Sarkozy veut remettre au-devant de la scène son discours sur l'«identité nationale», sur la France dans laquelle il voit un «miracle millénaire». Il l'a fait il y a deux semaines devant le think tank France fière. Il va le refaire avec plus d'éclat encore mercredi lors d'un meeting dans le Nord. L'occasion pour lui de plaider en faveur d'un «nouveau pacte d'assimilation» dans le cadre duquel l'histoire de France n'aurait plus à s'effacer devant les «idéologies du multiculturalisme». […]
Mais ce qui est vrai de l'identité nationale pourrait l'être d'un autre débat que la droite s'est empressée de clore: le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels. Y compris Sarkozy qui a entériné l'intégralité de la loi Taubira dans son livre La France pour la vie. Y compris Jean-François Copé qui, en première ligne dans les manifestations de 2013, ne veut pas «diviser le pays». Or, un sondage OpinionWay révèle que 31 % seulement des électeurs de la primaire veulent «le maintien en l'état» de la loi Taubira. Tandis que plus des deux tiers des électeurs de la droite et du centre réclament sa remise en cause soit par sa suppression pure et simple (28 %), soit par son «aménagement» pour réserver l'adoption aux couples hommes-femmes (40 %).
On est ici face à un déséquilibre entre les attentes de l'électorat de l'opposition et la position de ses dirigeants. Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire défendent la position d'un petit tiers des électeurs de la primaire ; Jean-Frédéric Poisson et Hervé Mariton, peu visibles dans les sondages, celle d'un nombre équivalent ; et François Fillon, qui veut retravailler la question de l'adoption, de 40 % d'entre eux. Relancer ce débat est évidemment périlleux. Mais comme la question de l'identité nationale et d'autres, celle du mariage rappelle aux candidats de la droite qu'il ne suffit pas d'enterrer une question pour que les électeurs ne se la posent plus. Si, comme l'affirme Sarkozy, les enjeux de civilisation priment sur les recettes économiques, ce débat aura sa place dans la campagne de la primaire."
Messieurs les politiques, prenez vos responsabilités.