Extraits de l’entretien donné par Marie-Hélène Thoraval, maire de Romans-sur-Isère, au JDD :
Vous avez porté plainte pour menaces de mort, et une manifestation a été organisée hier contre vous par quelques habitants de la cité de la Monnaie. Vous attendiez-vous à ça en vous engageant en politique ?
Non, pas vraiment. Je savais que j’allais forcément aller au-devant de certaines difficultés parce que j’avais des ambitions pour ma ville, que j’ai toujours aujourd’hui, et qui ne plaisent pas à tout le monde. Mais je ne suis pas vraiment étonnée non plus. Dès 2015, j’ai reçu des menaces de morts qui venaient de l’extrême gauche. Les murs de mon domicile avaient été tagués. D’un côté, « Toi, tu finiras au bout d’une corde », de l’autre, « Une balle pour Thoraval ». À l’époque, j’avais simplement demandé à des associations très engagées politiquement à l’extrême gauche, sous couvert d’écologie, de quitter un bâtiment communal qui ne réunissait plus les conditions de sécurité et d’accueil imposées. Je leur avais proposé d’autres locaux, mais rien ne leur convenait, ils étaient revenus squatter et j’avais fini par récupérer le bâtiment. Quelques jours plus tard, à l’apparition de ces tags, j’avais porté plainte. Mais il n’y a jamais eu de suite. […]
Vous avez évoqué des familles très connues de la Monnaie, vous avez indiqué que certains interpellés avaient des parents eux-mêmes délinquants… Comment expliquer que les profils problématiques soient identifiés mais pas empêchés ?
C’est vrai dans tant de villes en France… Parce que nous sommes tributaires des réponses pénales. Le maire ne peut pas tout, il n’est ni policier, ni procureur, ni juge ! Chacun a ses responsabilités et nous nous devons de respecter les institutions. Je pense, en revanche, que certaines peines sont totalement inadaptées à certaines caractéristiques des délinquants. Déjà, certains n’écopent pas de peines de prison pour des faits graves : là, ils reviennent comme les caïds, avec un sentiment d’impunité totale. Se développe alors une forme d’arrogance qui est absolument insupportable pour les habitants qui la subissent. D’autres écopent de peines qu’ils ne font pas entièrement ; d’autres, enfin, ressortent encore pires qu’ils sont entrés en prison. Et puis, derrière tout cela, il est indispensable de parler du trafic de drogue.
Avant d’y venir, une petite question sur la justice. Votre ville a été frappée par les émeutes. À l’époque, nous avons parlé d’une justice ferme. L’avez-vous constatée ?
Je ne saurais trop juger de la fermeté en général, mais je constate surtout qu’il fallait déjà pouvoir les arrêter parce que ce n’est pas simple. Ils ont opéré en meutes, ils étaient parfaitement bien pilotés et la plupart ont échappé aux interpellations, et donc à la sanction. Il faut comprendre que ces émeutes n’ont pas touché que les grandes villes, mais la France entière. Forcément, les moyens ne pouvaient être les mêmes partout. De nombreux émeutiers ont échappé à la justice. […]
Vous avez évoqué les 150 millions d’euros d’investissement dans le quartier de la Monnaie, qui ont énormément fait réagir…
Oui, ce sujet a beaucoup fait réagir. Mais j’ai au moins eu le courage de le dire parce que c’est la réalité, et encore, je pense que c’est davantage. Et pour quel résultat ? Le chiffre que je ne peux pas vous donner, c’est le montant de toutes les dégradations que des jeunes de cette cité ont pu faire. Ils ont brûlé une école en 2016, une crèche en 2017, la maison de quartier en 2020, les locaux du bailleur social en 2023… Alors comment voulez-vous que j’entende ensuite que ces quartiers sont abandonnés et qu’ils n’ont pas de services ! C’est faux, mais certains crament plus vite que nous ne pouvons les reconstruire, voilà la réalité. En effet, 150 millions d’euros ont été investis dans ce quartier, très largement par l’État d’ailleurs, tous gouvernements confondus. Mais également par les collectivités qui contribuent à la rénovation urbaine, que ce soit la région, le département, l’agglomération ou la ville elle-même. Ensuite, il faudrait ajouter la Caf qui accompagne ces habitants et également le RSA. Tout ça mériterait d’être regardé de près. […]
Difficile d’entendre parler d’abandon. La culture de l’excuse, c’est bon, c’est terminé, nous n’en pouvons plus. […]
Arwen
Courageuse cette dame. Merci à elle.
Gaudete
Oui très courageuse, mais que faire avec un gouvernement de pourris qui se moque pas mal ce qui peut lui arriver, un sinistre de l’intérieur très fort en paroles mais si faible en actes et puis très fort avec les faibles mais si faible avec les forts . Et à quoi servent tous ces millions volés aux français qui travaillent pour les donner à la racaille qui brûle tout. De toute façon depuis 40 ans tous les gouvernements à quelque chose près ont été des incapables et on voit le résultat aujouird’hui